Norma Jean est sans doute le groupe qui a su négocier au mieux son évolution musicale. Toutefois, le groupe avait quelque peu divisé ses fans avec son cinquième opus trop dans le moule du Metalcore mélodique à cause de l‘utilisation abusive du chant clair sur les refrains. Nous revoici donc en 2010, année de la sortie de
Meridional, sixième album du quintet d’Atlanta et y a du changement ; avec pour commencer l’abandon de ce vieux, illustre et (excuse moi) obsolète, Ross Robinson (Slipknot,
Fear Factory,
Korn and Co) au profit d’un nouveau producteur plus dans l'air du temps :
Jeremy Griffith (
Saosin, Forever Changed, Cool
Hand Luke). Continuons dans les nouveautés, le groupe est désormais labélisé par
Razor and Tie Records.
Avec un fond
Metal et un zeste de Hardcore, les Américains donnent du mouvement à l'ensemble, sans aller jusqu'au délire de
Every Time I Die ni au penchant à la fois extravagant et schizophrénique de
The Chariot. Non,
Norma Jean prend un tout autre chemin, un peu à la manière de
Converge depuis
Jane Doe. On retrouve enfin cette rage et cette créativité que
Norma Jean n’avait pas produit depuis Reedemer. Certes le chant clair est et fera toujours partie du paysage, mais là où
The Anti Mother péchait, Cory Brandan a su s'amélioré sur tous les fronts en utilisant désormais à meilleur escient son chant qui varie ici entre le cri torturé et le supplice nostalgique.
Leaderless and Self Enlisted et The
Anthem of the
Angry Brides viennent chercher l’inspiration dans les racines les plus profondes du groupe (
Bless the Martyr and Kiss the Child et
Ô God the Aftermath). Les riffs sanglants du premier morceau sont beaucoup plus originaux et recherchés que sur l’album précédent. De plus la batterie y est plus puissante dans sa frappe. Le refrain entraînant et la rythmique solide qui force au respect, font de ce premier titre un des plus impressionnants. Le second remonte encore plus loin dans le temps s’inspirant des premiers albums avec son riff Math déstructuré made in
Converge. L’introduction se veut des plus anarchiques et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fonctionne extrêmement bien.
Les cinq premiers morceaux forment la première partie, remplie de rage et de souffrance, jusqu'à Septentrional, qui, avec ses chœurs accompagnent la guitare sèche et se désigne comme le premier interlude, reposant ainsi nos esprits avant d’attaquer le second chapitre, composé cette fois-ci de quatre titres.
Passé le premier interlude, le groupe va reprendre la direction prise avec
The Anti Mother, soit des morceaux moins rentre-dedans et plus mélodieux, à l'exception de
Blood Burner : une piste emplie d’un feeling négatif et d’une atmosphère dérangeante. Dans cette seconde partie faite désormais place à un son plus noir et plus malsain qui fera encore mieux ressortir des mélodies plus digestes et définitivement plus efficaces. Le groupe semble enfin avoir retrouvé son authenticité, son envie et son équilibre sans renier ses désirs de délicatesse. Le voluptueux Falling From The Sky: Day
Seven en est le meilleur témoin offrant plus de 6 minutes attendrissantes et riches en émotion, mais toujours empreintes de ce courroux sous-jacent.
Le morceau qui suit, Everlasting Tapeworm est marqué par la participation de Shelby Cinca (Frodus) au chant. Ici les riffs ont parfois tendance à durcir le ton sur ce titre belliqueux rappelant sans conteste O'
God The
Aftermath parsemé de quelques sonorités originales typées Rock Sudiste. On finit le disque avec Innocent Bystanders
United / Oriental qui dure 25 minutes mais dont il n’y a pas grand-chose à dire étant donné qu’il y a au moins 15 minutes de blanc (qui ne sert absolument à rien) avant d’entendre le dernier interlude, et donc la fin de l’album, Oriental.
Je suis ravi de voir que
Norma Jean n’a rien perdu de sa créativité, mais surtout que le groupe a toujours en réserve un peu de rage et de créativité, pour nous sortir, à mon humble avis, son album le plus inspiré et le plus varié. Les morceaux se complètent parfaitement bien et s’enchaînent avec fluidité. Et le plaisir n’en est que décuplé quand on se dit que l’on a en face de soi un groupe talentueux qui livre ici un album de qualité rare de nos jours. C’est simple cet album est certainement le meilleur
Norma Jean depuis des années.
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