En 2004 sur la console PlayStation 2 sortait le jeu vidéo de course Burnout 3 : Takedown. Révolutionnaire pour son époque, il proposait des courses très nerveuses avec beaucoup de destruction, de vitesse et d’explosions, faisant cracher les tripes de la machine avec ses graphismes époustouflants pour l’époque. Forcément un jeu pareil se devait d’être accompagné d’une bande son énergique en parfaite cohérence avec son esprit destructeur, ce qui était tout à fait le cas. Parmi la centaine d’heures que j’ai dû passer à l'écouter, une chanson m’a particulièrement marqué: « Rookie of the Year » d’un certain
Funeral For A Friend. Et c’est là que tout mon intérêt pour ce groupe naquit, me conduisant à m’intéresser à son premier album, un véritable chef-d’œuvre.
Originaire du Pays de Galles,
Funeral For A Friend (FFAF pour les intimes) se forme au début des années 2000, le groupe connaitra plusieurs modifications de line-up jusqu’en 2003, date à laquelle il se stabilise autour notamment Matthew Davis au chant, Ryan Richards à la batterie et aux vocaux hurlés et Chris Coombs-Robert à la guitare. Suite à deux EP sortis en 2002 et en 2003 ayant suscité beaucoup d’intérêt au Royaume-Uni, FFAF sort son premier album, Cassually Dressed and Deep in Conversation, fin 2003 et produit par Colin Richardson.
Nous pourrions définir la musique de FFAF comme étant un mélange de mélodies post-rock et de riffs heavy agrémenté de parties hardcore. Les vocaux sont composés du chant mélodique de Matthew Davies accompagné par les hurlements brutaux de Ryan Richards (Matthew assure aussi certaines parties hurlés). Une formule qui est typique de la mouvance post-hardcore qui a surgi et secoué le monde du hardcore au début des années 2000 avec de très bons groupes comme
The Used ou
Finch. Mais là où FFAF tire clairement son épingle du jeu, c’est dans sa recherche mélodique et au niveau des performances vocales exceptionnelles de son chanteur. La pochette est issue d'une série de peintures réalisé par l'artiste belge René Magritte nommé "The Lovers", elle se veut poétique et symbolique, parfaitement à l'image de l'album.
Il n’y a pas une chanson où l’on ne retient rien, que ce soit sur « Bend your Arms to Look Like
Wings » avec ses mélodies prenantes parfaitement enfouies sous de très bonnes rythmiques metalliques ou sur le somptueux « Waking Up » avec son intro planante qui fait vivre un vrai moment magique, aucune n’est en reste. Les breakdowns hardcore ne sont pas très nombreux, mais sont ingénieusement inclus dans les chansons. Ils sont brutaux et incite au headbanging. Celui de «
Bullet Theory » est taillé pour les mosh pits et ne fait que rendre la chanson encore plus parfaite. Celui de « Rookie of the Year », accompagné des hurlements de Ryan, est addictif. Les riffs ne sont pas en reste, l’album nous en procure tout un paquet et de qualité, celui de « Juneau » étant l’un des plus mémorables, d’abord joué de manière mélodique en début de chanson puis en mode heavy. Celui de « Storytelling » bénéficiant du même traitement, pour un résultat tout aussi excellent voir meilleur ! D’autres chansons comme « Moments Forever Faded » montrent toute la richesse de composition dont est capable le groupe.
Le chant de Matthew Davies est l’élément qui se distingue le plus dans l’album, de par sa clarté, sa parfaite maîtrise mais surtout sa beauté. Il est limpide et puissant, et contribue amplement à l’immersion dans cette tornade émotionnelle qui nous envoute. Une chanson comme la ballade « Your Revolution is a Joke » montre toute la maitrise que Matthew a de ses cordes vocales avec toutes ses envolées mélodiques, ou sur le sublime « Waking Up » où sa voix se marie à la perfection avec les mélodies pour n’en faire qu’un. Mais ses meilleures performances restent celles de «
Bullet Theory », seule chanson où il alterne souvent passages hurlés et passages chantés, pour un résultat des plus réussies, nous amenant à nous demander pourquoi ce style qui lui va si bien n’a jamais été réitéré. Ryan Richards apporte sa touche non négligeable avec ses hurlements sauvages et agressifs en contraste totale avec les performances de Matthew, pour appuyer encore plus les émotions. Les vocaux agressifs ne sont pas très fréquents, mais sont là quand les chansons en ont besoin, les moments sont soigneusement choisis. « Moments Forever Faded », « Juneau » ou « Rookie of the Year » n’auraient jamais pu être aussi excellentes sans les cris aussi soudains qu’indispensables du batteur.
