Pas facile de se démarquer de la masse de groupes heavy/power qui pullulent depuis la fin des 90s, impatients de reprendre le flambeau des Iron Maiden,
Helloween ou autres
Blind Guardian. Parmi ces jeunes loups avares de succès,
Sabaton a réussi à briller avec le très bon
Primo Victoria, un album efficace, reposant sur des morceaux simples et immédiats appuyés par le chant baryton de Joakim Brodén. Fort de ce succès, les suédois ont multiplié les sorties (cinq albums en cinq ans !) et malgré la présence d’un certains nombres de hits, on pouvait déplorer la redondance des travaux du groupe, utilisant toujours les mêmes recettes sur fond de nanar historique. Si
The Art of War pouvait briller grâce à des titres comme
Ghost Division ou l’excellent Panzerkammpf, l’album suivant,
Coat of Arms, se montrait beaucoup trop prévisible, peu inspiré voir même énervant tant le groupe s’auto pompe à tous les niveaux (orchestrations, riffs, refrains et même les textes). C’est donc avec appréhension que j’accueillais la nouvelle offrande répondant au doux nom de
Carolus Rex.
Autant le dire d’entrée (de toute façon, vu la note vous savez à quoi vous attendre), cet album est une réussite. Le premier point fort de ce
Carolus Rex était annoncé par son titre. En effet, exit l’histoire Wikipédia des précédents albums, fini les textes sans intérêts sur des faits connus de tous et traités de façon bien plus convaincante par des légions de groupes,
Sabaton se pointe avec un vrai concept, un vrai travail intellectuel dû notamment à la contribution de l’historien Bengt Liljegren. On quitte donc la Seconde Guerre Mondiale pour nous intéresser à la période militariste et conquérante de l’
Empire de Suède avec l’histoire de Charles XII,
Carolus Rex, le plus fin stratège mais aussi l’un des plus brillants politiciens qu’a connu l’Europe. Cet album présente des qualités de songwritting insoupçonnées jusque lors, moins instantané mais clairement plus riche.
Après une intro parfaitement inutile car beaucoup trop courte (autant l’annexer au premier titre),
Sabaton commence à nous narrer« the tale of a lion» avec
The Lion from the North. Rythmique typiquement speed metal soutenue par de discrètes notes de claviers et des chœurs imposants, la recette ne semble pas avoir changé à première vue. Et pourtant, on se rend compte dès ce premier titre que
Sabaton a fait évoluer son propos, les chœurs et les claviers sont bien moins pompeux, surfaits et kitsch. Le chant de Joakim se montre plus contenu, maitrisé avec un pré-refrain ravageur. L’atout principal de ce titre réside sur les chœurs, masculins et épiques sur le refrain et féminins sur le pont conférant ainsi au titre une dimension quasi religieuse. C’est donc émerveillé par la maitrise d’un titre pourtant conventionnel dans sa structure que nous accueillons la présentation du
Lion of the
North, le fondateur de l’empire Suédois, Gustav II Adolf (décidément, ils ne peuvent pas s’empêcher de faire une allusion à un Adolf dans leurs albums). Et toute la première partie de l’album est du même acabit. Gott Mit Uns se montre plus coloré avec une intro assez folk et une guitare pouvant faire penser au Rock of Cashel de
Edguy, aussi bien au niveau du riff que du solo. C’est encore une fois avec une voix chargée d’émotion que Joakim nous vend l’histoire de son pays (From the north, reaching for !) avant de déboucher sur le solennel
A Lifetime of War, power ballad émouvante avec un très beau riff soutenu par une nappe de clavier et donnant un digne successeur à The Final Solution du précédent album (une des rares trouvailles de
Coat of Arms). Mais inutile de sortir les mouchoirs puisque débaroule 1648, LE titre speed de
Sabaton. En effet, en plus de flatter l’égo de votre serviteur en traitant d’un sujet qu’il connait bien à savoir la Guerre de Trente-Ans et sa conclusion par les traités de Westphalie de 1648, cette cavalcade mélodique vous fera sévèrement taper du pied. Démarrant par un très court drum solo,
Sabaton nous envoie un excellent riff à la
Stratovarius période Infinite (notamment par cette superposition claviers/guitares) avant de détruire nos cervicales grâce à la ligne de chant la plus inspirée et la plus épique que j’ai eu l’occasion d’entendre sur un album des suédois. Ce titre n’est pas spécialement innovant, il est simplement un parfait archétype power metal.
