Algy Ward, même si la plupart des jeunes n’en ont jamais entendu parler, n’est pas le premier bassiste venu. Avant de former
Tank en
1980, il avait déjà eu une vie musicale bien remplie en rejoignant tout d’abord le groupe de Punk Australien The Saints en 1977 (on le retrouve sur deux albums, Eternally Yours et Prehistoric Sounds), lorsque celui ci vient se relocaliser en Angleterre. Il quittera le navire début 1979 pour rejoindre un autre fleuron du Punk britannique, The Damned (c’est d’ailleurs à son arrivée que le groupe reprend officiellement ce nom qu’il avait abandonné plus tôt). Ce fut un passage éclair mais il eu quand même le temps d’enregistrer l’opus
Machine Gun Etiquette en 1979. Et c’est donc en
1980 qu’il décide de voler de ses propres ailes en fondant
Tank, qui sera bien sûr affilié à la NWOBHM. On comparera souvent le groupe à Motorhead (Trio, bassiste chanteur, rapidité des titres et prestations lives tonitruantes) et pour en remettre une couche, c’est Fast Eddie Clark qui produira leur premier album devenu culte depuis sa sortie en 1982,
Filth Hounds of Hades. Malheureusement, comme beaucoup de groupes de l’époque,
Tank n’a jamais ressorti d’album de ce calibre même si certains restent de bonne facture (le plus mélodique
This Means War).
Tank se séparera une première fois en 1989 après les sempiternels changements de line up à répétitions et un succès commercial en dents de scie. Ward reviendra en 1997 avec
Tank pour quelques dates et un album qui sortira 5 ans plus tard,
Still at War. Un successeur lui fut même annoncé pendant des années (
Sturmpanzer), dont on n’entendit jamais rien. Et coup de théâtre en 2008, Ward ne fait plus partie du groupe, remplacé par d’autres musiciens, Chris Dale (Basse,
Bruce Dickinson et Doogie White (Chant,
Rainbow). Il a toujours clamé depuis une déclaration de 2009, que le groupe qui tournait sous le nom de
Tank sans lui n’avait aucune légitimité et qu’il était le seul propriétaire du nom, du logo et de tout ce qui se rapportait de près ou de loin au groupe. Les joies du music business...
Ward restera éloigné des scènes pour cause de santé fragile et verra d’un très mauvais oeil la sortie de
War Machine et de
War Nation sous le nom de
Tank en 2010 et
2012. Ces deux albums sont donc à considérer hors de la discographie officielle du groupe.
Et à la surprise générale Algy revient en 2013 avec un nouveau bébé sous le bras,
Breath of the Pit...
C’est Ward lui même qui produit l’album qui sera disponible via 4Worlds Media. A l’écoute de l’album, on ressent bien que c’est enregistré à l’ancienne avec un son brut de décoffrage. Les fioritures ont étés abandonnées en route au profit de titres directs et concis.
Pour l’artwork, on peut aussi dire que personne n’a du se fouler un neurone, il est à peine dérivé de l’album éponyme sorti en 1987...
Donc musicalement, c’est un bon coup de pied au cul aux superproductions Bollywoodiennes actuelles. Basse, batterie, guitares, chant, merci d’être passé et au revoir. La durée des titres peut surprendre car la plupart dépassent les 5 minutes. Et on ressent bien à l’écoute des morceaux que la NWOBHM a encore de beaux jours devant elle. Ca riffe comme à la bonne époque à la limite du Speed (
Kill or Be Killed, Healing the
Wounds of
War,
Breath of the Pit). C’est du
Power Chords en série, c’est puissant, c’est répétitif au niveau des rythmiques et ça fait headbanguer à l’ancienne. On tape même du pied sans s’en apercevoir, c’est dire...
Ca tue avec conviction au niveau des guitares sur
Conflict Primeval,
Circle of Willis (bien lourdingue pour clôturer l’album),
Breath of the Pit ou T 34.
On retrouve quand même quelques passages plus mélodiques (Healing the
Wounds of
War). Les soli sont courts, fluides et précis. Là aussi pas besoin d’en faire trop non plus, c’est du Rock N Roll...Quelques titres sont quand même un cran en dessous comme
Victim et sa rythmique plus alambiquée et saccadée (Voivod?) ou on sent soit qu’il manque un truc ou qu’il y en a un en trop.
Ward se permet une sorte de solo de basse tout à fond (
Kill or Be Killed) sur un lit de rythmique plus «aérienne» au niveau des guitares du plus bel effet. Motorhead ne renierait pas ce genre de chose et le seul bémol, c’est la fin de celui ci et le retour à la rythmique du morceau qui sent le truc qu’on ne sait pas trop comment finir. Et une rythmique en béton surarmé pendant le break de
Breath of the Pit.
Le chant est vindicatif, bien caractéristique de Ward mais ne brille pas par son coté mélodique même si quelques efforts sont faits de ce coté là. Algy n’est pas vraiment un chanteur d’exception et ce n’est pas avec ce
Breath of the Pit que ça va changer, car ça manque parfois de justesse (Healing the
Wounds of
War, Stalingrad...). On remarquera un chouia de choeurs qui ne servent surement à prouver que la table de mixage est un peu plus performante qu’une 4 pistes car ils n’apportent pas grand chose. Le doublage de la voix et l’écho sur
Victim n’est pas top non plus. Bref, le chant c’est le point noir de ce
Breath of the Pit. Et pour effectuer une comparaison, c’est comme
Blaze Bailey dans Maiden, c’est pas mauvais mais on a l’impression qu’il s’est perdu, qu’il a vu de la lumière et qu’il est entré par hasard dans le studio...
Breath of the Pit contient quelques petits défauts qu’on ne peut pas attribuer à la jeunesse de son géniteur mais plutôt à l’envie de celui de revenir aux sources de ce qu’il sait faire le mieux, c’est à dire du costaud, du lourd et du rapide. Et il ne faut pas se leurrer, c’est du déjà entendu mille fois, si ce n’est plus...
Ce n’est pas l’album de l’année dans le style car la voix dessert vraiment trop les titres mais ce retour fait plaisir à entendre.
Algy Ward mérite vraiment que l'on se penche sur Tank, bassiste de légende et groupe hors du temps.
Merci pour la très bonne chronique.
Content de lire que Ward a encore des choses à dire.
Ne me reste plus qu'à écouter rapidement ce nouveau disque.
Il y a de bons riffs, une énergie sympathique, mais ça fait un peu (bonne) démo plus qu'autre chose. Que dire de la batterie qui est enfouie on ne sait où au point d'être à peine perceptible ...
Je n'irai pas jusqu'à parler de flop car c'est loin d'être mauvais, mais je crois qu'Algy s'est un peu surestimé sur ce coup. Autre truc qui m'a gêné d'entrée, ce riff bâclé du morceau éponyme qui ouvre l'album, rien de désagréable certes mais on est bien loin du niveau espéré ...
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