Napalm Death nous revient en cette année
2012 avec un «
Utilitarian » haut de gamme.
Le groupe de Birmingham est devenu dès 1987 le fer de lance du Grind, en sortant deux brûlots du genre: «
Scum »(1987) et «
From Enslavement to Obliteration »(1988). Ces deux albums ont hissé le groupe parmi les leaders de la scène extrême du moment grâce à une violence inégalée jusqu'alors, et à une rapidité favorisée par les blast-Beats impressionnants de Mick Harris, le premier batteur du groupe. Les britanniques ont su par la suite traverser les décennies en se renouvelant, avec notamment l'intégration d'une touche Death-Métal apportant structure et longueur aux compositions.
Napalm Death sort avec "
Utilitarian" un album puissant et novateur, comparable à son illustre prédécesseur «
Time Waits for No Slave », avec toutefois un côté "Grindcore" un peu plus prononcé.
L'album interpelle tout d'abord par une pochette noire et blanche, qui n'est pas sans rappeler les toutes premières pochettes d'album du groupe et les photos montages anti-fascistes des années 30. Le thème est d'entrée anti-establishment et contestataire. Au niveau musical, «
Utilitarian » enchaîne blast, Grind, et déferlante de riffs hallucinants de vélocité. Le Death-
Metal garde toutefois une bonne place dans les compositions.
L'album surprend tout d'abord par la qualité d'un son très profond. La production est léchée, et le couple basse/batterie de Shane Embury et Danny Herrera est absolument indéboulonnable. La guitare de Mitch Harris présente un son acéré bien typé Grind. Au niveau du chant,
Barney a la locution incisive et parfaitement calée sur le tempo. Il scande de manière originale ces phrasés et est efficacement épaulé par la voix "écorchée vive" de Mitch Harris.
Passons le menu par le détail:
Nous avons tout d'abord droit à une intro nommée « Circumspect », qui nous
Balance d'entrée dans un univers glauque et tourmenté. On sent un
Napalm Death déjà implacable, et près à envoyer à l'auditeur toute l'étendue de son art.
« Errors in The Signals » déboule avec le chant doublé de
Barney et Mitch, et on en prend plein la gueule en moins de temps qu'il ne faut pour s'en rendre compte. Il n'y a pour ainsi dire aucun temps mort dans l'album.
« Everyday Pox » nous retranche derrière une déferlante de riffs très inspirés, entre middle-tempo et vélocité accrue.
Napalm Death se joue de nous et surprend notamment par l'utilisation d'un saxophone déjanté. « Protection Racket » est une bombe avec un refrain très accrocheur comme nos britanniques savent le faire, entre passages lents et ténébreux. « The
Wolf I Feed » confirme la cohérence intransigeante de cet album, avec tous les ingrédients qui font l'intérêt de ce nouvel opus. A noter dans ce dernier morceau les terribles plans de basse de Shane Embury, ainsi qu'un chant clair utilisé à dose homéopathique.
« Quarantined », «
Fall on Their
Swords », «
Collision Course » et « Orders of Magnitude » sont d’excellents morceaux accrocheurs, qui forment une rampe de décollage pour le cœur de l'album: un trio de titres d'anthologie. Tout d'abord, « Think
Tank Trials » est de la trempe des meilleurs morceaux de Grindcore-Death, et on est étonné par cette
Tension palpable et par une inspiration encore au rendez vous. On a envie de headbanger comme un fou, et on le fait ! « Bank Look About Face » est infernal. On est ici confronté à des plans décalés et sournois avec un refrain scandé et un final grandiose comprenant des chœurs puissants. Avec «
Leper Colony », nous sommes à la douzième piste et la fièvre est à son apogée. Les quatre compères nous livrent un Grind-Death de haute volée, mâtiné à nouveau de ces chœurs virils surprenants.
Viennent ensuite «
Aim Without an
Aim » et « Everything in Mono » qui sont deux morceaux ajoutés pour l'édition limitée. Ils sont de bonne facture, mais pas indispensables car ils n'apportent rien de plus à l'ensemble. « Nom de Guerre » est le morceau le plus court de l'album, dense et direct, du Grind à l'état pur avec une intro parlé sur fond de guitare déchirée. Un larsen ouvre ensuite les 3 derniers morceaux: «
Analysis Paralysis » est un bonheur à l'écoute, la rapidité d'exécution des riffs est remarquable et il se dégage une urgence irrépressible. « Opposites Repellent » est une déferlante de vocaux et de riffs ultra rapides, et « A gag reflex » clos brillamment le bal avec notamment des roulements de batterie précis de "maître Herrera".
Vous l'avez compris, «
Utilitarian » est une œuvre très maîtrisée. Il y a peu de temps morts, tant les morceaux s'enchaînent avec fureur. Les membres du groupe ont su varier les plaisirs en incluant des éléments comme des chœurs et des parties ambiantes. Cet album s'écoute donc du début à la fin sans que l'auditeur ne ressente de sensation de déjà-entendu.
Seul bémol, les deux pistes 13 et 14 ajoutées à l'édition limité n'apportent rien à un album qui est déjà suffisamment long et homogène.
Dans ce brûlot de 16 pistes en version normale (et suffisante), tout est bon, implacable, et bigrement cohérent.
Napalm Death se pose donc en poids lourd incontournable de la scène Grind-Death. Un prochain album est attendu pour 2014, ce qui nous met déjà l'eau à la bouche...
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