Nouvelle figure du heavy mélodique à chant féminin, ce quintet étasunien créé à Minneapolis en 2015, loin de chercher à imposer coûte que coûte ses gammes et ses arpèges, s'est précisément laissé le temps nécessaire à la maturité de ses compositions et à l'affûtage de sa production avant de se lancer dans l'arène. Aussi, aux fins d'un travail minutieux et de longue haleine naîtra, trois ans plus tard, son premier album studio, «
Break Free », signé chez le puissant label allemand
Pure Steel Records. Quels seraient alors les atouts des 9 pistes dispensées permettant de faire du combo nord-américain un sérieux challenger face à ses homologues stylistiques, toujours plus nombreux à affluer, dont de jeunes loups aux dents longues ? Ce faisant, les 42 minutes de la galette seraient-elles à même de hisser dores et déjà nos cinq belligérants parmi les sérieux espoirs d'un registre metal qui ne les aura pas nécessairement attendus ?
Dans ce dessein, le projet repose sur les solides épaules de chacun de ses membres, à savoir : Phyllis Rutter (ex-Mousai et guest (Mike LePond's
Silent Assassins, The Fractured
Dimension)), frontwoman au chatoyant grain de voix, qui n'est pas sans rappeler celui de Sabine Edelsbacher (
Edenbridge) ; Mike LePond, le légendaire bassiste de
Symphony X ; Chris Bickley (
Thunderhead) aux guitares ; Jimmy Pitts (NorthTale, Nyn, The Fractured
Dimension, ex-
Eternity's
End...) aux claviers ; Gaetano Nicolosi (Cool Shaker,
Shock Wave...) derrière les fûts. De cette étroite collaboration émane un propos rock'n'metal heavy mélodique aux relents symphonisants dans la lignée coalisée d'
After Forever,
Halestorm,
Edenbridge,
Dream Theater,
Battle Beast,
Symphony X et
Ela.
Coproduit, mixé et mastérisé par Robert ''
Slayer'' Romagna (
Altaria, Axewitch,
Crying Steel,
Mindless Sinner,
Starblind...), l'opus n'accuse pas l'ombre d'une sonorité résiduelle tout en offrant une belle profondeur de champ acoustique. Pour mettre les petits plats dans les grands, l'artwork de la jaquette d'inspiration fantastique, à la large palette de couleurs et au trait affiné, relève du fusain du prolifique graphiste allemand Timo Wuerz (
Dragonsfire,
Emerald,
Grailknights,
Kayser,
Rizon,
Sacred Steel...). Autant d'indices révélateurs d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos acolytes. De quoi nous intimer d'enclencher sans plus attendre la touche ''play'' de la platine cd...
Le combo interpelle tout d'abord par sa faculté à concocter ces séries d'accords qui, peu ou prou, s'inscriront dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan, à commencer par ses passages les plus enfiévrés. Ainsi, c'est d'un battement de cils que les refrains catchy exhalant des entrailles des rayonnants mid/up tempi « Cleansing » et « Someday Maybe se joueront de toute tentative de résistance à leur assimilation. Et ce ne sont ni les puissantes et solaires impulsions de la sirène ni leurs brefs mais éblouissants soli de guitare qui nous débouteront de ces deux hits en puissance à la croisée des chemins entre
Ela et
After Forever, tant s'en faut. Dans cette énergie, nous invitant à suivre un infiltrant cheminement d'harmoniques et ne relâchant pas leur étreinte d'un iota, le tonique et entraînant « Take a Look » tout comme le frondeur et ''edenbridgien'' « When It's Over » n'auront pas tari d'armes efficaces pour tenter de nous rallier à leur cause. Et, dans un cas comme dans l'autre, la sauce prend sans tarder...
