Je me prépare pour le dernier jour. Il a aussi fait froid dans la nuit. Comme un idiot, je ne m’étais pas inquiété des horaires d’ouverture. Croyant que comme pour les autres jours, l’ouverture se ferait à 12.45. Manqué, c’est à 11.45. Je m’en rends compte avec la queue qui se forme dès 11.30. Je m’y glisse. Ça n’avance pas, et j’entends en fond « Hexecutor ». Merde ! Me dis-je. C’était un moindre regret, puisque j’avais déjà pu les voir cette année. Néanmoins, de là où j’étais, ça m’avais l’air d’être sacrément canon. Tant pis, je vais effectuer quelques achats, puis m’installer tranquillement face à la Massey Ferguscene.
Machete (FRA)
J’avais déjà croisé ces gars, il y a peu lors du Hellfest. Ce fut globalement une relative bonne surprise. Ce n’était peut-être pas énormissime, mais ça m’avait semblé très correct. Puis, surtout, ça changeait. Car que ce soit au Hellfest ou au Motocultor, le sludge n’y est que faiblement représenté. Force est d’admettre que celui prodigué par « Machete » est toujours aussi agréable. Ils ont renouvelé sans grande peine leur prestation du Hellfest. Toujours le même son gras, étouffant, à faire monter votre taux de cholestérol. On retrouvait aussi le même positionnement sur scène des artistes. C’était « Machete » version Hellfest-bis. Un groupe émérite, qui devra néanmoins prochainement faire l’effort de nouveauté ou de plus de prestance sur scène, s’ils ne veulent pas stagner.
Cliteater
On reste dans le gras cette fois, mais en bien plus lourd. Les néerlandais de « Cliteater » sont pour moi de grands inconnus. Et pour cause, il s’agit d’un groupe de death grind. Je suis très peu habitué au genre. Néanmoins, dans ma quête de sonorités riches, et parce que je souhaitais affronter le plus de styles possible, j’ai fait le choix de me pointer devant leur scène. Pas déçu du tout. J’en ai retenu beaucoup d’énergie, une force dévastatrice. Encore un peu de mal avec cette abondance de pig squeals, mais ça a passé, notamment au vu d’un Joost Silvrants surexcité, sautant de part en part avec l’agilité d’un mec de vingt ans. Le type s’essaye assez remarquablement au français, et communique avec aisance et sympathie avec la foule rassemblée. Les circle pits ont fait le ménage durant leur prestation. Pour le coup « Cliteater » a fait l’effet d’une machine à laver.
Alcest
Les gars de « Cliteater », Joost en tête, nous invitaient à nous rendre à la Massey Ferguscene pour voir « Gutalax ». Ce groupe devait initialement se présenter en première journée, sauf que des changements de dernière minute l’ont poussé à jouer ce dimanche au lieu du vendredi, remplaçant « Crown », qui a été replacé sur l’horaire de « Delain », ce dernier ayant annulé sa date au Motocultor (très dommage d’ailleurs). Vous suivez ? N’étant aucunement scato, et me doutant bien que ce serait un gros bordel généralisé, je préfère rester à la barrière, attendre « Alcest » en suivant du coin de l’œil « Verbal Razors » qui avait l’air de tout dépoter. On me dit tellement de mal d’ « Alcest », que je cherchais surtout à comprendre. Mes écoutes dataient ou avaient été quelque peu rapides. Je souhaitais voir ce que cela donnait sur scène, et je me doutais bien aussi que je n’aurai pas tellement d’occasions de voir Neige sur scène. Je trouve le bonhomme en compagnie de Winterhalter et des membres live Zero et Indria. Je m’attendais pas à du spectacle de voltige ou un caléidoscope de couleurs, mais il faut dire que scéniquement c’était très sobre. Neige m’avait paru extrêmement timide, néanmoins ça reflétait moins sur sa musique ou sur sa voix que sur son apparence strictement physique. Le tout s’avérait prenant. Le public semblait capté par l’harmonie des douces sonirités atmosphériques. J’avais eu un véritable choc sur « Percées de Lumière » et « Souvenirs d’un Autre Monde », deux titres redoutables sur support studio. « Percées de Lumière », surtout pour son chant extrême, trop rare dans sa discographie, mais absolument divin. « Délivrance », bien que très potable, me décontenançait cependant. Les longueurs, la grande légèreté, ne facilitaient pas à la perception. Sur ce titre, on voit d’ailleurs le bassiste Indria partir tranquillement avant la fin. Dommage qu’il n’ait pas adressé un salut au public. Ce n’était pas du black metal pourtant.
