Wolves in the Throne Room est un groupe américain de black metal qui devient de plus en plus connu. Et, chose surprenante, pas seulement dans le milieu du black metal. Leur musique si spéciale, si atmosphérique, si visuelle, semble avoir trouvée ses adeptes dans des sociétés pourtant éloignée de notre mouvement et de notre musique. Quoiqu’il en soit, nous ne sommes ni là pour juger, ni là pour débattre de si le black metal doit rester réservé aux initiés, ou s’il doit trouver nouveau public.
Car une chose est sure, les frères Weaver, le duo de compositeurs absolument géniaux qui compose le groupe que je vous présente, méritent amplement d’être reconnus pour leur art et leur sincérité évidente envers le monde du Black. Ils le prouvent avec ce troisième album, intitulé
Celestial Lineage.
"Thuja
Magnus Imperium", la première pièce de l’opus, s’ouvre sur des claviers qui plongent l’auditeur dans l’ambiance magique et neo-païenne de
Wolves in the Throne Room. Une voix féminine, très mélodieuse, vient s’ajouter, et, pour ceux qui ont le plus d’imagination, vous pourrez comme entendre de tristes chants elfiques Tolkiennien. Un riff atmosphérique mais néanmoins rapide, me rappelant un peu
Enslaved sur son album Vertebrae, sur lequel vient se poser un chant typiquement raw, apparaît après quelques minutes. De froides nappes renforcent l’atmosphère du tout, lui conférant une tristesse glaciale et aérienne. La batterie reste pourtant martiale, quand les passages ne sont pas ambiant. Ce long, très long premier titre (presqu’une douzaine de minutes, tout de même), laisse déjà entrevoir tout le talent de composition d’Aaron et Nathan Weaver.
Les riffs se chevauchent, se superposent et se complètent, et disparaissent pour laisser place au son du remous des vagues, et des mouettes, dévoilant un premier interlude quasi cinématographique, plein de sons qui guident l’auditeur à voir des images. Comme une séance de zen. Le bruit d’un vent glacial, un frottement métallique, le crépitement du feu.
Wolves in the Throne Room sait donner à sa musique un côté ritualiste, et de nouveau, les yeux fermés, dans un noir complet, on assiste en songe à une cérémonie néo-païenne, très relaxante. Juste avant de retourner à un black metal plus obscur et plus rentre dedans, avec le titre "Subterranean Initiation", tout en restant très mélodique. Les claviers donnent à la musique un aspect noble et grandiloquent tandis que la batterie martèle une folie occulte qui s’empare de nous. Impossible de ne pas être transporté par cette alliance de brutalité black et d’envol atmosphérique. Nous voilà confronté à une vision très crue de la Nature. Les guitares se parent, après une descente de sons expérimentaux et un peu electro, d’un son plus stoner, boueux, pour un court break où l’on semble retourner à la terre, avant de repartir vers ce black typique, où l’on s’envole dans l’univers céleste au rythme d’une batterie écrasante.
"
Rainbow Illness" est un interlude, black ambiant très sombre et froid, qui ne fait que passer, avant que le groupe ne nous redirige vers les forêts épurées où l’on retrouvere le chant des elfes, appuyé par des riffs funéraires et tragiques. Une tristesse étreint le cœur. La composition, bien qu’épurée, est en fait très complexe et magnifique, très bien réalisée. La musique fait vibrer la corde de nos sentiments au plus profond de nous.
Plus mélodique et atmosphérique que jamais, abandonnant les racines black pour s’orienter vers un son plus proche du post-rock un peu sombre, on se sent soudainement en harmonie avec une Nature qui déjà dépérit. Entendre ces chants mélancoliques qui semblent chanter l’époque où la Nature n’était pas encore détruite nous plonge dans un état que vous seul pourrez ressentir en écoutant cet œuvre. Et toutes mes descriptions subjectives, tous mes efforts pour retranscrire avec exactitude l’ambiance, ne pourront vous décrire avec précision ce que vous-mêmes ressentirez en l’écoutant.
Après ce pur instant de poésie,
Wolves in the Throne Room revient à un black mélodique et pourtant très raw, avec une voix éraillée, écorchée et lointaine, venue d’un autre univers. Le batteur s’accorde de superbes descentes et d’excellents roulements. Fait incroyable : malgré des passages ambiants, des arpèges mélodiques, des claviers atmosphériques à foison, à aucun moment un beumeux ne pourra dire que les gars de
Wolves in the Throne Room ne transpirent pas la sincérité. A aucun moment, on ne pourra dire que leur black n’est pas une ode et un hommage au black norvégien des premières années. On sent en particulier comme une ambiance Burzummienne de la période « filosofem » et « hvis kunsten maa vi evig vike » qui nous attrape et nous plonge dans un univers où la Nature est morte, glacée, et où la mélancolie étreint nos âmes.
Je vous épargnerais le dernier titre, tout aussi bon que le reste de l’album, pour vous inviter à nous diriger directement à la conclusion qui convient à cette pièce de maître. Car une pièce de maître, c’en est une. Un voyage, une envolée pleine de poésie, où l’auditeur concentré n’aura aucun mal à visualiser tout un univers que la musique décrit à chaque note, chaque bémol, chaque arpège apportant son petit détail visuel dans notre imagination. Une pure merveille du Black
Metal, qui sans renier des origines Black de la première heure, parvient à y incorporer tellement d’autres éléments, en passant du post-black, à l’ambiant … Tout ceci cumulé rend réellement cette production intemporelle, et de qualité. A chaque écoute, on ne se lasse pas de retrouver les plans si progressifs, qui nous emmènent au-delà de la réalité. Une pièce à ne rater sous aucun prétexte pour tous les amateurs de Black, mais aussi pour tous ceux qui aiment que la musique leur raconte un paysage.
D'ailleurs qu'est ce qui t'a déçu dans le Black Cascade ?
Concernant Celestial Lineage, c'est une vraie perle. Un de mes albums favoris de l'année.
J'y serai ! ^^
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