Quand le rythme de leurs frappes se fait un poil moins véloce, nos compères trouvent là encore les clés pour nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste, tout d'abord, « Till We Meet
Again », ''halestormien'' mid tempo aux riffs épais, reposant à la fois sur un grisant legato et des enchaînements intra piste des plus sécurisants. Agrémenté d'un pont techniciste où se succèdent un fin picking à la guitare acoustique et un solo à la lead guitare, et recelant une mélodicité, certes, convenue, mais des plus enveloppantes, l'enivrante offrande ne se quittera qu'à regret. Dans cette dynamique, on ne saurait davantage éluder le félin « Let It Go », tant pour le caractère chatoyant de ses orientalisantes sonorités que pour l'intarissable et pénétrant martèlement de ses coups de tambour à la cadence métronomique. Enfin, recelant un grisant solo de guitare auquel succèdent de sémillantes rampes synthétiques, le chavirant et ''edenbridgien'' mid tempo « I Can Tell » pourra, à son tour, et sans ambages, nous aspirer dans la tourmente.
Lorsqu'elle nous immerge au cœur d'espaces tamisés, la troupe parvient à nouveau à nous happer sans avoir à forcer le trait. Ce qu'illustre, en premier lieu, «
Break Free », ballade romantique jusqu'au bout des ongles et aux airs d'un slow qui emballe ; glissant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les troublantes volutes de la maîtresse de cérémonie, et se chargeant parallèlement en émotion au fil de sa progression, l'instant privilégié comblera assurément les attentes de l'aficionado de moments intimistes. On pourra non moins se voir happé par l'enchanteur paysage de notes parsemant «
Through Your
Eyes », ballade a-rythmique d'une sensibilité à fleur de peau, dans le sillage d'
Edenbridge. Sous-tendue par de subtils arpèges au piano qu'accompagne un frissonnant slide à la guitare acoustique, et encensée par les magnétiques oscillations de la belle, la tendre aubade poussera à y revenir sitôt l'ultime mesure envolée.
A l'issue d'une traversée aussi mouvementée qu'émoustillante, force est d'observer que le temps a joué en la faveur de nos hôtes, ces derniers nous immergeant au sein d'un propos aussi palpitant que pimpant et empreint de délicatesse, mis en valeur par une production d'ensemble de fort bonne facture et jouissant d'arrangements orchestraux difficiles à prendre en défaut. En dépit d'exercices de style quelque peu stéréotypés et déjà courus, la rondelle témoigne parallèlement de mélodies le plus souvent immersives, d'une technicité instrumentale éprouvée et de qualités interprétatives que pourraient leur envier nombre de leurs pairs. Bref, un introductif mouvement résolument frondeur, un brin enjoué et romanesque, susceptible de porter le quintet étasunien parmi les sérieux espoirs de cet espace metal. Wait and see...
J'adhère complètement au titre que tu as proposé en fin de chronique! Encore merci pour la découverte, je ne connaissais pas! Perso, je trouve que c'est fortement centré sur EdenBridge où l'on y retrouve beaucoup de clins d'œils!
Merci pour cet agréable retour! Voilà un projet qui a retenu toute mon attention, que j'ai découvert il y a peu, et qui, au vu de ce qui est annoncé sur leur site officiel, n'est pas abandonné! Affaire à suivre, donc...
Aaah génial! Je l'écoute en boucle depuis deux jours! Sur mes 8h de boulot, il tourne au moins trois fois! Lorsque j'ai vu la date de sortie (2018), je me suis dit qu'à mon avis ils ne devaient plus exister! Tu me rassures en annonçant le contraire! Ce serait dommage de perdre un tel talent musical!
La dernière piste est une tuerie pour ma part! Ainsi que la ballade "Through Your Eyes" tout comme les trois premières pistes que je trouve exceptionnelles!
Un grand Merci pour cette découverte! (Une fois de plus)
J'ai passé le disque au paternel qui est occupé à l'écouter et j'attend son retour! Nul doute qu'il sera positif! J'espère une suite à tout ça car rien n'est à jeter sur ce disque!
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