Grand hyperactif versatile d’une scène qu’il se plait à sans cesse redéfinir, Peter Tägtgren n’a jamais foncièrement arrêté de composer, produire et tourner depuis le début de sa carrière, lors d’un "
Penetralia" sortie il y déjà dix sept ans. Préférant parfois quitter la brutalité de son death unique avec
Hypocrisy pour se retirer dans les contrées plus dansantes mais néanmoins maladives d’un
Pain au succès de plus en plus écrasant.
Mais l’homme fut fatigué d’
Hypocrisy, vidé d’idées et suite à un
Virus pourtant bien différent de ses albums passés, il stop le groupe pour s’enfermer dans un
Abyss Studio constamment demandé et s’octroie une pause dans le monde cybernétique de
Pain (avec lequel il tournera en ouverture de
Nightwish pendant de nombreux mois).
"
A Taste of Extreme Divinity" arrive donc entre les mains de fans ayant un jour cru que
Pain deviendrait le projet principal du suédois. Cependant marqué d’un retard de plusieurs mois (le ré-engistrement de "
Catch 22" n’étant sans doute pas anodin à cet état de fait), ce onzième méfait s’impose dans une continuité impériale à "
Virus", laissant de côté le côté bien plus lourd et mélodique qui avait filtré sur la réédition de
Catch 22.
Belliqueux au possible mais toujours mélodique et de plus en plus vicieux,
Hypocrisy revient sur le terrain d’un death teigneux mais ouvert, qui avait fait la gloire de leurs premiers albums, foncièrement plus brutaux que la ligne mélodique et parfois progressive tenu sur un album comme "
The Arrival".
Même si "Valley of the Damned" dévoile un groupe connu, à travers des riffs directs mais gardant une accroche mélodique à l’oreille, marque de fabrique du groupe, le son est plus graveleux, plus brut et tranchant alors que la voix recouvre un très grand espace dans le mix, prenant une ampleur encore plus fort que précédemment. La puissance de frappe de Horg est réellement mise à contribution, particulièrement sur les jouissifs et supersoniques "Weed out the Weak", "Ski is Falling
Down" ou "
Taste the
Extreme Divinity".
Sur ce dernier titre, probablement le meilleur du disque, les suédois atteignent un certain absolu dans leur propre style. S’ouvrant sur une rythmique en tapping sombre puis un gros riff moribond, un blast intense et massacreur vient rapidement instaurer une ambiance presque black, très violente et extrême. Le parallèle avec
Immortal se veut facile, et finalement peu représentatif, particulièrement dans le chant haineux d’un Peter allant véritablement au maximum de ses capacités, parfois à la limité d’une improvisation (les hurlements partant dangereusement dans les aigues) apportant un sentiment impressionnant d’urgence et de tension. "Hang Him High", dans sa parfaite antinomie, présente un portait lourd et mid tempo, aussi brutal que catchy et dans la pure veine d’un
Hypocrisy taillé pour le live avec son refrain entrant dans la cervelle pour la hurler dans la fosse. Mais encore une fois, l’intermède, aux détails multiples et malsains, démontre une plus grande richesse que précédemment.
Varié, mais plus cohérent que "
Virus", qui allait parfois du très brutal au très mélodique, "
A Taste of Extreme Divinity" garde toujours une ambiance agressive et extrême, même sur les titres les plus lents. "Global
Domination" par exemple, à l’ouverture lourde et à l’atmosphère nantie de claviers, impose toujours une tension. Peter, de son chant grave et personnel, parfois à la limite de la perversité, instaure toute une ambiance par son unique voix, que l’on pourrait finalement voir bien peu en adéquation avec une musique si mélodique, mais laissant la place à un growl final abyssal et des plus plaisants.
"The Quest", à l’instar d’un "Living to
Die", présentera quelques réminiscences à son autre groupe, plus accessibles et très mélodiques, avant de finir en apothéose sur un "Sky Falling
Down" à la rythmique hallucinante et surmonté d’une double pédale propre au headbanging furieux et déchainé. Le refrain est une véritable démonstration de l’ensemble du talent de
Hypocrisy, destructeur mais paradoxalement presque beau, au Peter se déchirant les cordes vocales avec une aisance peu commune.
Un onzième album qui ne révolutionne rien, qui n’apporte rien concrètement à l’intègre et énorme édifice que construit Peter à travers les années et les genres mais qui montre la parfaite image d’un death ne reniant jamais sa brutalité, sa technique et sa violence mais en se voulant réellement simple d’accès et foncièrement attirant. Toujours attirant…
Merci m'sieur le chroniqueur!
La chronique est aussi en accord avec ce que je pense du disque.
Tout les titres sont excellents, j'ai un petit faible pour "No Tomorrow" que je trouve énorme.
Les refrains sur "Hang Him High" et "Solar Empire" sont à couper le souffle...
Global Domination !!!
Note: 17/20
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