Passé cette tuerie, le niveau redescend légèrement. The Caroleans Prayer s’intéresse aux soldats de Charles XI et XII, les « karoliner ». Et là
Sabaton retourne quelques peu dans les clichés avec cet intro à l’orgue pas franchement inspirée et surtout pas franchement pertinente, on sent qu’elle a été placée là parce que « prayer » dit forcément « religion » dit forcément « orgue ». Néanmoins le riff est bien senti, le refrain est excellent, du bon mid tempo heavy comme on l’aime avec un final assez intéressant. Le premier single,
Carolus Rex, se montre bien plus convaincant, introduisant l’ascension du principal protagoniste de l’album.
Sabaton prouve avec ce titre sa maturité en créant une véritable atmosphère appuyée par un riff lourd et des orchestrations raffinées avant de déboucher sur une phrase qui deviendra assurément le moment clé des futurs concerts du groupe. En effet, pour sûr que l’on gueulera tous « I was chosen by heaven ! » sur la prochaine tournée. Avec Killing
Ground et Poltava,
Sabaton se montre un peu moins inspiré même si le premier arrive encore une fois à sortir du lot grâce à ses lignes de chants et son refrain presque mélancolique et ce malgré un riff un peu trop commun.
On arrive dans la dernière ligne droite de ce
Carolus Rex, la conclusion du règne de Charles XII, sa mort au champ de bataille et son corps transporté par ses fidèles caroleans. Long
Live the
King est l’antithèse de 1648 et constitue le point d’orgue de cet album. Avec ce titre l’émotion atteint son paroxysme. Le riff est une pure trouvaille, heavy à souhait, décomplexé et rapidement rejoint par des cuivres pour créer une ambiance délectable. La voix de Joakim est transcendée, le suédois est véritablement possédé par ses paroles, les chœurs sont impériaux et le refrain est simplement magistral. A noter également l’excellent solo de ce titre (pas forcément le point fort de
Sabaton), à la fois mélodique, plein de feeling et technique (une très courte mais intense déferlante de notes à la fin). Ce titre illumine de sa majesté ce
Carolus Rex et nous aurions pu nous arrêter là. Mais
Sabaton ne souhaite pas terminer sur une note si mélancolique et après une rapide introduction symphonique, les suédois nous ressortent leur clavier cheap habituels ! Alors en temps normal, en sachant qu’on aurait entendu ces sonorités 80s pendant tout l’album, on serait en droit de râler. Cependant, au vu de la magnificence du titre précédent et du haut niveau global de l’album, on pardonnera à
Sabaton de s’être lâché sur ce dernier titre,
Ruina Imperi. Ce mid tempo, exclusivement chanté en suédois, nous dépeint la fin de la Grande Guerre du Nord, la « Carolean Death March » et le chute de l’
Empire suédois.
Avec
Carolus Rex, les suédois ne change pas de style, n’innove pas particulièrement et n’invente rien.
Sabaton a simplement grandi, leur musique a gagné en profondeur, en raffinement et en intelligence. Ces gars nous racontent une histoire qui leur tient à cœur à travers un putain d’album !
"Broken dreams so grand sing of his final stand long live Carolus
Brought by soldiers hand back to the
Fatherland long live
Carolus Rex."
La qualite scenique du groupe est indeniable par contre oui sur Cd ca devient un peu lassant a la longue mais bon, personnellement j'ai la meme reaction avec d'autres groupes de Power donc...
Je ne sais pas si c'est leur meilleur album, je ne suis pas spécialiste du groupe, mais c'est l'album que je préfère ( depuis leur début, donc 6 albums ) Je dois encore écouter les suivants.
18/20
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