Pour une majorité de metalleux, Wolfheart, c’est avant tout le nom du très bon premier album du cultissime
Moonspell, ceci dit, certaines formations ont décidé de reprendre ce patronyme à leur compte et parmi elles, il y en a une qui se distingue depuis une dizaine d’années, sortant des albums de qualité avec une régularité métronomique. Vous l’aurez deviné, il s’agit bien sûr du groupe emmené par Tuomas Saukkonen, multiinstrumentiste et vocaliste finlandais qui évolue dans un registre death mélodique bien ancré dans la scène nationale et qui sort déjà son septième album en à peine 11 ans d’existence !
D’abord en autoproduction puis supportés par Spinefarm, les Finlandais finissent par titiller l’oreille de
Napalm Records qui les signe et sort leur quatrième album en 2018,
Constellation of the Black Light. Depuis, Wolfheart a gagné en popularité et s’est imposé dans le paysage metal actuel, avec une musique de qualité même si on lui reproche souvent son manque d’originalité.
C’est cette fois le jeune superlabel Reigning
Phoenix Music qui s’occupe de faire la promotion de ce nouvel album, nommé
Draconian Darkness et proposant neuf titres pour un total de 39 minutes. Disons-le d’entrée, ce septième opus ne déstabilisera pas les habitués du genre : c’est vrai, Wolfheart n’a rien de très original, et ce n’est certainement pas cet enregistrement qui changera la donne, c’est un fait. Ceci dit, on se laissera agréablement surprendre par la maturité musicale, la qualité des compositions et l’excellente tenue de l’ensemble, qui explore des sonorités toujours plus variées et symphoniques, alors si pour une fois, on voulait bien voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ?
Car c’est indéniable, ce petit dernier a toutes les qualités pour plaire aux amateurs de metal à la finlandaise, offrant une musique à la fois riche, variée, agressive et très mélodique, qui peut prétendre faire jeu égal avec les grands noms du genre.
On retrouve donc avec plaisir un death metal très mélodique parfaitement produit et exécuté mais qui se plait à varier les plaisirs en évoluant habilement entre plusieurs sous-genres plus ou moins extrêmes (l’attaque très göteborgienne d’
Evenfall, l’intro acoustique de toute beauté de
Burning Sky, titre à la fois véloce, mélodique et mélancolique aux faux airs d’
Amorphis qui fait la part belle à la double pédale et à ces harmonies lumineuses typiquement finlandaises, la lourdeur viking d’un
Amon Amarth sur Death Leads the Way, les leads mélodiques typées power metal de Throne of
Bones, un
Trial by
Fire aux relents black metal notables, les notes de clavier évanescentes qui ouvrent
Grave avant de nous ensevelir sous une avalanche de blast beats impitoyables…). Bien sûr, on sent bien l’influence de la scène finlandaise (
Kalmah,
Insomnium,
Noumena ou
Rapture entre autres), mais Wolfheart parvient à s’extraire de la masse des suiveurs en offrant un album fluide et cohérent à la dimension épique renforcée cimentée par des ambitions symphoniques jamais pompeuses mais plus présentes que jamais (l’intro d’
Ancient Cult, très épique et cinématographique, digne d’un
Dimmu Borgir ou d’un
Abyssic, qui enchaîne sur un growl bien gras et un riff écrasant, le début de Scion of the
Flame, qui renvoie à
Therion et qui se fond en un court arpège orientalisant et des vocalises nasillardes avant d’enchaîner sur un death/doom mélodique puissant, entraînant et parfaitement exécuté, les orchestrations discrètes de Throne of
Bones qui font gagner le titre en contrastes et en profondeur). Même si l’ensemble n’est jamais foncièrement violent, on remarquera également un regain de virilité par rapport aux albums précédents ainsi que quelques pointes blackisantes lors de certains riffs ajoutant une coloration plus sombre à la musique (
Ancient Cold,
Grave,
Trial By
Fire).
Ajoutez à tout ça quelques soli admirables (
Ancient Cold, Death Leads the Way), et un guttural toujours aussi profond, doublé par quelques chœurs ou les brèves apparitions d’un chant clair (sur Scion of the
Flame, on croirait entendre Matt Lawson de
The Prophecy !) et vous obtenez un album décidément très varié, solide et toujours accrocheur qui s’achève sur un The Gale de toute beauté, sorte de slow death metallique au tempo lent, aux quelques parties de piano à la coloration gothique et aux superbes mélodies de guitare, portées par une double infatigable. Un morceau de clôture simple et touchant, vibrant d’émotions !
Alors certes, les grincheux diront encore que
Draconian Darkness n’invente rien, et que Wolfheart se contente de piocher et assembler différentes idées à droite à gauche pour faire un patchwork certes très réussi mais un peu impersonnel et on ne pourra pas tout à fait leur donner tort. On pourra aussi légitimement reprocher une durée un peu courte, car avec seulement 39 petites minutes, on se serait bien pris un ou deux titres en rab histoire de faire un peu durer le plaisir.
Ceci dit, ce septième album est musicalement inattaquable, étonnement varié et admirablement composé, nous offrant une pléthore de mélodies toutes plus prenantes et entraînantes les unes que les autres, qui vous feront en définitive passer un excellent moment.
Que demander de plus après tout ? Finalement, il semblerait que ces ténèbres soient bien moins draconiennes que le titre le laisse à présager et quelques auditeurs inconscients pourraient même prendre plaisir à s’y perdre…
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