A l’écoute de ce disque, l’une des premières remarques que l’on pourra effectuer sera que jamais un album aussi brutal aura été aussi accessible et facile à écouter.
Génies venant des entrailles de notre France natale, les stéphanois de
Benighted ont donnés avec "
Identisick" l’une des plus grosses claques extrêmes de ces dernières années.
S’évertuant à conter la schizophrénie sous toutes ses formes à travers des textes naviguant sur les clichés mais les transcendant,
Benighted est parvenu à donner naissance à un maître album qui ne manquera pas de faire date dans sa carrière, celle du public et pourquoi pas du death / grind dans sa globalité.
L’épanchement de l’incroyable violence et de la démence véhiculées par la moindre note de cet album se veut comme un formidable exécutoire à la monotonie du quotidien, à sa noirceur et permet enfin de lier brutalité, grande technique instrumentale sans pour autant ne jamais oublié un indescriptible groove nous poussant à secouer la tête à chaque instant, preuve et signe d’une accessibilité de prime désarmante.
La production, d’une puissance démentielle, sans une once de défauts tant elle retranscrit la totalité des émotions présente dans cet album, devient un modèle du genre au fur et à mesure que l ‘on comprend que nous sommes en train de vivre la naissance d’un très grand album.
Le son de la batterie notamment, étonnamment compact et puissant tranche radicalement avec le mixage inégal de l’opus précédent, tandis que la basse, fortement mise en avant, renforce cette impression de puissance écrasante.
Citer le fabuleux titre éponyme donnerait une excellente définition de la teneur musicale de l’album, tout en restant bien trop restrictive pour le définir dans sa totalité, empreinte d’une richesse peu commune.
Le blast beat nous écrasant dès les premières mesures, pour laisser place à une mélodie que nous n’avions que trop peu entendu dans des groupes de brutal death ses derniers temps, pour nous accabler d’un solo magistral au tapping avant l’entrée en scène d’un Julien Truchan au sommet de son art. Alternant grunts typiquement death et gutturaux à des vocaux largement plus hurlés, déchirant de démence grind, le jeune vocaliste fait preuve d’une polyvalence laissant pantois, et permettant une plus ample respiration du disque, sans aucun moment de lassitude.
Mais, loin d’uniquement s’afficher en œuvre compact sans relief, "
Identisick" est un défilé de titres tous aussi géniaux et dotés d’un impact aussi énorme que différent à chaque fois.
Le furieux et intense "
Collapse", supersonique et violent à l’extrême, avec un Julien plus déchainé et impressionnant que jamais, dévoile talent de l’ancien batteur Fred, rivalisant d’ingéniosité pour casser le titre en mille et unes parties toutes plus succulentes et perverses les unes que les autres.
Schizophrène à l’extrême, "
Identisick" est comme le cortège de l’ensemble des maladies psychotiques que notre corps peut vivre et endurer, nous plongeant tour à tour dans la démence, la souffrance ou le labyrinthe tortueux des malades sexuels ("
Sex Addicted" où Julien partage le chant avec Leif de
Dew-Scented !).
La teneur plus mélodique et lourde (annonciateur d’
Icon ?) de certains titres comme "Mourning Affection" ou "
Blind To The World" (le titre le plus inspiré par
Cannibal Corpse !) ne fera que rendre l’album plus varié. Ce dernier titre, celui prenant le plus aux tripes certainement, nous arrache les entrailles entre alternances de lourdeur et de vocaux caverneux malsains au possible.
Quand à l’ultra technique et supersonique "
Nemesis" (les solos magnifiques entre les couplets posés tels des éclairs succins de raison à l’intérieur d’une démence déjà trop fortement installée), il débute "
Identisick" en nous entrainant en quelques secondes dans la brutalité tortueuse de nos esprits maladifs.
Benighted frappait très fort à l’aube de cette année 2006, et ne se doutait sans doute pas qu’il allait devenir en quelques mois le fier porteur de l’étendard du death en France, ambassadeur d’une brutalité commençant enfin à sortir de ses frontières.
La dimension acquise par le groupe sur ce disque aura énormément de mal à être dépassée, l’excellence étant le seul moteur, balayant de son aura l’ensemble d’un disque frappé d’une réelle âme artistique dans un style pourtant où la brutalité empêche ce genre d’exploits.
Mais c’est sans lois ni règles que
Benighted impose de sa marque son empreinte dans le monde sclérosé du death brutal actuel, avec une aisance nous ramenant une quinzaine d’années en arrière, là où quelques mythes fondateurs trouvèrent alors la force de sortir des profondeurs de leurs géniteurs pour éclater au grand jour. "
Identisick" sera de ceux-là.
Pour moi il n'y a aucun problème, j'aime tout ce qui se fait dans le genre!
Sinon, j'ai un peu de mal avec sa voix grunt de base pas très articulée, pas assez sèche, elle vient trop des tripes.
Encore une chronique très bien écrite et je ne t'attendais pas sur cet album.
Ils font partie du bon vivier de groupe français brutaux tels que KRONOS, RECUEIL MORBIDE...etc
Par contre le truc qui me gêne un peu tout de même (comme très souvent dans la vague actuelle de groupe français), ce sont ces parties hardcore beaucoup trop présentes (niveau zique et chant). Après c'est une histoire de goût....
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