Oui ! Oui ! Je sais, je sais ! Le nouveau Cradle of
Filth est sorti (comme tous les ans en fait) et l’apposition « les rois du black métal extrême » qui l’accompagne aussi. Ce ne sont pas les rois du genre, n’en déplaise à leurs fans mais on peut les citer comme les empereurs d’un BM à la fois gothique et symphonique alors que leurs éminents collègues de
Rotting Christ œuvrent dans un style de black métal plus folklorique. Les deux groupes, talentueux je tiens à le dire, ont un point commun : la vitesse des compositions. Est-ce cela qui fait d’eux, selon leur label, » les rois du black métal extrême » ? Foutre, non ! Ou alors il faut de suite inventer un style de black extrême supérieur pour les généraux 4 étoiles d’
Endstille, les bourrins d’
Aborym ou les nostalgiques de
Watain…en tous cas, revenons en aux britanniques de CoF et à leur cinquième album officiel, le méconnu «
Damnation and a Day ».
Car qu’on les hait ou qu’ont les aiment, les anglais de Cradle of
Filth ont tout de même signé trois des meilleurs albums de black gothique de la fin des années 90 avec «
Cruelty and the Beast », «
Midian » ou encore «
Dusk...and Her Embrace »... un vent nouveau soufflait sur le black goth comme ce fut le cas pour
Rotting Christ avec « Sanctus Diavalos » et « Theogonia ». Oublions la comédie tragicommerciale de «
Thornography », la demie-surprise de «
Godspeed on the
Devil’s
Thunder » et laissons le bénéfice du doute à « Darlky, Darkly Venus Aversa ». Explorons plutôt ensemble le premier des deux derniers « bons » disques (l’autre c’est «
Nymphetamine ») de Cradle of
Filth par cette chronique.
Pour le plus grand bonheur des mordus de CoF,
Sarah Jezebel Deva apparait sur l’opus. Souvenez vous de «
Malice Through the
Looking Glass » ou de « The
Twisted Nails of
Faith”, brillantes chansons dans lesquels la chanteuse apparaissait, leur offrant un timbre particulier...
Parlant de paradis, d’enfer ou encore du jardin d’
Eden, «
Damnation and a Day » est très biblique autant dans son écriture que dans les thèmes abordés. Que vaut réellement cette galette ? Est-ce une galette des rois (du black extrême ?) ou une vulgaire galette de fioul ? Eléments de réponses ici.
Commençons par “
Babalon A.D. (so Glad for the Madness)”, l’un de mes préférés. Les guitares brulent le fond de l’air qui, minutes après minutes, se consume tel un parchemin dans la gorge d’un volcan, de l’aube au couché du morceau... Paul et son growl s’avancent sur un duo guitare/tambours énergique. Dani s’installe pour nous raconter son pitch sur un rythme voluptueux fait de basse et de notes de piano. Accélération du rythme ! Soudain sans être surprenant ! Dani crie sur le riff impérial de Martin Foul, ombres et lumières se disputent le titre, entre narrations au grand calme et explications à grande vitesse. La batterie, vraie mitraillette (du tec-9, pas plus) guide à l’aide des triggers, le refrain qui, à mesure qu’on approche de la fin, augmente de vitesse et de percussions ; Répercussion ? Dani
Filth impose son récit mordicus ! Un moment plaisant de black tonique.
Beaucoup plus symphonique (et bordélique), «
The Promise of
Virtue » profite d’une ambiance aérienne et à la vitesse s’ajoute ici, force et spiritualité. Les vocaux âpres du chanteur principal ricoche sur la compo black sympho, à la fois mystique et mélodieuse. Dans un esprit doom-gothique, les accélérations et riffs de grattes perdus se multiplient dans un esprit mitigé mais charmant. Le combo guitare/batterie/basse durcit le ton, tout en nuançant avec de jolis instants de féerie poly vocale mêlant chants gothiques et chant black. La composition, elle, est clairement polymorphe, pas le temps de souffler !
