Dreamweaver fait suite au percutant
History of a Time to Come (1987) des Anglais de
Sabbat. Enrichi d'un membre supplémentaire depuis son premier album (Simon Jones, guitare, ex-
Holosade) le groupe fait partie des espoirs reconnus du thrash européen à cette période, aux côtés des Allemands de Sodom,
Tankard,
Holy Moses ou
Coroner.
Dreamweaver reste un des rares concept-albums dans la scène du thrash mondial, encore aujourd'hui.
Textuellement, l'album est basé sur l'histoire d'un jeune moine chrétien censé apporter le christianisme dans l'Angleterre moyenâgeuse. Accompagné d'un guide-mentor, il va peu à peu apprendre les vertus du paganisme et se poser nombre de questions sur sa religion d'origine, le monothéisme, les droits et les devoirs des religions envers le monde. Auréolé d'un contexte plus ou moins empreint de magie et de mysticisme, parfaitement retranscrit par le parolier/chanteur Martin Walkyier, l'histoire intégrale fait la part belle aux différences entre croyances, à base d'arguments, d'échanges et de réflexions sur le passé, le présent, et le futur de l'humanité sur la planète. A l'origine écrit par Brian Bates (non traduit en Français à ma connaissance) le livre constitue la base de travail de Walkyier.
Ainsi, tout au long des neuf morceaux, dont une intro et une outro acoustiques,
Sabbat rythme son album en fonction de l'histoire et des pérégrinations de son anti-héros. Le rythme vocal effréné du chanteur, encore plus intense que sur
History of a Time to Come, guide ainsi les riffs, boucles rythmiques et plans instrumentaux virevoltants des morceaux, Andy Sneap (composition, guitare) confiant à posteriori qu'il aurait été délicat d'aller plus loin dans cette voie.
Doté d'une production plus étoffée que sur son prédécesseur,
Dreamweaver en reprend les ingrédients : thrash rapide, breaks incessants, morceaux encore plus touffus et débit vocal rageur. Impossible de ne pas succomber, si l'on a apprécié le premier album, aux pièces maîtresses que sont "The Best Of Enemies" ou "Do
Dark Horses
Dream Of
Nightmares ?", longs morceaux prenants, à écouter avec paroles sous les yeux pour profiter de l'histoire.
Dreamweaver s'appréciera de préférence d'une traite, afin de découvrir les multiples facettes du groupe et de l'histoire contée (comment ne pas penser, à posteriori, à
Skyclad sur le magique et surprenant "
Advent Of
Insanity ?"), et l'auditeur se régalera de paroles intelligentes parfaitement mises en place par Walkyier sur des morceaux composés par le futur producteur Andy Sneap.
Sabbat se produira, fort du succès de cet album, au devenu culte festival heavy de Lourdes en cette même année, en tête d'affiche aux côtés d'un Sodom et d'un
Holy Moses et Noise Records publiera également une VHS lors d'un concert à Berlin avec
Kreator,
Tankard et
Coroner. Tout semblait alors réussir à
Sabbat. Malheureusement, rien ne laissait réellement présager alors une scission devenue irrémédiable bêtement (malgré une reformation ponctuelle pour quelques concerts en 2007, avortée à cause de la répartition de ventes de T-shirts du projet actuel de Walkyier
The Clan Destined vendus lors de ces shows) entre les deux leaders de la formation.
Plus riche que son prédécesseur,
Dreamweaver conserve le côté rageur magnifié sur
History of a Time to Come au gré de morceaux plus longs en moyenne (exception faite du single "
Wildfire"). Toutefois, il demandera, pour en saisir toutes les subtilités - notamment d'écriture - une attention particulière et une concentration largement méritée.
Sabbat nous laisse ainsi un magnifique témoignage de thrash réussi, intelligent et diablement vindicatif et une belle leçon d'acceptation de l'autre.
Je viens de ré-écouter (après de nombreuses années à prendre la poussière) le troisième album de Sabbat, le très décrié "Mourning Has Broken" (1991).
Avec le recul je comprends mieux pourquoi ce disque est détesté par les fans des deux opus précédents, et a été plus ou moins descendu par les critiques.
Suite à l'éviction du bassiste Fraser Craske, du guitariste Simon Jones, et surtout du vocaliste Martin Walkyier le guitariste Andy Sneap a tout simplement changé l'orientation musicale du groupe !
Terminé le singulier Thrash Metal de "History Of A Time To Come" (1988) et de "Dreamweaver" (1989), place sur "Mourning Has Broken" à un Heavy/Power Metal Progressif que n'aurait pas renié Fates Warning (période 1985-1988).
D'ailleurs la voix du nouveau chanteur Ritchie Desmond oscille entre celle de John Arch (premier chanteur de Fates Warning) et celle de James Rivera (Helstar).
J'imagine un peu mieux le choc que l'écoute de ce nouvel album a provoqué chez les fans de la première heure, et surtout leur colère.
Pourtant si on fait abstraction du passé du groupe (ou si on oublie qu'il s'agit d'un disque de Sabbat) les morceaux passent plutôt bien.
Encore faut-il apprécier le Heavy/Power Metal Progressif, mais ça c'est une autre histoire...
Merci le moustre pour m avoir fait decouvrir 1 groupe thrash atypique avec ce chant particulierement agressif et syncopé.
Il faut tout de meme ecouter ce groupe a tete reposée pour pleinement decouvrir la richesse de cette formation.
J ai du coup vu sur youtube le concert berlinois et je dois avouer que Sabbat envoie severe!
Belle decouverte.
"Render nous cette periode benie!"
Quelques subtilités sont également décelables à la lecture du bouquin, par exemple le riff bourdonnant au début de "How Have the Mighty Fallen" qui évoque le passage des abeilles, étape importante de l'initiation du novice Brand décrite dans le livre, ou les bruits d'enclume par exemple.
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