Quelle époque bénie que celle des vinyles ! Quatre titres par face, loin du remplissage parfois inutile et gavant, non pas des oies et canards à l’automne, mais des formats numériques actuels comme le CD.
Quelle époque bénie que celle durant laquelle
Tank nous offrait notre pitance régulière ! Ce cinquième album, à nouveau produit par le groupe lui-même, contient tous les ingrédients identitaires de la musique de ces pionniers de la NWOBHM.
Dans un style post-punk métallisé, Alasdair « Algy » Mackie Ward, bassiste-chanteur-compositeur-fondateur du combo, a toujours eu le mérite de privilégier les titres épiques et puissants, mélodiques et énergiques, aussi impressionnants dans leur impact sur leur auditoire que la machine de guerre qu’ils ont choisie comme emblème.
Sur les huit morceaux de cette galette enregistrée au Beethoven Street de Londres, six furent composés par Algy alors que « With your
Life » ainsi que «
The Hell they must
Suffer » portent la marque du second guitariste Mick
Tucker qui avait rejoint
Tank depuis le fameux «
This Means War » de 1983.
Complété de Cliff Evans, à la guitare depuis le précédent album « Honour and
Blood », et de Gary Taylor ex-
Buffalo et Streetfighter à la batterie,
Tank livre un dernier témoignage d’une époque bénie qui les vit ouvrir et tourner avec Mötörhead,
Metallica,
Raven en Europe comme aux USA, qui les vit signer des deals avec des maisons de disques aussi prestigieuses que Music For Nations ou GWR, qui les vit être produits par
Fast Eddie Clarke ou
John Verity par exemple. Qui dit mieux ?
Epuisé par les tournées récentes, Algy n’en perd pas pour autant la foi, entretenue par la richesse des rencontres des dernières années.
Il se lance même dans les titres heavy-rock comme ce «
Lost » d’où émergent des claviers sur une rythmique de cheval de trait assurée par une doublette de guitares bénéficiant d’un son énorme. Le chant si typique d’Algy se fond admirablement dans le corps de cette chanson d’amour atypique pour
Tank, au solo céleste proche d’un
Gary Moore en grande forme. On retrouve cet apport de claviers sur le second titre lent « None but the
Brave » qui clôt la première face sur une touche de mélancolie euphorisante. En contretemps avec un beat de batterie de plomb et une ligne de basse pulsant la cadence, le riff sec de la paire Evans-
Tucker permet à ce morceau de s’envoler soudain aux confins du cosmos, aidé en cela par des soli stratosphériques et un chant plus plaintif du divin bassiste vous prenant littéralement aux tripes.
Orphelin de son passé avec The Damned et des frères Brabbs, Peter James à la guitare et Mark Arthur aux fûts, les racines punk d’Algy ressurgissent sur un anarchique « It Fell from the Sky » gratifié d’un énorme travail de Gary Taylor et d’une débauche d’énergie débridée côté guitares. Basse de spéléo en avant, le chant presque étouffé se livre à un jeu de cache-cache avec les annonces du pas de tir de
Houston avant que ne résonne le message posthume de Ronald Reagan à l’adresse des disparus de la navette Challenger qui explosa le 28 janvier 1986 après 73 secondes de vol.
Propulsé par un beat de basse massif, «
The Hell They must
Suffer » renoue non sans une pointe de nonchalance avec un riffing de bulldozer qui donne la part belle au travail en lead de
Tucker et Evans ainsi qu’au chant toujours un poil nasillard de l’ancien complice de Captain Sensible. Dans un esprit très AC/DCien pour sa base rythmique archi-solide, « March on, Sons of Nippon » déchire l’air comme le raid japonais sur Pearl Harbour. Algy envoie du bois avec son ustensile préféré sur le pré-chorus et le refrain et confie la tenue de la mélodie aux deux six-cordistes qui font preuve d’une certaine puissance de feu et d’un à-propos presque décousu.
Mais
Tank ne serait pas fidèle à sa légende sans les deux obus qu’ils balancent en début de chaque face. Un véritable canon de 76mm monté sur le légendaire
Firefly.
Les 7 minutes de « Reign of
Thunder » s’écoulent dans un déluge de guitares assourdissantes et l’attaque sabre au clair de Gary Taylor, martelant sa double pédale tel un damné. La voix gouailleuse d’Algy Ward s’associe sans peine à la cavalcade de guitares et ses harmoniques judicieuses. Quelle splendide doublette de soli à nouveau qui éclabousse cette pièce d’artillerie à la «
Tank touch », reconnaissable à ce pré-chorus ralentissant à peine le rythme pour relancer vigoureusement la machine. A peine rassasié, jetez-vous donc sur l’ébouriffant « The Enemy below », boule d’énergie brute au mixage approximatif mais faisant autant de ravage qu’une balle en pleine tête. Le travail de Gary Taylor mérite d’être souligné : ça tabasse sec derrière un riffing de tueur et une orgie de décibels. Certainement un des titres les plus perforants de
Tank !
Gardons pour la fin le sublime « With your
Life » aux relents Thin Lizziens et son riff aussi gras qu’une huile de vidange d’un vieux Sherman en fin de course. Le chant habité du bassiste transcende ce titre d’une poignante sincérité. « With your
Life, you pay for this » vous ferait facilement dresser les poils tandis que l’intensité du break et des soli ne laissent en rien faiblir cette douce hypnose ressentie à son écoute.
Un album moins connu dans la discographie de
Tank qu’il faut savoir déguster ou découvrir avec attention.
Il précèdera une longue période de silence de 1989 à 2002 qui vit le retour de la machine infernale avec un terrible «
Still at War ». Certains vous diront que l’atout de ces machines infernales réside dans un difficile compromis entre puissance de feu, épaisseur de blindage et mobilité sur tous les types de terrain. S’il fallait baptiser ce
Tank-là, on pourrait aisément lui donner le nom de
Tank Devil. A ne pas confondre avec celui des champs…
Didier – Janvier 2014
I Just Can't Believe, The Scale Of This
Disease
It Bleeds Many Hearts So
Hollow
If There Is A
God, If There Is A
God,
Please Find A Cure By Tomorrow
Investissement imminent.
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