Abandon of the Self

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18/20
Nom du groupe Eryn Non Dae
Nom de l'album Abandon of the Self
Type Album
Date de parution 09 Mars 2018
Style MusicalMetal Atmosphérique
Membres possèdant cet album11

Tracklist

1.
 Astral
 
2.
 Stellar
 
3.
 Omni
 
4.
 Eclipse
 
5.
 Halo
 
6.
 Fragment
 
7.
 Abyss
 

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Eryn Non Dae


Chronique @ Eternalis

14 Avril 2018

Eryn Non Dae nous livre une plongée dans les arcanes de l’esprit et de la création. Un voyage sans retour.

L’abandon de soi, pur et ultime. Etape finale et cathartique d’une vie enchainée à la société, aux conventions et au regard d’autrui. Puis arrive le moment fatidique où il faut tout lâcher, délier ses chaines et libérer son corps des entraves d’une existence si courte et essentielle.

Ces quelques lignes, certes cryptiques, expriment un ressenti particulier. Celui de l’abandon. D’un certain absolu. D’un vide hypnotique et terrifiant dans lequel ce troisième opus des français de Eryn Non Dae nous fait plonger. A l’heure où nous aimons parler de styles, d’étiquettes, de performances ou d’influences, END se livre littéralement, comme une ouverture de son âme pour mieux trancher la nôtre.
Pour ceux qui ne connaitraient pas "Hydra Lernaïa" et "Meliora", les deux premiers albums, ce "Abandon of the Self" pourrait faire l’effet d’une bombe. Et pour ceux qui les connaissent…oubliez-les. Le temps des influences est terminé, il est fini l’aspect Meshuggah, la destructuration d’une scène française tombant dans une certaine conformité ou la technicité parfois un brin provocatrice de groupes qui, depuis quelques années, ne cessent de changer car le style arrive à bout de souffle. Mais là où Klone épure sa musique en acoustique, que Hacride navigue vers des contrées progressives, que de nombreux autres projets ne donnent plus de nouvelles, Eryn Non Dae a choisi de donner naissance à une entité plus qu’un album traditionnel.

D’une noirceur impressionnante, d’une profondeur abyssale et surtout avant-gardiste comme peu de combos actuels le sont, "Abandon of the Self" donne cette impression d’écouter une créature en plein râle, une entité en proie à des cauchemars et des interrogations plutôt qu’à un « simple » groupe de musique. Les musiciens semblent s’effacer au profit de la musique, la technique n’étant jamais une fin, les riffs n’étant pas la base des compositions, le chant se faisant souvent narration, pensée cathartique où la schizophrénie semble régner en maitre.
Mathieu Nagues, le vocaliste, se mue littéralement en conteur. "Stellar" interroge, la production est sale et malfaisante, écrasante au possible, les quelques toms accompagnés de sons étranges et inquiétants servent à mettre en avant les mots d’un homme partageant sa douleur, se mettant à nu. Il n’est plus question de technique vocale mais d’émotion pure, que ce soit lorsqu’il parle ou lorsqu’il hurle plus loin à s’en arracher les cordes vocales. Les riffs sont épars, rares, l’ambiance est suffocante, la basse rode comme une créature prête à nous attaquer à chaque instant. La batterie accélère sur la fin, déployant ses tentacules et martelant notre cerveau comme un pilon, comme pour mieux nous faire comprendre que nous sommes à la merci de l’album.

Sept fragments d’âmes composent ce disque qui ne ressemble (presque) à aucun autre. Il faut remonter un certain temps en arrière pour retrouver de telles émotions, lorsque les Dillinger étaient encore à leurs débuts, que The End existait encore, que le chaos était une marque de fabrique. Et encore…END est différent.
"Omni" marque par exemple cette différence sur une dizaine de minutes, évoquant presque ce que Elend faisait en son temps, les arrangements ethniques en moins, la base metal en plus. "Halo" est également une immense apnée dans les tréfonds de la psyché humaine. Les guitares forment des nappes lointaines, parfois lumineuses mais jamais rassurantes. L’obscurité est partout, l’épaisseur de la production, paradoxalement aussi organique qu’elle n’est bestiale, renforce l’étouffement que procure le disque. Nous parlions d’une bête, quand les hurlements nous parviennent, c’est bien d’une créature qu’il s’agit tant la déshumanisation semble là. Pourtant, quelque chose d’humain émane de l’album, peut-être une certaine faiblesse, une fracture, une rage et une brutalité typiquement humaine. Le son complète parfaitement le cadre puisqu’il est lourd mais jamais clinique, comme le souffle d’un être primitif qui respirerait près de nous dans l’obscurité, prêt à nous détruire à chaque instant.

Si "Astral" et "Fragment" se rapprochent plus des deux autres opus, possédant une structure plus lisible et plus agressif dans l’ensemble, ils n’en sont pas moins accessibles. Fragment notamment, avec ses accélérations aux toms, ses hurlements de damnés et les quelques incursions de chant clair (la lumière n’est pas présente pour autant) est une énorme claque en travers de l’esprit, l’attaque étant plus psychologique que réellement physique. Ne vous attendez pas à headbanger ou taper du pied…non, "Abandon of the Self" est plus à la fois plus fin et vicieux que ça.
Le bien nommé "Abyss" fait office de conclusion. Encore une fois, le chant n’en est jamais vraiment. Une complainte, les dérives d’un prisonnier de sa propre folie, les prières d’un homme damné accompagné de nappes de guitares et de mélodies lointaines et pleines de mélancolie. La montée en pression s’accompagne de sonorités tordues et presque industrielles propre à renforcer le malaise et l’inconnu qui nous entoure.

"Abandon of the Self" prend fin mais ce n’est que le début. Le début de longs moments d’errances. Des errances où l’espoir n’a pas sa place, où la lumière est absente et où seules les ténèbres, la liberté et l’absence font loi. Est-ce cela l’abandon de soi ? Est-ce cela que de ne plus se plier à aucune règle ?
Aucune idée. Néanmoins, Eryn Non Dae nous livre une plongée dans les arcanes de l’esprit et de la création. Un voyage sans retour. Un voyage exquis et rare. Une œuvre à lui tout-seul.

1 Commentaire

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JeanEdernDesecrator - 15 Avril 2018:

Belle chronique. C'est a la fois lourd et aérien, ça rapelle un peu Neurosis, et Deity Guns pour les guitares aigues comme des essaims d'abeilles éthérées...

Gros son, aussi...

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