Avec «
Kill the Sun »,
Xandria présente tout simplement un début très sympathique.
Fondé une première fois en
1994 par le guitariste et claviériste Marco Heubaum (par ailleurs, seul membre rescapé de la formation actuelle), et séparé dans la foulée en 1997,
Xandria renaît en 1999 sur une nouvelle initiative de son fondateur, alors rejoint par Philip Restemeier à la guitare, Roland
Krueger à la basse, Gerit Lamm à la batterie et Lisa Schaphaus "Middelhauve" au chant.
A partir de là, et après que la démo éponyme ait reçu des critiques positives sur Internet,
Xandria gagna de nombreux nouveaux fans dans différents pays, ce qui a décidé le groupe à enregistrer, cette fois, un véritable premier album studio.
Cela étant, l'album fut enregistré durant l'hiver 2002-2003 dans deux studios allemands ; l'enregistrement de la partie instrumentale eut lieu dans les studios principaux de Münster et a duré une semaine. Après cela, le groupe enregistra une partie vocale dans le studio DRP, situé à Bochum, appartenant au producteur, pour ensuite procéder au mixage, et ce, dans un petit studio sur le terrain des Horus Sound Studios, situé à Hanovre, et appartenant, cette fois, à l'ingénieur de mixage Modo Bierkamp.
Une fois terminé, l'album fut publié le 5 mai 2003 et atteignit la 98ème position dans les charts allemands, ce qui lui permit, en plus de l’Europe, d’être également distribué au Brésil.
Ce à quoi l'auditeur peut s'attendre sur «
Kill the Sun » est qu’il s’agit-là d’une orientation
Gothic Metal avec une légère influence pop. Les fans de
Lacuna Coil,
Nightwish,
Within Temptation, et consorts apprécieront certainement leur musique car
Xandria est un peu dans la même veine qu'eux, créant même parfois des chansons très accrocheuses, sinon indépendantes, et musicalement, c'est de très bonne facture.
Cependant, le combo teuton ne s'en est pas sorti parce qu'il faisait quelque chose de radicalement différent pour élargir les limites du genre, mais plutôt parce qu’il jouit de cette rare capacité à écrire des refrains accrocheurs qui n'ont pas leur pareil. De plus, les chansons construisent un arc de suspense si charismatique qu'on ne peut pas croire qu'il s'agit d'une première œuvre, car il est rare de voir un groupe faire preuve d'un tel niveau à ses débuts ; une subtile offrande où la variété est tout sauf insuffisante et sans surcharge de fioritures.
Le morceau d'ouverture, "
Kill the Sun", montre dès le début que les dix chansons proposées n'ont pas besoin de gadgets pour pimenter les choses de ceux qui aiment rocker ("She's
Nirvana", "
Casablanca", "
Wisdom") ou de ceux qui aiment être contemplatifs ("
Ginger", "Forever Yours", "Calyx Virago"). Ce titre éponyme donne le ton pour le reste de l'album, étant sombre, et où les guitares et les claviers jouent un rôle de premier plan. Les rythmes sont forts mais simples, et laissent le reste de l'espace être occupé par lesdits claviers. En outre, la programmation est délicate et richement texturée avec cette combinaison qui permet de mettre en valeur les mélodies vocales et les pistes de guitare comme la force motrice de cet album.
De surcroît, des titres comme "
Ginger", très ''nightwishien'', ont cette particularité de faire ressentir la douceur mélodique de Lisa pour créer une atmosphère épique avec sa voix. Il en va de même sur la presque exotique "She's
Nirvana" ou même la chanson titre précédemment citée. "Mermaids" rentre également dans cette catégorie, vu qu’elle débute par une douce intro au piano. La voix de Lisa dans cette chanson est très sensuelle, ce qui ajoute un effet agréable.
Ce qui fait le charme de ce disque, c’est que toutes les chansons se font plus captatrices à chaque écoute, étant très accrocheuses pour tous ceux qui aiment la musique à forte charge émotionnelle.
Une autre particularité se fait d'ailleurs ressentir sur "She's
Nirvana", qui commence par ailleurs avec un rythme à bascule, mais pourvue d’un refrain aussi explosif que sur les morceaux précédents. Cependant, impossible de dire si c'est une voix masculine ou féminine qui accompagne la délicieuse Lisa au chant.
Le constat à l’écoute de cet opus ne laisse planer aucun doute, ce groupe semble avoir un don pour les bons refrains mélodiques, qu'il s'agisse de chansons lentes, comme "Forever Yours", "So You Disappear" ou sur celles, plus rockeuses, comme "
Casablanca" et "
Wisdom", qui, pour leur part, sont très raffinées et échantillonnées de claviers, et une véritable délectation pour les tympans.
L'un des meilleurs morceaux du disque est définitivement "Forever Yours", car cette chanson, pourvue de belles harmonies, fusionne avec le joli chant de Lisa, tout comme sur "
Isis / Osiris" ou "Calyx Virago", dernière piste du disque, où elle démontre encore plus son talent vocal.
Conclusion, «
Kill the Sun » est un album lourd, élégant, déjà mature, et conçu avec un professionnalisme indéniable et une attention aux détails mélodiques.
A l’époque,
Xandria était définitivement un bon présage pour l'avenir du
Gothic Metal et même s’ils n'apportaient rien de révolutionnaire, ils étaient ainsi parvenus à convaincre de leur potentiel à la lumière de leurs propres créations. A ce jour, force est d'observer que cet album est un peu passé aux oubliettes (le dernier titre joué sur scène est "
Ginger" en 2010), ce qui est bien dommage car il contient des pépites qui mériteraient une renaissance, et si l’envie vous prenait de vous y plonger sans même le connaître, retenez que ce sont ces petites choses mises bout à bout qui épicent et singularisent ce premier album plus qu’atypique.
Aujourd’hui,
Xandria a délaissé ce côté gothique pour se tourner vers le
Metal Symphonique, où ils sont, de toute évidence, unanimement reconnus par leurs pairs ; que ce soit pour leur façon unique de combiner les claviers, ou de par leur style rendant ce groupe immédiatement reconnaissable parmi tant d'autres boxant dans cette catégorie.
Merci pour cette chronique finement écrite et fourmillant de ces petits détails qui, précisément, font le sel de l'exercice. Cette analyse approfondie rend justice à un album, somme toute, assez méconnu de ce groupe.
J'avoue également avoir un petit faible pour les prestations tout en délicatesse de Lisa, qui se fondaient à merveille dans le style développé par la formation allemande à cette époque. Ce qui n'enlève en rien les mérites des chanteuses qui suivront, peut-être d'ailleurs plus appropriées pour un metal symphonique classique tel qu'esquissé par le groupe ultérieurement.
Merci Eric!
Mais ce serait plutôt à moi de te remercier pour tous les conseils que tu m'as prodigués! C'est en grande partie grâce à toi que mes chroniques évoluent!
Je te rejoint également concernant Lisa, qui, quoiqu'on en dise, était une super chanteuse! Elle était très sensuelle et surtout, elle arrivait à transmettre des émotions rien qu'avec sa voix!
C'est évident, elle n'a pas la puissance des chanteuses de ce style de Metal, mais sa delicatesse, comme tu le mentionne, était son point fort, et c'est pour cela que les albums de son époque (dont celui-ci) ne doivent pas être oubliés ; que ce soit par les fans, et même par le groupe!
Malheureusement, pour le moment, ils ne sont plus joués! Espérons que la nouvelle chanteuse ait envie de les ressusciter!
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