Vola est né d’une approche audacieuse entre diverses sphères musicales qui s’étendent du rock progressif à l’électronique en passant par l’industriel, le djent ou encore la pop. Cette association complexe entre lourdeur, expérimentation et délicatesse leur vaut d’être une formation à part entière. Si le quatuor danois est relégué dans un metal progressif au contenu hétérogène, il n’a pourtant rien à envier à des collectifs tels que
Dream Theater, Messhugah ou même
Devin Townsend. Car au-delà d’un simple mélange de styles, le combo s’illustre avant tout sur la portée de ses compositions, de cette prestigieuse profondeur qui peut s’avérer aussi brutale qu’éthérée. Cette puissance émotionnelle, nos musiciens l’ont parfaitement modelée au fur et à mesure de leurs albums.
Entre le métallique
Inmazes, l’attendrissant
Applause of a Distant Crowd et l’excentrique
Witness, chaque opus offre une texture unique ainsi des atmosphères chatoyantes. Le chant clair d’Asger Mygind et les refrains aériens permettent également de renforcer un esprit mélancolique plein de bienveillance. Si les premières faiblesses des Danois se sont fait ressentir sur leur dernier disque, nos artistes gardent toujours un coup d’avance et une authenticité séduisante. C’est donc avec une certaine assurance que le quatuor revient sur le devant de la scène avec une quatrième production nommée
Friend of a Phantom. La pochette est particulièrement réussie, poétique par cet homme qui bascule devant une volée d’hirondelles, un voyage qui s’annonce plein de péripéties.
Des aventures, cette œuvre n’en manque pas avec un pêle-mêle de ses précédents travaux. Le morceau d’ouverture Cannibal avec la participation d’Anders Fridén (
In Flames) fait ressurgir la patte agressive de
Vola omniprésente sur
Inmazes. Pourtant, le riffing s’apparente davantage au morceau
Head Mounted Sideways inclus dans
Witness. Le spectre « death » est palpable lors des couplets par le biais de grooves mordants, un caractère solidifié par le screaming du vocaliste d’
In Flames sur la seconde tirade. L’harmonie voit son point d’orgue éclater lors de ce breakdown où les synthétiseurs couplées aux guitares nous offrent un spectacle vaporeux d’une incroyable sensibilité et d’une prodigieuse élégance.
Le combo danois s’essaye à nouveau sur des expérimentations entreprenantes, à l’instar d’un
Bleed Out qui reprend quelques codes de These Black
Claws.
Outre une atmosphère résolument obscure et des connotations industrielles, la tournure hip-hop de la mélodie sur le premier tiers de la composition nous hypnotise autant qu’elle nous trouble. La progression est plutôt lente mais elle permet de nous tenir en haleine jusqu’au refrain où la lumière traverse les nuages. L’intimidation est tout aussi concrète sur
Paper Wolf où les sonorités électroniques accompagnées par un riffing carabiné en font l’une des œuvres les plus écrasantes de l’opus. Cependant, on s’en désintéresse rapidement à cause d’une structure conventionnelle, d’un jeu de vocaux prévisible et d’une section forte absente.
Et c’est là que notre formation montre ses premières suffisances : là où elle avait toujours réussi à chambouler ses formules, elle semble parfois s’imiter. On n’aura aucun mal à relever le tempérament pensif et pur de
Glass Mannequin, à la frontière entre rock et pop. Néanmoins, même si la voix cristalline d’Asger Mygind fait des merveilles, l’instrumental est globalement vide et linéaire. On décèle cette approche mélancolique et atmosphérique du second album mais il ne s’en dégage ni la magie, ni l’étincelle créative à notre grand désarroi. Sur le titre final Tray, la problématique est tout autre puisque c’est le mixage qui nous irrite par un équilibre chant/synthétiseurs peu enchanteur.
Il n’en reste pas moins que notre quatuor est encore capable d’écrire de plaisantes narrations comme We
Will Not Disband où l’émotion se lie à des accroches vives. Après une ravissante introduction aux suaves accords acoustiques, la mélodie prend immédiatement une dimension supérieure et inattendue avant de jongler entre ces deux mondes. Les impulsions djent se rapprochent des esquisses de TesseracT, dans un décor à la fois frappant et rayonnant.
Vola continue d’affirmer son identité unique au carrefour des genres et poursuit son exploration de territoires sonores avec un mélange d’aplomb et de sensibilité. Si
Friend of a Phantom reflète des signes d’essoufflement créatif et quelques maladresses dans son exécution, il est un témoignage vibrant du savoir-faire du quatuor danois. Entre moments de grâce mélodique, envolées électroniques et combativité domptée, ce quatrième opus démontre que le quatuor danois est encore capable de captiver, de surprendre et d’émouvoir. Ce dernier opus n’est certainement pas leur travail le plus abouti ou le plus marquant, mais il témoigne d’une vision artistique toujours riche, un voyage qui, malgré ses quelques turbulences, reste essentiel pour quiconque aime s'aventurer hors des sentiers battus.
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