Le début des années 2010 dans la ville britannique de Birmingham voyait la naissance d’un groupe de metalcore qui allait secouer la scène metalcore par des codes encore insoupçonnés et déconcertants. Cette formation nommée
Oceans Ate Alaska n’était partie que d’une simple fable entre amis d’université sans forcément la volonté de percer outre-manche.
Pourtant, l’histoire s’est vite accélérée pour le jeune quintet via une rapide signature de la maison de disques
Fearless Records déjà rodée dans le style core avec des combos populaires tels que
Ice Nine Kills,
August Burns Red ou encore
Motionless In White. De même, nos musiciens ont su rapidement se démarquer par le biais de leur premier opus
Lost Isles, un album très hétérogène où les diverses influences musicales comme celles de
Veil Of Maya,
Born Of Osiris ou encore
A Day To Remember se rencontraient l’espace d’un long instant.
La suite des aventures de nos Britanniques suivait bon train avec la parution de leur seconde toile
Hikari qui a confirmé cette volonté des artistes à bousculer les stéréotypes et autres habitudes du metalcore, le tout sous une production ultramoderne. Cependant, ce succès quasi immédiat et ce gain soudain en popularité n’a pas été sans conséquences pour la formation britannique. Ainsi, en peu plus d’une décennie d’existence, le groupe a dû faire face à de nombreux changements de lineup, pour des conflits d’intérêt ou pour des raisons purement professionnelles. Néanmoins, malgré des changements fréquents de membres, le collectif vit actuellement une véritable idylle musicale. A voir désormais si
Disparity, troisième offrande de nos interprètes et toujours étiquetée chez
Fearless Records, va démontrer voire renforcer ce cadre de rêve.
Une fois n’est pas coutume, le quintet britannique va rapidement nous prendre au dépourvu via un concept totalement inédit. Le titre d’ouverture Paradigm n’est qu’un simple aperçu de cette nouvelle facette. L’usage de chants d’opéra en tant que sample et interludes permettent des instants de répit au milieu d’une composition intensément lourde. Cette hétérogénéité se confirme jusqu’à la prestation vocale où chant clair, scream et growl vont se succéder, quitte à s’associer comme lors du refrain. Certains passages screamés sont volontairement décousus pour un rendu en demi-teinte, quelque peu dérangeant. La formation pourra compter sur un breakdown sanglant, empli de massiveté, pas forcément du plus innovant mais qui fera son petit effet.
C’est à partir de
Metamorph que l’on constate pleinement le virage entrepris par le collectif britannique. L’introduction nous immerge dans un univers lo-fi, des beats posés, languissants et harmonieux pour atteindre la quiétude et la relaxation. Cette atmosphère est préservée en arrière-plan et est associée à un metalcore plutôt mélodique, très aéré et délicat. Pourtant, le travail vocal contraste totalement avec cette ambiance détendue et procure un sentiment plus destructeur, plus hargneux. Bien que deux nouvelles pannes soient exposées par notre quintet pour y prononcer une sensation de rusticité, le refrain dévoile un chant clair et un riffing lumineux pour une courte session d’accalmie et laisse également mieux apparaître la musique lo-fi.
Ce disque affiche une idée novatrice, très intéressante mais dont l’exécution laisse parfois à désirer. Le groupe exagère quelques fois les traits comme pour Plague Speech et son breakdown d’une extrême longueur et lenteur, où les instants de silence deviennent finalement ternes. La présence de certains titres est également sujet à discussion :
New Dawn pris individuellement est bougrement primitif, inhospitalier par son riffing dissonant et sa grande épaisseur. Néanmoins, par rapport aux principes que veulent transparaître nos Britanniques sur cette toile, il est complexe de trouver un quelconque fil conducteur. Nous avons de plus le cruel sentiment que la formation ne va pas au bout de son ébauche, en témoigne la succession de titres hâtifs, dépassant pour la plupart à peine les trois minutes.
Pourtant, on voit aussi un combo capable d’écrire de belles lignes et d’attiser notre curiosité. Le plus bel exemple vient de
Sol : tout comme
Metamorph, le titre propose dans son intro des rythmiques lo-fi décontractées et conciliants. Le schéma musical développe une étonnante progressivité : qu’il s’agisse de l’instrumental par son passage dans des sonorités plus percutantes et plus précisément dans un metalcore plus dynamique ou de la proposition vocale qui bascule d’un chant clair assez mélancolique à un screaming bien plus tranchant, nos musiciens expriment toute leurs inspirations et imaginations dans un morceau complet et détonnant. La pointe de déception provient de la panne qui ne se différencie pas tant des autres compositions.
Disparity est un nouveau saut dans l’inconnu pour notre quintet britannique. Néanmoins, la réception est bien plus incertaine et bancale qu’à l’accoutumé, un lever compliqué non sans conséquences. A force de vouloir multiplier les inspirations,
Oceans Ate Alaska s’est quelque peu emmêlé les crayons et nous laisse avec une troisième pièce encrassée de diverses impuretés. Heureusement, le simple fait d’avoir encore chambouler les habitudes d’une scène parfois trop ancrée dans ses racines suffit au groupe à nous intéresser de plus près à leurs abondantes expérimentations. Si nous ne savons pas encore où cette prometteuse casquette nous emmènera dans le futur, nous pouvons au moins profiter du moment présent et se laisser porter par un lo-ficore aussi farfelu que captivant.
Comme tu le sais je ne suis pas un gros habitué du metalcore. Par 2 fois dans ta chro tu utilise le terme "panne" et je ne vois pas du tout de quoi il s'agit. Peux-tu m'éclairer car là c'est moi qui suis en panne...
Panne est la traduction française de breakdown. C'est le changement radical du tempo d'une musique, tout simplement !
Okéééé, bin je préfère breakdown, panne ça sonne trop compoosante d'une charpente bois pour moi!
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