Les paroles sont très portées sur l’émotion, et décrivent souvent des situations émotionnellement intenses. Elles lorgnent parfois vers l'emo, parfois même un peu trop, comme sur «
Escape Artists
Never Die », donnant parfois ce goût de « gâteaux trop sucré ».
Maintenant attardons-nous sur la chanson qui fait office d’ultime chef-d’œuvre, «
Red is the New Black », qui mérite à elle toute seule que l’on s’y attarde durant tout un paragraphe. Elle se distingue clairement du reste de par sa puissance, son breakdown destructeur, son refrain mémorable, son début poignant, mais surtout, son très bon duo vocal entre Matthew et Ryan, ce dernier n’ayant jamais autant hurlé dans une chanson. Le résultat surpasse tout ce que le groupe a pu composer, «
Red is the New Black » est fort en émotions, musicalement intense, brutal et marque le coup d’une bien belle manière.
Avec Casually Dressed and Deep in Conversation, FFAF signe son album le plus réussi, mais aussi celui avec le plus d'influences post-hardcore. Pour un premier album, le groupe met la barre très haute, nous offrant un classique du genre. Elle demeure la sortie du groupe la plus acclamée par les fans. Par la suite, il fera évoluer sa musique vers quelque chose de nettement plus centrée sur la mélodie, et ce dès le second album, avant de revenir plus tard aux racines post-hardore suite à d’importants changements de line-up. La formation décidera finalement de se séparer en 2016.
Un grand merci à Electronic Arts et surtout à
Criterion Studios d’avoir sorti Burnout 3 : Takedown, m'ayant fait passé à moi et à plusieurs autres milliers de joueurs d’innombrables heures de bonheur, mais aussi de m’avoir fait découvrir ce groupe qui a désormais une petite place de choix dans la liste de mes groupes favoris.
Pour moi le Post-Hardcore ce sont des groupes tels que Neurosis et Cult Of Luna qui délivrent une musique à la fois austère, agressive, et lancinante.Or, le style que propose Funeral For A Friend est beaucoup plus mélodique que celui des deux groupes cités plus haut (jamais Funeral For A Friend ne sonne dérangeant ou malsain).Une orientation qui, accentuée par le chant clair de Matthew Davies, a permit au groupe d'obtenir un succès auprès d'un jeune public friand certes d'énergie, mais aussi de mélodies (on trouve régulièrement de l'Emocore dans les génériques de certaines séries américaines).D'où ma classification de Funeral For A Friend dans l'Emocore, style que je définie (grosso modo) comme un mélange de Punk Mélodique (Green Day/The Offspring) et de Metal Alternatif (System Of A Down/Therapy?) saupoudré d'une touche de Pop Rock.
Je compreds ton point de vue. Cependant, je vais me permettre d'émettre une critique sur ta définition de l'emocore, puisque dans ce style il y a le terme "core", qui suppose des influences venant du hardcore ou de l'un de ses sous-genres, ce qui n'est nullement le cas dans ta définition (punk mélodique, alternatif, pop rock). Et puis je suis très perplexe de savoir qu'est-ce que SOAD a à voir dans ce style en tant qu'influence... Bref ça ne fait que prouver que le style n'a pas de définition claire et précise, dès qu'il y a quelques mèches et que ça parle de romance on met l'étiquette émocore.
Quant au post-hardcore, pour moi c'est un style qui s'inspire d'éléments caractéristiques du hardcore comme base pour construire une musique complètement différente du genre d'origine. Le résultat peut parfaitement être lourd et agressif (comme sur les groupes que tu cites) comme mélodique et aérien, comme c'est plus le cas avec Funeral For A Friend. Je pense donc que cet album peut parfaitement être catégorisé dans le genre post-hardcore.
