Leviathan les avait fait décoller sérieusement. On les voyait partout, en photos, interviews, clips, cd samplers, ... Voici que
Mastodon devenait le groupe à la mode, espoir prometteur d'une scène ricaine souhaitant enfin se renouveler et sortir du carcan metalcore envahissant. Niveau technique, l'expérience fut intéressante, même si le disque ne trônait pas dans ma discothèque. On pouvait craindre que les quatre musiciens prennent la grosse tête, affublés hâtivement par les fans d'une réputation les élevant au rang de successeurs de
Slayer. Hum, laissons les légendes où elles sont, le temps nous dira si Masto' mérite cet honneur.
Les craintes pouvaient s'intensifier également en tenant compte du fait que le groupe avait alors signé chez Warner. Aïe, un souci d'accessibilité et une identité perdue en perspective.
C'est dans de telles circonstances que la claque fut plus forte encore, parce que diantre, je ne m'attendais pas à ça !
Mastodon s'affirme carrément et fait passer le brûlot précédent pour une franche partie de rigolade !
The Wolf Is Loose ouvre le bal et ne change pas la recette d'un iota : furieux, technique, Brann Dailor tabasse comme un fou, ... direct et sans concession. Alors qu'on s'attend à une pléiade de morceaux du même type (ce qui ne serait déjà pas si mal),
Crystal Skull se montre plus heavy, fait remuer la tête, Scott Kelly de
Neurosis vient faire un petit tour, ... Ajoutez à cela un solo seventies de grande classe. Tranquille.
Puisque l'attention de l'auditeur est captée, il est temps d'arrêter de jouer et de passer aux choses sérieuses.
Sleeping Giant, c'est cinq minutes et demi d'un rêve musical dans lequel les mélodies viennent d'ailleurs. L'ambiance est gigantesque, les harmonies à pleurer, mince alors, plus grand chose à voir avec les deux titres précédents mais toujours cette identité
Mastodon qui fait qu'on ne perd pas le fil, et qui assure une cohérence à toute épreuve. Cette fois, les possibilités sont infinies. Original et doux à l'oreille, du grand boulot.
Suit l'antithèse même du titre dont je viens de parler.
Capillarian Crest est décousu, incisif, hyper technique, rapide, ... Une chanson à tiroirs, dont
Mastodon a le secret. Marathonien mais une nouvelle fois cohérent. Ceux qui n'aiment pas le thrash cracheront sur les riffs coupés à la hache.
Rassuré sur le contenu du disque (ou pas, et dans ce cas tant pis pour lui !), l'auditeur peut déguster le reste sans la moindre crainte.
Et il y a encore de nombreuses surprises. Dans l'envie de se payer une bonne tranche de rire, Bladecatcher tombera à pic. Complètement barré : sonorités déjantées, riffs rapides, guitares leads en furie, lignes de basse énormes, ... Cet instrumental fera office de boucherie en live.
Mastodon ne se refuse rien, absolument rien, pas même un
Colony of Birchmen dans la droite lignée de ce que peuvent faire les
Queens Of The Stone Age. Et pour cause, c'est bien Josh Homme que vous entendrez chanter en tant que guest sur ce morceau, et une fois encore un solo seventies énormissime. Ambiances, choeurs, une pléiade de détails et un feeling au sommet. C'est la fête.
Les titres plus classiques n'ont pas disparu, tels Hunters Of The Sky,
Hand Of
Stone, ou
Circle Of Cysquatch (à noter ici l'utilisation surprenante d'un vocodeur). Il n'empêche qu'ils sont toujours très bien composés, le talent (tant du point de vue exécution que de celui de l'inventivité) des musicos étant indéniable. Le tracklist est aéré, varié, et il n'y a qu'à laisser le son couler.
This Mortal Soil et Siberian
Divide alterneront tous deux passages planants et d'autres plus remués, alors que Pendulous
Skin conclura la galette sur une note très mélancolique.
Un mot sur le livret et l'artwork, très stylés et recherchés, à l'image de la musique. On se plaît à regarder les illustrations entourées d'une décoration couleur or.
Éclectique, inventif, jouissif, une oeuvre tout bonnement indispensable. Exemplaire.
19/20
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