Adeptes du death metal mélodique / symphonique, et néophytes du genre, installez-vous confortablement et préparez de quoi boire, car cette chronique sera longue. Aujourd’hui, on s’attarde sur la dernière sortie d’
Aephanemer, j’ai nommé l’excellent «
A Dream of Wilderness».
Après l’accueil très chaleureux réservé à leur second album «
Prokopton», la formation française remet le couvert avec ce troisième opus en signant par la même occasion ses débuts chez
Napalm Records. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe,
Aephanemer est un quatuor français composé de Marion Bascoul au chant et à la guitare, Mickaël Bonnevialle à la batterie, Lucie Woaye Hune à la basse et de Martin Hamiche en tant que guitariste soliste. Des noms qui ne vous disent peut-être rien, mais qui s’inspirent avec brio de groupes référence en la matière, au point d’être considérés par certains comme l’un des dignes héritiers de
Wintersun. À travers deux albums et un EP, la formation a dévoilé au monde un death mélodique remarquable souvent teinté d’éléments symphoniques en guise de marque de fabrique. Et c’est avec ambition que le quatuor affirme ici vouloir épouser davantage ces éléments symphoniques avec «
A Dream of Wilderness».
L’album débute avec «
Land Of
Hope», une courte pièce instrumentale qui s’avère être anonciatrice de la tournure artistique que souhaite prendre le groupe. Sans même contenir la moindre note de guitare, cette intro poignante arrive à créer une dimension épique qui nous suivra tout au long de l’album. Puis c’est parti, «Antigone» démarre sur les chapeaux de roues avec le riff principal de la composition et déjà, on sent la technicité impressionnante de Martin Hamiche. Le chant de Marion est rugueux et puissant tout au long du morceau, et arrive aisément à se trouver une place parmi les riffs de guitare déroutants de complexité, on relèvera au passage le solo très inspiré à la fin du premier refrain qui fait mouche.
Aephanemer frappe fort dès le début avec une première piste à la hauteur de nos attentes. Mais nous n’avons pas réellement le temps de souffler puisque voilà que s’enchaîne «Of
Volition» : bien que le début semble laisser penser à une composition plus douce et allégée, ne vous méprenez pas ! Le titre adopte rapidement un rythme frénétique, offrant par la même occasion des passages d’une virtuosité débordante qui ferait presque croire que c’est facile. En arrivant vers la fin du morceau, on finit même par se demander comment il est possible de contenir autant de bons riffs en une seule piste.
Mais trêves d’éloges, car c’est à ce moment précis que les choses commencent à devenir intéressantes puisque l’album se poursuit avec «Le Radeau De La Méduse». Et c’est ici qu’intervient ma première petite déception…
Pas vis-à-vis de la qualité, bien au contraire, mais plutôt par rapport au choix du morceau. En effet, la version du morceau présente sur l’album est l’interprétation anglaise, et c’est bien dommage car la version française incluse dans les bonus est bien plus percutante et originale ! Je trouve ça dommage que le groupe n’ait pas assumé jusqu’au bout la présence du titre dans l’album, mais après tout, c’est vite oublié car cette piste est pour moi LE morceau à retenir. Les textes pertinents y racontent les péripéties vécues par les occupants du radeau de la méduse (célèbre peinture de Théodore Géricault) et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le chant en français n’est pas du tout malaisant, il nous fait même frissonner entre voix claires et grognements. Impossible de ne pas fredonner le refrain ou de chanter certains passages. Et côté instrumental, le morceau n’est pas en manque non plus : le riff principal est d’une qualité exemplaire, les solos sont magnifiques, et la fin du morceau fait partie d’un autre monde avec sa dimension épique. En bref, une pépite !
Pas facile donc de passer après une telle piste sans paraître fade en comparaison. Mais c’est sans compter l’intelligence du quatuor qui enchaîne avec «Roots
And Leave». La composition dénote pas mal de la précédente, notamment grâce à son atmosphère plus sombre faisant un peu penser à du black metal symphonique mais version
Aephanemer. On y découvre un chant rugueux moins agressif et une batterie plus aérée. Puis vient le refrain qui laisse place à une mélodie entêtante et particulièrement efficace. Une belle petite perle là aussi. La formation dévoile ensuite une petite interlude d’une profonde mélancolie mais qui est selon moi assez dispensable, avant d’enchainer avec «
Strider». Toujours aussi mélodique, le titre passe plutôt bien et offre une atmosphère planante.
L’album se poursuit avec le premier single mis en ligne par le groupe «Panta Rhei». La piste regorge de bonnes idées, en commençant par la structure du morceau qui est particulièrement bien travaillé. Le refrain hyper accrocheur invite à appuyer sur le bouton «replay», et les mélodies présentes frôlent l’insolence grâce à leur virtuosité. Marion livre une nouvelle fois un travail fantastique notamment en passant d’une voix claire à un chant guttural avec une aisance impressionnante. Vient enfin la chanson éponyme de l’album : «
A Dream of Wilderness», et le constat est assez similaire au reste de l’album, c’est du très bon ! Ici, la basse et la batterie sont irréprochables, en plus de déferler à une vitesse impressionnante, elles se payent le luxe d’être d’une complexité certaine. Le break symphonique est du plus bel effet et les mélodies y sont toujours harmonieuses. Un choix évident pour clôturer l’album en apothéose.
«
A Dream of Wilderness» est bien plus qu’un album, c’est une œuvre à part entière qui s’apprécie dans son intégralité et devient meilleure au fil des écoutes. Alors certes, il y a sans doute un petit côté chauvin dans cette chronique, mais cette dernière sortie reste de loin l’album le plus abouti de la formation. Ce petit groupe méconnu de death melo/sympho est paradoxalement ce qui se fait de mieux dans le genre, en témoigne sa présence de plus en plus remarquée en festivals. Une chose est sûre, la formation toulousaine à encore de belles heures devant elle...
Je ne connaissais pas du tout ce groupe mais j'ai été écouter par curiosité : vraiment très très bon. Et la pochette est vraiment très belle. Merci pour la découverte !
Bonne chronique que je partage. Ce groupe melodeath francais à voix féminine grognée est remarquable. Leur 3ème opus confirme leur talent. Par contre, je ne vois pas trop la filiation avec Wintersun même si leur musique est d'une grande qualité mélodique à l'instar des compos de Jari. A ce propos, on attend toujours son TIME II.
Album un peu décevant pour ma part, je le trouve moins bien équilibré et catchy que son prédécesseur je trouve...
Bonne chro, très bon groupe.
D'ailleurs cette année ils débuteront le Hellfest 2023 le jeudi 15/06 à 17:15 sous le chapiteau ALTAR !
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