Dopethrone
On change totalement de registre. Au revoir la poésie ! On remonte donc la butte pour voir des joyeux défoncés du Québec. Rien qu’au nom du groupe, vous êtes prévenus. N’étant aucunement consommateur de substances psychotropes, je voulais tester ce groupe dont j’attendais des vertus aussi musicales qu’hallucinogènes. Pas manqué. Les trois bonhommes arrivants sur scène impressionnent. Ils sont sales, ils ont de sales gueules. Ils feraient changer de trottoir n’importe quel passant (bien que je les ai vu discuter avec des dames plus âgées bien après le show). En bref ! Font peurs à voir quoi. Le chanteur/gratteux Vincent Houde avait en plus un regard possédé. Son ricanement attestait qu’il y avait bien quelque chose de corrompu en lui, ou du moins un visiteur. Pauvre âme damné que je suis, qu’ai-je fait en venant ici ? Ne supportant pas l’odeur de la beuh, je dois dire que j’ai été servi. Tout autour de moi cela fumait, une nana juste devant a encaissé 4 douilles d’affilée sans broncher. Autant dire qu’il n’y avait pas besoin de fumigène, le public s’en chargeait. Pendant ce temps, « Dopethrone » nous envoyait un stoner lourd, gras et intriguant, loin d’être dégueu. On voit un moment un des membres de « Huata » taper l’incrust au micro, après avoir sifflé une bouteille de blanc derrière la batterie. Le diable était de la partie, avec ses artifices et ses aromates.
Ne Obliviscaris
Comme pour « Machete », c’était la seconde fois que j’assistais à une prestation de «Ne Obliviscaris » depuis le dernier Hellfest. Il faut avouer que la jeune formation australienne a connu un succès plus que fulgurant, rien qu’à jauger du nombre de visiteurs sur les audios diffusés sur internet. J’avais pourtant eu une appréciation timorée par rapport à leur show du Hellfest. Impression, qui est certes loin d’être partagée par tout le monde, plutôt globalement enchanté par les mélodies produites. En fait, mon sentiment s’est beaucoup lié à leur présence sur scène. Scéniquement, il faut dire que ça bougeait pas trop, et que beaucoup était dévolu au chanteur/violoniste, les autres se cantonnant plus à un rôle très en retrait. Rebelote au Motocultor. Il s’agissait purement d’une redite. On a eu le droit au même slam du chanteur/violoniste Tim Charles en fin, dans un moment prévisible. Prévisible, c’est un des maux de « Ne Obliviscaris » sur scène. Ce reproche est néanmoins fragile face à la technique redoutable des musiciens, et on excusera leur grande concentration. Ajoutons à cela, parmi ceux-là, le bassiste, simplement bluffant avec sa cinq cordes. En revanche, je suis resté dubitatif quant à Xenoyr, celui qui fait office de chanteur extrême, prenant très (trop) souvent la pause. Il se contente de bien trop de mouvement, semble très passif, tandis que son compère au chant clair et au violon s’emporte plus facilement. On le voit même un moment quitter la scène pour y lire des sms. On rêve ! Je n’ai pas été très convaincu de sa contribution, sachant que le groupe est plus que jamais sous les feux des projecteurs. Encore un peu de maturité et il enflammera les planches du feu du diable, et aussi assurément que sur support studio.
Crown
Ne connaissant ceux-là que de strict nom, la curiosité l’a encore emporté pour « Crown », projet français semblant s’inspirer de « Neurosis » et comptant trois membres. Aucun batteur n’est en vue, et c’était la question qui a circulé pendant les préparations. Au lieu de cela, en effet, une boîte à rythmes. Ce n’était pas plus mal d’ailleurs, cela rendait un percutant synthétique bien en phase avec les atmosphères oppressantes produites. On retenait aussi de la musique un aspect minimaliste, mais aussi répétitif, accentuant justement la sensation d’oppression. Ça n’a pas eu un effet prodigieux sur ma personne, mais j’en suis ressorti assez satisfait du concert. Cependant, à titre personnel, je n’écouterai pas cela au quotidien.
