La vie est tout de même bizarre parfois. On dit souvent qu’il ne faut pas se fier aux apparences. C’est bien évidemment le cas lorsque l’on parle de
Satan.
Pas du Malin, car de ce côté-là, on peut trouver en Lui ce que l’on recherche. Non, je parle de ce groupe originaire de Newcastle. Immanquablement, on pense qu’ils doivent officier dans un registre occulte et Black. Perdu !
Tout commence en 1979, lorsque
Satan voit le jour en plein mouvement de la New Wave of British Heavy-
Metal. Les changements de line-up furent légions comme dans bien d’autres groupes et même le changement temporaire de nom en 1985 en
Blind Fury, comme pour mieux coller à un style qui n’avait rien de satanique. Le premier LP de
Satan en 1983 «
Court in the Act » avaient déjà marqué de son empreinte le monde du heavy-
Metal avec son matériel travaillé avec soin, presque ciselé, et ses textes engagés. De cette époque, seul Brian Ross, brillant vocaliste, disparut.
Secondé par un nouveau chanteur, Michael J. Jackson (le J. revêt toute son importance), la paire de guitaristes Russ Tippins et Steve Ramsey ainsi que le bassiste Graeme English (humm so British…) et Sean Taylor aux fûts s’enferment entre le 9 et le 19 mars 1987 aux
Firehouse Studios de Londres pour mettre au monde le successeur de ce très réussi premier album. Le design de Bill Caldwell pour la pochette et la production de Roy M. Rowland donnent le ton de ce nouvel opus «
Suspended Sentence ».
La bête n’est d’ailleurs pas facile à dompter.
Les compositions sont toujours complexes et la première écoute ne suffit pas à capter toutes les subtilités du style de
Satan. On se rapproche d’ailleurs de la griffe «
Savatage » avec des pièces grandioses oscillant vers un heavy-metal technique et tortueux, saupoudré par touche de riffing thrash. L’organe de Michael J. Jackson fait penser à un savant mélange rauque de
Rhett Forrester et de Jon
Oliva. Difficile de classer
Satan dans la NWOBHM tant leur musique jette les ponts d’un crossover transgenres où la musicalité cherche à se transcender dans un riffing plus ravageur.
Même l’ironie pointe son nez avec un instrumental placé en première piste et dont le nom correspond simplement à la durée de l’intermède musical.
Place est faite pour des up-tempi kick-ass, tout en mélodie mais aussi en violence contenue. La basse omniprésente de Graeme English donne le pouls sur « Who Dies Wins » au riffing post-Maiden de Russ Tippins et Steve Ramsey. Rythme chaloupé, rythme changeant à l’humeur d’une paire de solistes, aussi techniques qu’inattendus, la cohésion d’ensemble s’installe dans une fluidité maitrisée tout le long de ce premier tourbillon frôlant les 7 minutes. Le chant puissant occupe avec autorité tout l’espace sonore et vous tient en haleine.
La recette est à nouveau appliquée sur « 11th
Commandment » influencé par Accept, soudain mordu par un bull-dog Britannique. La basse slapée de l’introduction laisse place à la ligne de riff saccadée de Tippins et Ramsey alors que Sean Taylor rappelle qu’il n’est pas là que pour la figuration en balançant quelques interventions nerveuses. Pour les amateurs, signalons un somptueux duo de soli.
Toute la complexe alchimie de
Satan se retrouve dans les 8 minutes du titre «
Avalanche of a
Million Hearts ». Commençant sur les bases d’une power-ballade stratosphérique, les roulements de grosse-caisse de Taylor et la basse vengeresse d’English introduisent une cavalcade furieuse de guitares qui finiront d’emporter ce heavy racé et nerveux sur des cimes aux décibels majestueux et éternels. Michael J. Jackson rivalise de son chant inspiré et éraillé avec ses compères guitaristes qui délivrent une copie au feeling incandescent. Son enchainement avec « Calculated
Execution » sur un mini solo de batterie et la basse imposante de Graeme English vous cueille sans coup férir. Le chant quasi possédé de Jackson fait son affaire des modifications incessantes de rythme, tantôt speed tantôt techno-thrash.
Satan aborde à nouveau les terrains du speed avec un « S.C.U.M » dont le thème principal concerne la marginalité sociale bien en vogue sous le gouvernement de Margaret Thatcher. Structure en place, les instruments crachent le feu et ce bijou d’urgence bénéficie d’un riffing aussi malsain que la situation de ses rejetés de la vie dont Jackson nous conte les déboires. Un morceau qui fait mouche !
Les ponts que
Satan lance entre hard et thrash profitent au massif et lourd «
Suicidal Justice » à la basse surpuissante, petite perle de techno-thrash heavy éclaboussée de la partie de manivelle de Sean Taylor et la double dose de soli envoyée en alternance par le couple Tippins/Ramsey au sommet de son ingéniosité. Loin de minimiser la performance de Michael J. Jackson, ce genre de morceaux permet au vocaliste d’afficher la palette de son timbre. «
Vandal » le prouvera aussi sans difficulté. Incisifs et vindicatifs, ses vocaux finiront presqu’écorchés dans le déluge de guitares de ce titre ultra-vitaminé à la musicalité finement travaillée.
Satan aura fait partie de ces fameux chaînons manquants, reliant un pan essentiel des différents genres du heavy-metal entre eux. Un catalyseur de sonorités et de lignes mélodiques qu’il est difficile à la première écoute de décoder dans toute sa profondeur. Au final, le patronyme de
Blind Fury, lui aussi, aura bien mal fait son office. Point de « Furie Aveugle » sur cette galette, bien au contraire. Nos cinq gars de Newcastle savaient pertinemment où ils voulaient nous emmener. Avec une dose de malignité et de dextérité presque… Satanique.
Didier – Décembre 2013
Kill a man and you are a murderer
Kill a million men and you are a conqueror
Kill everyone and you are a god
Ce groupe de la New Wave Of British Heavy Metal avait pris comme mauvaise habitude de changer régulièrement de nom (ainsi que de chanteur), et cela depuis ses débuts en 1981 !
D'abord appelé Satan ("Court In The Act"), puis Blind Fury ("Out Of Reach"), puis à nouveau Satan (le mini lp " Into The Future" et "Suspended Sentence"), puis Pariah ("The Kindred", "Blaze Of Obscurity" et "Unity"), et enfin de nouveau Satan ("Life Sentence" et "Atom By Atom")...
Ouf !
Difficile à suivre, et surtout à comprendre !
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