“Obscurité, tu seras dorénavant pour moi la lumière”
André Gide / Thésée
"
Dead Sun". "
Aeternam". "
Encrypted". Trois femmes pour les porter, pour les personnifier et ainsi conférer à
Nightmare une identité que certains avaient pu perdre suite au départ des frères Amore. On en revient forcément toujours aux mêmes introductions mais quand un groupe a 40 ans d’existence, a écrit de grands albums (mettons en avant "
The Dominion Gate",
Insurrection, le très thrashy "
Genetic Disorder" ou l’équilibré "
The Aftermath"), difficile de ne pas constamment regarder en arrière.
Sorti en plein covid, "
Aeternam" avait les armes pour séduire et plaire au plus grand nombre mais la difficulté des concerts et des tournées n’a pas aidé le groupe a repartir du bon pied, même si Matt Asselberghs avouera que ce retour forcé dans les foyers a aussi permis à beaucoup d’auditeurs de se poser, d’écouter de la musique et ainsi de fouiller un peu plus les audiothèques en ligne.
Quand les concerts repartirent, Madie dont on avait pourtant dit beaucoup de bien quitte le groupe pour revenir à ses aspirations initiales, c'est-à-dire loin du heavy metal et de ses codes. Si amener une identité éloigné d’un genre peut parfois être rafraîchissant,
Nightmare ne prend pas deux fois le même risque puisque
Barbara Mogore s’inscrit comme une “true” metalleuse, autant dans l’attitude que dans un registre vocal très étendue, allant de son chant naturel à une voix saturée qui fait des merveilles sur les neuf compositions du disque.
La claque que représente un brulot comme "The Blossom of your
Hate" laisse tellement de marque qu’il faut du temps pour s’en remettre. Un riff dantesque de pur power / death mélodique, un premier couplet d’une sauvagerie sans pareille qui rappelle le
Arch Enemy de la grande époque Angela Gossow (période "
Doomsday Machine"), un second avec un chant un peu éraillé avec énormément de charisme et surtout, derrière tout ça, un refrain lumineux qui ne sonne pas too much, parfaitement mesuré dans sa mélodie, dans la qualité de ses arrangements. Et surtout, l'enchaînement de soli derrière entre Matt et Franck Millileri s’est encore affiné, autant d’un point de vue technique que dans une efficacité qui parfois manque quand on sombre dans le shred. Il n’en sera rien ici, puisque c’est même sur un blast beat très brut et des riffs en tremolo que la composition enchaîne pour finalement revenir à du pur heavy façon teuton. Quel titre ! Quelle maturité !
On ne va pas décrire en track by track "
Encrypted" mais force est d’admettre qu’il le mériterait presque tant l’album ne souffre pas de remplissage (ce qui était un peu moins le cas précédemment) et chaque titre possède son aura et sa personnalité. Le plombé "
Voices from the Other Side" qui permet un terrible duo entre
Barbara et Matt qui reprend le micro le temps de deux couplets avant des riffs brise-nuque qui vont clairement tuer en
Live.
Ce qui marque sur ce douzième opus, c’est l’équilibre qu’il parvient à créer tout au long, pour ainsi être en mesure de plaire à des fans de heavy, de thrash voir même de death. "
Encrypted" est, à l’instar de groupes comme
Machine Head ou
Trivium, un pur album de metal archétypal comme on les aime et comme on en fait finalement assez peu.
Difficile de passer sous silence l’énorme title-track et ses orchestrations apportant un aspect dramatique à l’ensemble, sans pour autant singer ni aller empiéter dans le metal symphonique. La voix de
Barbara, rocailleuse et forte, vire encore une fois dans le growl pour noircir un tableau déjà angoissant et amener une partie instrumentale centrale de grande qualité, écrasante et massive. A ce sujet, il faut bien souligner le travail colossal une fois de plus réalisé par Simone Mularoni (
DGM) pour offrir un son époustouflant à la galette.
Nous pourrions aussi nous poser sur le rouleau compresseur "Saviors of the Damned" (quel riff encore !) et son refrain taillé pour défoncer les planches des grands festivals (avec encore une fois une partie centrale d’une agressivité rare chez le groupe, digne des meilleurs plans de death mélodique suédois), le caractère plus traditionnel et automatique d’un "White Lines" résonnant comme un hommage aux grands noms du heavy metal (un Maiden de
Seventh Son qui croise un Accept avec ce qu’il faut de modernité) ou encore la furia finale d’un "
Borderlines" qui va aller tutoyer le frénétisme guitaristique d’un Nevermore pour finir d’achever un auditeur lessivé par cette véritable machine à riffs, à mélodie, à refrain … à tout ce qu’on pourrait attendre d’un album de metal !
Barbara se permet des envolées insoupçonnées sans délaisser son growl de façon sporadique avant que l’un (le ?) meilleur solo du disque nous laisse avec une seule envie : Repeat.
L’album place même en bonus une relecture du fabuleux "
Eternal Winter" (premier titre de "
Insurrection"), évoqué comme un “cadeau à
Nightmare” et ainsi permettre à ce morceau culte d’avoir son propre clip. Si les premières écoutes surprennent, laissant s’envoler la mélancolie de la version initiale au profit d’une rudesse nouvelle (le second couplet syncopé et le chant saturé qui intervient dessus), il n’en reste pas moins une nouvelle version avec son identité propre et mérite en ce sens le respect pour l’acte d’amour qu’il représente.
On ne sait jamais trop à quoi s’attendre quand on écoute l’album d’un changement de frontwoman (encore plus quand il y en a 3 en 3 albums) mais "
Encrypted" enfonce de la tête et des épaules "
Aeternam", qui était déjà le meilleur album depuis "
Insurrection". Mortel.
Argh ce que j'adorais ce groupe. Ce revirement limite néo me fait mal au coeur mais toutes les bonnes choses ont une fin.
Il suffit d'écouter à la suite la version originale et la nouvelle version de Eternal Winter. C'est la crise!
Réduire l'album a uniquement cette reprise est dommage. Surtout qu'elle est très décolérée du reste du disque.
Je ne vois pas trop où tu entends du néo ... un revirement plus extrême c'est indéniable, plus proche du death melo oui mais neo rien à voir.
Je ne réduit pas l'album a cette reprise mais ce morceau a lui seul résume parfaitement l'évolution de Nightmare. A mon plus grand désarroi malheureusement. Pour le côté néo je parle des sonorités très nouvelles alors qu'au départ Nightmare est un groupe de pur Heavy/Power. Je ne saurais même plus qualifier leur style actuel même si faire rentrer un groupe dans une case n'est pas le plus important. En fait je reproche au groupe une espèce de jeunisme qu'on dirait fait pour attirer de nouveaux fans. Ce groupe aurait a mon avis dû changer de nom tellement il n'y a plus aucun rapport avec leur précédente époque. Je sais que ce ne sont pas les seuls à changer radicalement et je prend cela probablement trop a coeur car j'adorais ce groupe.
C'est quand même incroyable comme un groupe comme Nightmare a pu changer ça n'a plus rien à voir avec des albums passés même si le groupe a toujours envoyé du gros son mais loin de moi l'idée de dénigrer cet opus qu'il me tarde d'écouter car à priori il semble excellent.
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