Agalloch
Il faut dire que j’attendais impatiemment la venue d’ « Agalloch ». C’est un mythe difficilement classable en provenance des Etats-Unis qui avait fait son déplacement en Bretagne, pour jouer à la tombée de la nuit. Il y avait eu au préalable une discussion à propos de son nom. On me certifiait que son nom se prononçait « Agallo-re », d’après ceux qui étaient notamment sur le point de vente à côté. Moi, en référence au « Loch Ness », j’étais convaincu que cela se prononçait « Agallo-ke ». Dès, la première phrase de présentation du chanteur/guitariste cela a été vite tranché à ma faveur. J’avais l’image d’un groupe un peu plus jeune pour « Agallo-ke », John Haughm notamment m’avait paru un peu ramassé, reconnaissable à son collier à 8 flèches représentant le chaos selon l’œuvre de Moorcock ou l’Eurasie selon que l’on soit un fervent d’Alexandre Douguine. Le guitariste à droite sur la scène de vue du public, Don Anderson, dépensait une énergie incroyable. Extrêmement dynamique et prenant souvent la pause pour les photographes. A croire qu’il souhaitait voler la vedette. Le show en lui-même se situait au-dessus de la moyenne de ce Motocultor. Ce n’était peut-être aussi enivrant qu’en disque, mais le charme, la magie étaient bien présents, bien qu’il n’y ait eu aucun titre de « The Mantle » à mon souvenir. Et puis, c’est toujours un réel plaisir de devoir assister à un concert par de véritables légendes.
Orange Goblin
Autres légendes, autre son, là on parle de légendes du stoner. Que dire ? De véritables monstres, avec un géant au micro, Ben Ward, leader charismatique, arborant un sourire et une détente désarmants. On nous avait prévenu. Il allait y avoir su sport dans le public. Un léger souci est intervenu à propos des personnes en chaises roulantes. Impossible pour eux de passer devant la barrière ou juste à proximité, à cause déjà de l’impossibilité pour eux d’accéder à la fosse de presse à cause de l’étroitesse du passage, à cause aussi du risque que pourrait occasionner les slams. Et des slams, il y en a eu sur des concerts d’« Orange Goblin », et il y en aura durant cette soirée folle. Quel concert d’ailleurs ! Quelle claque monumentale ! Une de ces fortes prises avec « Solstafir » et « God Seed ». Une de celles qui vont marquer à vie. Tout était parfait, la musique, l’ambiance, pour le coup excellente. En plein milieu du concert, ils ont fait la surprise de fêter le quarantième anniversaire du guitariste Joe Hoare avec un gâteau. Petit entracte avant qu’ils ne reprennent de plus belle. Je ne regrette absolument pas ma venue. « Orange Goblin » bougeait avec son public en transe, toujours avec ce géant en proue et ce sourire, cette envie. Putain ! Encore une fois s’il vous plait !
Opeth
Les fans de ce groupe se comptent en nombre. Comme clou de spectacle on a trouvé bien pire. C’est bien une très grosse formation de renommée internationale qui venait clore le Motocultor. « Opeth » savoure aujourd’hui un statut de dieu du Metal, même plus de demi-Dieu. Malgré l’heure tardive, tout le campement semblait être présent face à la scène. Le rendez-vous était immanquable. Même, moi qui ne suis pourtant pas un grand fan. Possédant néanmoins quelques pièces, comme à peu près tout le monde ici, il fallait quand même que je sois là. J’ai rarement profité de mon pass photo, préférant suivre un concert en intégralité et pas que partiellement ou refoulé par la suite sur le côté. Là, j’ai joué de mon sésame. La situation l’imposait, car il était impossible de photographier de près autrement. Il s’agissait de la plus grosse pointure du Motocultor, mais malheureusement ce n’était pas le meilleur show des festivités auquel j’ai assisté. Je me serais vraiment cru à un concert de clones des « Pink Floyd ». J’en avais plus que la simple sensation, c’était une persistance. Chaque personnage était rivé à son emplacement et semblait s’épanouir du jeu de son instrument. Un peu moins le claviériste, renvoyant plus de dynamisme, frappant s’il le faut sur ses touches avec le poing. Une partie du public s’abreuvait aux lignes mélodiques. Moi, j’aurai souhaité écouter dans anciens titres surtout. Il y a bien eu quelques faibles growls à mon souvenir, mais tout s’est enrobé dans un rock progressif hérité d’un Gilmour ou d’un Waters. A la fin de la setlist, je me suis crispé quand Akerfeldt d’un ton désintéressé, annonça la dernière chanson prévue, ou plus exactement de sa bouche « the last shit ». J’ignorais qu’il avait une telle déconsidération avec ses chansons. Je n’étais pas à un concert de « Marilyn Manson » pourtant. Ce fut bien la dernière, sans rappel. « Opeth » a joué parfaitement, en phase avec ses dernières productions tournées au rock progressif, mais sans grande envie, contrastant très fortement avec l’image nonchalante et agréable offerte par « Orange Goblin » très peu avant. Une semi-déception qui l’emporte à la seule musique.
Mais bien d'accord, Opeth un brin décevant, set trop court, et pas forcément bien positionné en tout dernier du fest. Pas au niveau des sets de Triptykon ou Orange Goblin effectivement.
En tout cas merci pour ton taf Seb, ça fait plaisir.
Et bravo pour ton travail, d'une manière générale excellent.
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