Vieux briscards de la foisonnante scène française,
Sacrificia Mortuorum trace son chemin depuis presque dix ans, chemin marqué par la sortie d'excellents disques, dont l'apothéose restait le premier, "
Ira Melanox" : dôté d'un son très cru, de riffs assassins et d'une voix proprement hantée, ce disque m'avait fait frissonner. Depuis "
Maturum Est",
Sacrificia Mortuorum n'avait plus donné signe de vie. Puis, en 2009, la page de
Drakkar Productions affichait fièrement cette pochette énigmatique aux teintes bleutées, accompagnée de la date de sortie.
J'ai pris mon temps avant de me décider à le commander, comme j'ai pris mon temps avant de décider de le chroniquer. Flirtant avec l'extrémisme politique le plus stupide, j'avais quelques scrupules à laisser partir un billet dans leur poche - puis, finalement, j'ai écouté "Noontide" de Fanisk, et ce fut la révélation : même les plus entêtés des nazis peuvent faire une musique superbe. Bref, quelques euros en moins, et un disque supplémentaire en poche, je m'apprêtais à découvrir le nouveau méfait du groupe.
Plusieurs écoutes auront été nécessaires pour bien prendre conscience de l'aboutissement de cette galette. "
Damnatorium Ferrum" possède un son absolument impeccable, ni trop propre, ni trop crade. La boîte à rythme n'est plus étouffée par les guitares - ces dernières sont d'ailleurs distordues de manière à être audibles, un fait assez exceptionnel en lui-même pour être souligné. Second bon point, ce disque n'a pas été torché aussi rapidement que
Belphegor ne le fait. D'une durée de vie très correcte (quarante minutes pour huit morceaux), l'écoute de ce disque est étonnamment plaisante pour du Black
Metal.
Transition toute trouvée : Oui, plaisante. Qui dit son plus propre dit également, dans le cas présent, perte de violence. Le chant d'Arawn est plus abouti, moins dément qu'avant (et bien plus intelligible, dieu merci). La drumbox ne va pas à cent à l'heure comme sur "
Ira Melanox", et les riffs sont moins primitifs, beaucoup plus appliqués. Tout a été mûrement pensé, mûrement réfléchi, à l'image des textes en français (se déclinant en latin dans les titres) toujours aussi bien écrits par
Gothmog.
Globalement, les titres sont très bien construits, et aucun n'est meilleur que l'autre. Dès le premier titre, "Incipit", sent-on que quelque chose a changé.
Riff lent, rythme mid-tempo... On est loin du blast intempestif. Petite surprise sur l'interlude "
Suspirium" ou une guitare sèche très mélancholique et presque flamenco nous assène un riff sublime, perdue dans la brume. Le reste est très pro, quelques blast-beats apparaissant timidement de temps à autres, comme sur le déchaîné "Membra Morbis Abalienata Praecidere", pour notre plus grand plaisir.
C'est donc un excellent disque que nous offre
Sacrificia Mortuorum. Sulfureux, virulent, et dont on ne peut que souligner la beauté visuelle et sonore (le livret est magnifique).
Plus mûr, plus abouti, le groupe signe-là son véritable chef-d'oeuvre. Pur, dur, sur (le premier trouvant d'ou cette accroche vient gagne un bonbon). Gageons qu'ils fassent encore mieux par la suite. Faites fi de votre bonne conscience, et courrez l'acheter. Vous ne serez pas déçus.
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