Un album d'anthologie....puissant, fiévreux et mélodique (19/20)
1983 : Le heavy métal triomphe, en Allemagne Accept bats Mötorhead sur le plan de la puissance grâce à sa rythmique à double pédale sur l'album "
Restless &
Wild", tout en empruntant à
Black Sabbath sa lourdeur sur les morceaux plus lents, tandis qu'aux U.S.A. le thrash mâtiné de Hardcore du premier album de
Metallica mettait tout le monde d'accord, avant
Slayer et
Anthrax, tout cela pendant qu'en Angleterre (pour faire court) Iron Maiden, plus lyrique et mélodique, allait être désormais un des groupes avec lesquels il allait falloir sérieusement compter.
Au milieu de tout cela, sous l'influence conjointe d'Iron Maiden et de l'aîné
Judas Priest, entre autres,
Satan, un groupe de la N.W.O.B.M. (New Wave of British
Metal), originaire de Newcastle, en Angleterre, a déjà attiré l'attention des amateurs comme de la presse, par des singles à l'emporte-pièce, très travaillés sur le plan des chorus de guitare, de la composition mais aussi déjà des thèmes un rien inhabituels, notamment sur la question du pouvoir et de la démocratie ("
Oppression"). Contrairement à ce que son nom semble indiquer, point de satanisme ici, juste du "folklore" qui masque le réel intérêt du groupe, proposer une musique à la fois puissante, très mélodique et par moments inventive, variée, plus complexe que beaucoup et un rien cross-over ("Alone in the Dock").
Pourquoi cet album est plus intéressant que d'autres à l'époque, et que les rares autres enregistrés sous ce nom de groupe ? Peut être bien parce que son leader et chanteur Brian Ross est présent et apporte son style de chant si particulier et ses paroles engagées -toutes proportions gardées, ce n'est pas du
Trust non plus!- tantôt chantées presque façon new-wave, tantôt hurlées un peu à la Rob
Halford, pour vous donner une idée,mais en réalité d'un lyrisme assez unique (les critiques parleront même de "falsetto"). Brian Ross ne chante pas sur les autres albums du groupe, et cela s'en ressent. Aucun des autres chanteurs ne parviendra à rendre autant de passion dans les albums tant antérieurs que postérieurs. A peu près en même temps que cet album, le chanteur initie son side-project
Blitzkrieg, dont le titre éponyme fût d'ailleurs ultérieurement repris par
Metallica, un groupe assez ambitieux au départ, et au line-up lui aussi en partie renouvelable, mais au palmarès cependant inégal. Il culminera à mon sens avec l'autre chef d'oeuvre qui complète "
Court in the Act", comme son versant un peu plus noir, "A Time of
Changes", que
Blitzkrieg mettra une décennie à finaliser, et que je recommande tout aussi chaudement.
Ce que je trouve remarquable dans cet album, c'est que malgré une production un peu brouillonne, un son assez rêche et presque live, les compositions nous touchent, soit par leur immédiate puissance ("Blades of Steel" et sa rythmique implacable), soit par leur virtuosité (l'éblouissant et speed "Break Free"), soit par leur tragique mise en perspective (le sort des amérindiens dans "Broken Treaties"), soit par leur concision ("
Trial by fire", même si certains morceaux plus classiques ("Hunt you down", ou "No turning back" ) peuvent paraître moins essentiels. Et que dire du superbe instrumental d'outre-tombe qui débute l'album ("
Into the Fire"), des guitares sur fonds de synthé assez inédits dans le genre. Enfin survient "Alone in the Dock", le morceau de bravoure, façon un peu film d'horreur (sur le papier en tout cas, euh certes, avec les hurlements qui vont avec -soit vous aimerez ces effets vocaux, soit vous détesterez, au passage...), un morceaux riche et complexe, avec des accords semblant parfois plus ressortir de la new-wave (voire même de la cold-wave)que du heavy métal. Un "long" morceau de plus de 6 minutes, avec, je ne l'ai pas dit jusque là, un des solos éblouissants qui parsèment l'album.
Car, outre un chant que personnellement j'estime magnifique,
Satan, c'est aussi une section rythmique remarquable (la basse bien audible de Graeme English, et la batterie de Sean Taylor, puissante, précise et ultra-efficace, presque sur-mixée ; pour s'en convaincre, il suffit d'écouter "Break Free" ou Blades of Steel"), enfin une paire de guitaristes (Steve Ramsay et Russ Tippins) à rendre jaloux nombre de groupes de l'époque, avec des solos vraiment habités, ultra-mélodiques, des rythmiques très tranchantes, mais sachant aussi ici ou là exécuter de sobres, brèves mais sensibles parties acoustiques, un des charmes de l'album.
En résumé, si vous voulez vous replonger dans l'ambiance un peu irréelle de l'époque, avec des rythmiques plombées, beaucoup de lyrisme vocal, des cavalcades de guitare et un peu plus de recherche dans les paroles que certains, écoutez ce "
Court in the Act", qui en tout cas ne pourra vous laisser indifférent.
Et oui comme toujours du vieux du bon .
Quant à Charlot j'avoue ne pas connaître du tout !
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