Pionniers de l'EBM, cette musique électronique froide, glauque et aux accents industriels, au début de sa carrière,
Die Krupps a ensuite évolué. Le groupe s'oriente en effet dès le début des nineties vers un style résolument plus "metal industriel" avec l'apport de divers guitaristes (comme par exemple Lee Althus des thrashers ricains de
Heathen). Mais en 1997 survient le split.
Après une pause, le trio composé par Ralf Dörper, Jürgen Engler et Marcle Zürcher reprend du service vers 2005/2006, sortant diverses compilations et albums de remix mais pas encore de full-length. C'est chose faite avec ce "Machinists Of Joy", successeur de "
Paradise Now", 17 ans après. Flanqué d'un artwork sobre (figurant le leader Engler), ce nouvel album se veut, selon le groupe, représentatif de tout le spectre musical exploré par le combo depuis ses débuts.
Et en effet, tout au long de l'album,
Die Krupps alterne entre les deux principaux pôles de sa carrière. On a le droit à des titres clairement orientés "metal industriel" où la part belle est faite aux guitares de Marcel Zürcher ("Ein Blick Zurück Im Zorne" et son côté martial ou encore "Nocebo" et ses gros riffs baveux) en parralèlle de pas mal de morceaux clairement électro, construits sur un beat répétitif, où les grattes se font bien plus discrètes ("Schmutzfabrik","Part Of
The Machine").
Cependant ces deux aspects sont loin d'être imperméables, dans le sens où chacun d'entre eux déteint évidemment sur l'autre. Les titres indus contiennent pas mal d'aspects électro tandis que les titres plus axés EBM ont souvent une noirceur et un côté martial bien prononcés. L'ambiance "machinerie/monde robotique" (qui fait bien sur référence au titre de l'album) est notamment entretenue par une grosse quantité de samples, qui s'intègrent très naturellement à l'ensemble.
Si plusieurs titres font dans l'efficacité, offrant notamment des refrains percutants que l'auditeur retiendra sans peine, ou même dans l'originalité (la très symphonique "
Robo Sapien"), d'autres sont sensiblement plus mous ou moins inspirés. Entre une panne visible de créativité (le très subtil refrain du morceau-titre répété deux fois en anglais puis deux fois en allemand...) et des morceaux plutôt anémiques ("Im Falschen
Land","Eiskalter
Engel"), on se retrouve avec une seconde partie d'album un peu poussive. Dommage, surtout quand le disque affiche une heure au compteur.
Par ailleurs les paroles sont encore une fois dans l'esprit critique et contestataire (voire sarcastique) du trio, dénonçant tour à tour l'industrialisation et ses excès ("Schmutzfabrik", usine de la crasse), les machines inhumaines ("
Robo Sapien"), les ravages de la guerre ou abordant des sujets polémiques comme l'immigration ("Im Falschen
Land", dans le mauvais pays).
Le disque se conclut de la meilleure des manières sur l'excellent "Im Schatten Der Ringe" avec sa superbe mélodie apportant fraîcheur et une touche presque épique. Cet album n'est clairement pas mauvais, loin de là, mais on sent que le groupe a peut-être voulu en faire un peu trop. Il aurait peut-être gagné à proposer moins de titres, augmentant leur impact. Cependant les fans devraient se régaler de cette offrande qui reste tout à fait honorable.
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