Si Funeral For A Friend c'est du Post-Hardcore, on doit alors le qualifier de Post-Hardcore Mélodique (bien que cette dénomination n'existe pas) et uniquement pour ce premier album, car dès "Hours" (2005) les touches de Post-Hardcore ont quasiment disparus.Car comme ce fut le cas pour le Death Metal interprété par At The Gates, Dark Tranquillity, et In Flames (qui fut étiquetté "Mélodique" en raison de sa différence avec celui, beaucoup plus rugueux, des pionniers du genre Death et Massacre), le Post-Hardcore (qui pour moi n'en est pas) de Funeral For A Friend est à des années lumières du style d'origine (Fugazi).Par conséquent je persiste donc à ranger Funeral For A Friend dans la catégorie (très bon) groupe d'Emocore, un style, certes qui n'a rien à voir avec celui de System Of A Down, mais que j'ai souhaité citer (avec Therapy?) afin de donner un "visage" au Metal Alternatif (c'est toujours bien d'accoler des noms de groupes à coté d'un style musical, ça permet d'éviter les quiproquos).Concernant le terme "Core", il y a bien longtemps que celui-ci n'a plus rien à voir avec le Hardcore originel des Black Flag et Bad Brains, d'ailleurs beaucoup de groupes n'ont de "Core" que le nom comme une grande partie des formations de Metalcore qui délivrent un Power/Thrash Groove Metal ou un Death Metal Mélodique (entrecoupé de Breakdowns) sur lequel le chanteur alterne chant agressif et chant clair ainsi que dans la majorité des groupes de Deathcore qui, en réalité, ne font qu'interpréter un Brutal Death Metal accompagné de vocaux mi-hurlés mi-growlés.Ceci dit on trouve davantage de parties de Hardcore "traditionnel" dans des formations de Punk Mélodique (ou apparentées au Punk Mélodique) comme Bad Religion et Pennywise que dans la plupart de ces groupes dits "Core", qui n'ont de "Core" que les "Breakdowns" (changement brutal de rythme) qui vient du Hardcore Metal (et non du Hardcore originel !), qui lui-même s'est beaucoup inspiré de la première vague Speed/Thrash Metal (Anthrax, Metallica, Slayer, etc...).Pour autant je peux comprendre qu'avec toutes ces étiquettes (ainsi que celles, trompeuses, dont s'affublent certains groupes pour se différencier de leurs concurrents) on a parfois du mal à s'y retrouver, d'ou des étiquettages parfois surprenants (et pas uniquement sur Spirit Of Metal où, par exemple, on confond le Gothic Rock avec le Gothic Metal...).
Oui effectivement si l'on considère le post-hardcore comme étant principalement le son développé par ses géniteurs, sa déclinaison mélodique à partir du début des années 2000 aurait dû donner naissance à un sous-genre mélodique, mais pour X ou Y raison cela n'a jamais été le cas (et pas que pour ce style...), mais moi ça ne me dérange pas que ces groupes soient catégorisés en post-hardcore. Ce qui me dérange par contre c'est que des groupes qui n'ont rien à voir ni de près ni de loin à ce style soient étiqueté post-harcore juste à cause d'un ou deux screams dans quelques chansons, des groupes comme Pierce The Veil ou Falling In Reverse.
Après oui, le terme "core" renvoie plus à un metal fortement influencé par le death mélo et le thrash moderne avec des breakdowns, il n'empêche qu'il reste à l'origine un genre dérivé du heavy et du punk hardcore, qui malgré sa grande évolution vers le mélodique a gardé la même appelation (comme pour le post-hardcore quoi). Quand je parlais de "hardcore et ses sous-genres" se faisait référence à l'évolution moderne du genre (donc breakdowns, hurlements core, alternance de vocaux, riffing rapide et agressif,...), ce qui n'est nullement présent dans la plupart des groupes Emocore. D'où mon interrogation sur l'appellation "core"...
Mais bon, comme tu l'a dit c'est le bordel niveau étiquettes, surtout sur SOM où il y a parfois des aberrations. Ma préféré: Pantera et Dagoba... du power metal. Le site ne connait même pas ce qu'est le groove metal !
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