Que ce soit les riffs de guitares se mariant aux samples vocaux ou leurs poursuivants ; beau duo entre voix claires et voix gutturales ; tout ici s’entremêle, se métamorphose ! et tout se finit sous une pluie de coups de baguettes... agréable que ce moment de black doom gothique.
Adrian et sa batterie lancent l’impétueux « Better to Reign in
Hell » avec, dès le début, la guitare rugissante donnant au tempo moins rapide un supplément non négligeable de férocité. Un morceau mélodique mais clairsemé de vocaux brutaux et black doom. L’atmosphère est parsemée de clairs-obscurs à la fois dark-goth et black death symphonique. Une chanson à la noirceur et l’agressivité des plus envoûtantes, surtout de par le pont musical passant d’une mélodie goth à une ambiance hypnotisante.
«
Carrion » démarre sur les braises de l’Enfer avec ce riff guitaristique fichtrement mordant, les tambours et cymbales au garde-à-vous ! De suite, empreinte de puissance et de mysticismes, la compo conduit Dani et Paul vers les tréfonds du monde souterrain grâce au talent d’
Adrian, tabassant avec amour ses cuirs! Hymne à l’enfer chrétien, un poil blasphématoire, ce morceau allie brutalité rythmique, chants saignants et production à point !
« The
Smoke of her
Burning » est un royaume sombre à l’univers emplit de soufre, de sang et de destruction. Très sauvage, l’instru acide et ombreuse s’installe telle la Faucheuse et son tromblon. Presque black brutal dans sa hâte et sa nébulosité, ce morceau jouit d’une ambiance allégée lors de certains moments-clés alors que le reste du temps, l’atmosphère s’alourdit et frise la bestialité des meilleurs groupes de black métal, le tout en alternance…l’intermède musical de fin est bien plus symphonique, nous permettant de reprendre (juste un peu) notre souffle ! Car cette chanson, comme toutes les autres de cet album n’atteindront pas l’ultraviolence d’un
Mord ou la barbarie de
Hate Forest, et ce n’est pas le but non plus.
Quelques très bons moments que je vous ai cités malgré la redondance de certains morceaux. «
Damnation and a Day » n’atteindra jamais la qualité de «
Dusk…and Her Embrace » ni l’originalité du MCD nommé «
Vempire or Dark Faerytales in Phallustein » (j’aurais pu citer d’autres albums). Dommage, donc, que l’originalité et la créativité ne soit pas à la hauteur de la qualité d’exécution dont bénéficie cet opus, qui, néanmoins, reste de bonne facture.
Bj
J'en ai un souvenir pas super de cet album, complexe, lourd, long, symphonique.....
Je suis très surpris, je le re découvre, il n'a rien avoir avec mon souvenir. Il remet même en question ce que j'ai écouté précédemment. C'est précis, varié et d'une qualité supérieure à Midian.
Les orchestrations n'inondent pas l'album, présentes sur les interludes mais beaucoup plus discrete sur les compositions. C'est bien les guitares qui ressortent le plus.
Passer la premiére compo Thromise of fever qui aurait put se retrouver sur Midian, une des moins intéressante de l'album (mais pas mauvaise non plus), Hurt and Virtue m'accroche bien plus. De par son intro, ses mélodies, et son rifting.
An Enemy Led The Tempest et son intro Death metal surprend, beaucoup plus brutal que la précédente.
Sur Better To Reign In Hell, j'adore ce passage avec cette basse mélodique à 0.20s. Serpent Tongue, malgré son intro mollassonne dégaine un thrash virulent.
Et cela se prolonge comme ça, tous les morceaux sont bons, plus les écoutes passent plus ils se dévoilent. Malgrè une durée d'album relativement énorme, ça qualité me permet de facilement d'en arriver au bout.
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