Nouvel entrant dans un registre metal symphonique à chant féminin aujourd'hui surinvesti en formations de tous poils dont de jeunes loups aux dents longues, c'est pourtant sans complexe que ce groupe russe né à Saint-Pétersbourg il y a tout juste un an se lance dans l'arène. Aussi, quelques mois à peine suite à sa sortie de terre, le combo est-européen réalisera son tout premier single, «
Shining Queen of the North Star » ; s'ensuivront prestement deux autres, «
At the Edge of the Universe » et «
Carol of the Bells », successivement, histoire de clôturer sereinement l'année 2020. Les hostilités reprendront dès janvier 2021, avec le single «
Fire. Wind. Water. Earth » que quatre mois séparent de son successeur, «
Night Witches », lui-même suivi dans la foulée de «
Hot Hearts in the Cold Hands » et de «
This Is Halloween ». Au final, six de ces sept titres feront partie intégrante de leur initial et présent album full length, «
Destiny », opus généreux de ses 68 minutes signé chez le jeune et dynamique label italien Time
To Kill Records, où ne s'égrainent pas moins de treize pistes, dont cinq des sept plages originelles en version orchestrale.
Message fort serait ainsi lancé à la concurrence d'où qu'elle vienne...
A bord du navire, nous accueille l'équipage au grand complet, à savoir : la chanteuse au chatoyant grain de voix et growleuse Elena ''Luka'' (ex-
Ethir Anduin), le batteur et grunter Alexey Semyonov (Hellbomb, Infiltration, ex-
Katalepsy...) et le guitariste, bassiste et claviériste Alexander Nazin. Avec le concours, pour l'occasion, du bassiste Andrew Koslov (Infiltration, ex-
Svartby), déjà sollicité sur cinq des sept singles sus-cités. De cette étroite collaboration émane un propos metal symphonique aux relents dark/death gothique et électro, en partie calé sur le schéma de la Belle et la Bête. Aussi effeuille-t-on une pulsionnelle, intrigante et romanesque rondelle, qui n'est pas sans nous faire penser tour à tour à
Nightwish,
Epica,
Draconian,
Tristania,
Amaranthe et
Cradle Of Filth. Bénéficiant pourtant d'un enregistrement de bon aloi et d'un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation, la galette concède néanmoins l'une ou l'autre sonorité résiduelle tout en accusant un manque de profondeur de champ acoustique. Mais embarquons sans plus attendre et levons l'ancre, pour une croisière parsemée, espérons-le, de quelques terres d'abondance...
C'est le plus souvent en de magmatiques espaces que le chaland se trouvera projeté, le collectif russe trouvant alors matière à aspirer le tympan. Ainsi, passée la laconique, classieuse et somme toute dispensable entame instrumentale « Harbingers of
Blizzard », les éléments ne sauraient tarder à se déchaîner. A commencer par «
Shining Queen of the North Star » et «
At the Edge of the Universe », deux offensifs, un tantinet ténébreux et grisants méfaits metal symphonique aux effluves dark gothique, à la croisée des chemins entre
Nightwish et
Draconian. Et la sauce prend, in fine. Tout aussi mordant mais essaimant ses riffs corrosifs à l'envi ainsi que ses growls glaçants, l'obscur «
Hot Hearts in the Cold Hands », lui, pourra nécessiter quelques écoutes circonstanciées avant son éventuelle assimilation.
Lorsqu'ils nous immergent au cœur d'amples pièces en actes symphonico-progressives, nos compères se plaisent à nous secouer, pour mieux nous retenir. D'une part, au carrefour entre
Amaranthe et
Tristania, le saillant manifeste symphonico-électro-gothique «
Fire. Wind. Water. Earth » nous projette tantôt en de gorgonesques espaces, tantôt en de souriantes contrées, octroyant parallèlement de saisissantes montées en régime du corps orchestral. Ne relâchant la pression qu'en de rares instants sans pour autant se faire déconcertante, tant s'en faut, cette tortueuse et anxiogène piste pourra magnétiser plus d'un pavillon déjà sensibilisé aux travaux de leurs maîtres inspirateurs. Dans cette veine, «
Night Witches » déroule ses quelque 8:16 minutes d'un spectacle fort en rebondissements. Mis en exergue par un duo mixte en voix gutturales bien habité et laissant entrevoir un flamboyant solo de guitare à mi-morceau, le tornadeux effort n'aura pas tari d'armes affûtées pour asseoir sa défense.
Enfin, comme pour nous inviter à nous remettre de nos émotions, c'est en douceur que le collectif à souhaité clôturer ce premier chapitre. Bien lui en a pris. Ainsi, l'apaisante outro «
The Calm Before the Storm » se pose telle un cinématique et orientalisant instrumental aux hypnotiques arpèges d'accords. S'offrent alors à nous de troublantes portées, au demeurant finement esquissées et propices au total enivrement de nos sens.
Par ailleurs, les versions orchestrales de cinq de ces pistes autorisent précisément une lecture alternative non dénuée d'intérêt. Si, au regard d'arrangements instrumentaux de fort bonne facture, tant «
Shining Queen of the North Star » et «
Hot Hearts in the Cold Hands » que «
At the Edge of the Universe » prennent ici un caractère éminemment classique, ces variantes rendent néanmoins compte à la fois des nombreuses variations atmosphériques et des cheminements d'harmoniques des plus subtils dont ces compositions font l'objet. On n'éludera pas davantage «
Fire. Wind. Water. Earth » ni «
Night Witches » eu égard à leur complexe et toutefois rayonnant paysage de notes. Un judicieux regard complémentaire du groupe sur son œuvre, apte à sensibiliser un auditorat élargi.
Force est de constater que la troupe russe n'a pas plaint sa peine, nous livrant un opulent, luxuriant et prégnant opus d'ouverture. Ayant pris soin de varier ses exercices de style, et en dépit de finitions encore lacunaires, le combo parvient le plus souvent à maintenir l'attention constante. A condition d'éradiquer l'une ou l'autre zone de remplissage, dont le bref «
Carol of the Bells », et de fluidifier d'un cran ses lignes mélodiques, le collectif aurait une belle carte à jouer pour espérer s'imposer parmi les espoirs de ce si concurrentiel registre metal. Bref, un subtil et luxuriant mais tâtonnant propos en guise de message de bienvenue...
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