14 siècles de christianisme en Germanie n’auront pas suffi pour éradiquer la culture païenne de ce pays. Dans le Länder de Thuringe notamment, une bande de musiciens se refuse obstinément de faire allégeance à la croix, fiers de leurs racines, dévots au dieu
Wotan. «
XIV Dark Centuries » est bien résolu à défendre ses croyances avec la musique pour seul rempart. Ils n’en sont seulement aujourd’hui qu’à leur troisième fait d’armes 13 ans après sa création, et 5 ans après le précédent volume, «
Skithingi », œuvre très intéressante, dans un folk/pagan peu original mais assez saisissant. «
Gizit dar Faida », nouveau forfait signé chez Einheit Produktionen (
Nomans Land,
Odroerir), perpétue la tradition d’un pagan sans secret, mais délectable pourvu que l’on sait se montrer particulièrement amateur du genre. Point d’innovation dans cette musique reposant sur la force du passé.
Cette force ne serait toutefois pas à minimiser. On devine dans l’introduction « Westwaerts » toute la grandiloquence épique d’un «
The Crown and the Ring » de «
Manowar ». Ce serait un moyen d’anticiper le costaud «
Zeit der Rache » qui après un petit moment de divagation et d’attente vous envoie l’artillerie lourde. Des riffs lourds, bourrus et blindés, sous une petite ambiance épique de fond. «
XIV Dark Centuries » est de ces groupes produisant une musique pagan non assagi. Cependant, désormais, on tient à constater un renfort produit par l’utilisation des synthés. Le groupe aurait-il tendance à ressembler à son compatriote «
Equilibrium »? On est loin d‘un pareil résultat, en fait. Il faudra toutefois souligner ce petit changement amené par rapport aux deux productions précédentes. Ainsi on constate ce léger renouvellement s’opérer sur « Runenraunen - Eine Wanderung II ».
Plus conséquent sur le plan musical, plus fourni, à la dimension épique pesante, et même omniprésente. Ce serait un constat à partager avec « Brennen Soll das Alte
Leiden », magique, vivifiant. Les claviers de Tobias Thomas inondent l’arrière-plan. On constate aussi cette constance qu’ont le chant black et le growl à se relayer. Un growl figurant en dominant sur « Surtur Erwacht ». Cependant, on ne retiendra pas ce titre comme le meilleur de la galette. Très monotone, dirait-on. Même si la redondance est la principale faiblesse à déceler sur l‘ensemble du parcours, celle-ci serait encore plus flagrante sur ce présent titre. On aurait pu contrecarrer cette affirmation en soulevant les quelques changements de rythme inclus. Mais il est très clair qu‘ils n‘apportent que très partiellement de fluidité nécessaire pour rendre le titre efficace. Les voix se montreront eux aussi peu accommodantes.
En évoquant les voix, il faut évoquer ce lien commun partagé avec «
Heidevolk », de ces voix caverneuses en chœurs, à noter notamment sur le palpitant et transcendant « Schlachtgesang ». Ils ne serviront que de couverture sur « Hinauf zum Gold’nen
Tor ». Un titre rupestre, qui se révèlerait quelque peu malhabile. « Donar’s Sohne » n’éprouve pas les mêmes difficultés. Bien que le rythme soit martelé et lourd, cela ne remet pas en question la mélodicité ou la souplesse du morceau. On adhérera bien à la tonicité d‘« Eine Wanderung », privilégiant aussi de cette ambivalence. Dommage que le riffing se montre particulièrement sommaire. La guitare, un instrument qui aura son moment choisi avec l'acoustique « Eichenhain ». Jolie ballade, belle promenade dans les contrées moyenâgeuses. Le tambourin lui vient en aide sur de brefs passages, rendant l’instant encore plus enchanteur. La magie exercée n’obtiendra pas le même résultat avec l’outro « Ausklang », litanie de notes répétées. Une période de tristesse comme il en existe souvent dans ces petites conclusions.
Malgré des qualités incontestables, qui ont fait la bonne réputation du groupe et des deux œuvres antérieures. Ce «
Gizit dar Faida » laisserait quelque peu perplexe. Un bon album assurément, mais souffrant d’une relative linéarité. L’auditeur risque d’être amené à croiser l’ennui au fur et à mesure qu’il rentre dans l’univers de l’opus. Le renfort épique n’amène pas grand-chose de précis, sinon de gommer quelque peu le côté sale et bourru qui faisaient tout le charme des plus vieilles compositions. On aurait donc un manque d’inspiration. Un défaut difficile à dissimuler. «
XIV Dark Centuries » serait donc quelque peu essoufflé après un laps de cinq ans où elle n’a rien produit.
Pas de quoi crier au loup, votre maison en paille ou en bois, ne serra pas soufflée.
13/20
Cet album semble "lourd", difficile à digérer, et paradoxalement moins inspiré.
Du coup, une petite aération comme "Eichenhain" ne fait pas de mal.
En fait j'ai trouvé l'album très redondant, monotone, et on s'en rend compte assez vite, surtout au début. Et résultat, on a du mal à trouver ainsi un morceau qui semble se démarquer par rapport à d'autres...
Les instruments traditionnels apportent une dimension un peu plus "aérée" dans un ensemble parfois frôlant l'indigeste.
En clair, je me suis plutôt ennuyé et peut-être aurais-je besoin de plus d'écoutes pour digérer tout cela et mieux l'apprécier. Mais pour le moment, ça ne me tente nullement de revenir dessus, d'autant plus que d'autres groupes ont fait bien mieux !
Déception. La moyenne, mais guère plus.
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