On ne le redira jamais assez, il est bien ardu pour les jeunes formations de se frayer un chemin pour émerger à la surface du monde de l'indifférence. Aujourd'hui où bon nombre de trouvailles ont déjà été mises au jour par les groupes les plus talentueux, on peut se dire qu'il est de plus en plus difficile de déceler l'idée novatrice propulsant au statut de "groupe à suivre". Pourtant, il n'est pas toujours nécessaire de se montrer excessivement novateur, juste de posséder du talent et l'envie d'exprimer son art à l'état pur sans chercher à appliquer la recette qui marche.
Ce conseil,
Damnation Angels ne l'a compris qu'à moitié...Car si l'écoute de cette offrande de
2012 peut surprendre plus qu'agréablement, elle n'en reste pas moins très influencée par les idoles du metal symphonique. Mais avant toute chose, les présentations :
Damnation Angels est un groupe anglais de
Power symphonique aux accents heavy bien marqués, officiant dans une musique pouvant se montrer aussi grandiloquente qu'empathique.
Bringer of Light constitue leur premier effort, et autant dire que pour un baptême,
Damnation Angels se montre plutôt professionnel...et même un peu trop.
Dès l'introduction instrumentale, la promesse du magnifique artwork est tenue. Une ambiance plutôt sombre, mais pleine d'espoirs...mais une crainte s'invite en nous. Car, si ces passages instrumentaux sont soignés et communicatifs, ils se montrent plutôt sages sans se permettre le moindre brin de folie. Et à l'ouverture du premier titre, les reproches précédemment cités peuvent aussi s'appliquer. En effet, "The Longest Day Of My
Life", malgré une accroche bien présente et des sentiments mélancoliques et majestueux magnifiquement bien retranscrits, peine à nous tenir en haleine jusqu'au bout de ses 10 minutes. C'est sans doute à cause de cet interminable interlude orchestral qui déboule au milieu du morceau, qui cherche à amplifier l'émotion et en rajoute des tonnes. C'est un peu ce que l'on pourrait reprocher à la première partie de l'album :
Damnation Angels cherche à appliquer les mêmes recettes que ses modèles, en oubliant qu'il a fallu beaucoup d'essais fastidieux à ces groupes expérimentés avant de réussir....
Pourtant, ce n'est pas l'inspiration, ni même l'imagination qui fait défaut à notre petite formation, mais plutôt sa volonté d'insérer les identités de ses modèles émérites à tout prix. Evoquons, par exemple, le cas de "
Reborn", dont le couplet évoque les moments sombres du prestigieux
Kamelot, tandis que le refrain pourrait figurer dans "Silverthorn". Que les choses soient claires, la musique de
Damnation Angels n'est jamais mauvaise, elle retranscrit d'ailleurs le monde de ses modèles (
Kamelot pour l'ambiance et
Nightwish pour les orchestrations) avec brio. Le chanteur possède un timbre de voix qui se marie extrêmement bien avec les ambiances des deux formations pré-citées. Mais la musique se montre juste trop sage et trop pudique, du moins dans la première moitié de l'opus.
Une fois que l'on entame "Someone Else", on se laisse subjuguer par toute cette émotion, et par ces mélodies qui sortent vraiment du cœur. Le chant est enfin naturel et porte merveilleusement le refrain qui ne tombe jamais dans les pièges de la ballade facile. Tout en restant dans le registre de l'émotion, on pourra évoquer la bombe qu'est "No Leaf Clover", reprise de
Metallica. Les orchestrations se lâchent enfin pour reproduire fidèlement cet excellent titre dont le refrain pourrait presque évoquer un certain
Evergrey. En espérant qu'un jour, la formation parvienne à nous livrer d'elle-même un titre de cette envergure.
Les titres plus percutants que sont "
Bringer of Light" et "
Shadow Symphony" se montrent aboutis et tiennent en haleine de bout en bout. Même si la formation s'écarte rarement des structures conventionnelles, elle compose ici des chansons aux atmosphères vraiment uniques. Le premier fait preuve d'une fougue plutôt bienvenue, tandis que le second opte pour un tempo de mammouth renforcé par des choeurs guerriers. "Pride" clôt le disque sur une note plus exotique, ce titre de 10 minutes parvient à capter notre attention de bout en bout et atteste des capacités musicales polyvalentes de la jeune formation.
Damnation Angels transpire le talent et les idées. Il y a dans sa musique des tonnes de trouvailles qui pourraient rendre vertes de jalousie les autres formations en quête d'originalité. Pourtant, même armé de ces multiples preuves d'inspirations, le groupe enterre parfois son talent sous l'influence beaucoup trop importante de ses modèles. De ce fait, il peut parfois laisser apparaître dans ses titres une certaine timidité, une envie sécurisante de se cantonner aux valeurs sûres. Une fois ces petits problèmes (plutôt justifiés lorsque l'on se lance dans le genre symphonique) résolus,
Damnation Angels n'aura plus peur de rien et pourra voler de ses propres ailes.
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