Le
Power Symphonique...Démocratisé avec le "Legendary Tales" des Italiens de
Rhapsody, cette branche du métal est l'une des moins reconnues de toutes. Adulée par les fanatiques, détestée par les néophytes pour sa relative complexité, rejetée par les amateurs de musique plus "radicale", cette absence de popularité est surtout due à une chose: un manque de personnalité flagrant pour la majorité des groupes s'essayant à l'exercice. Comment, en effet, ne pas ressentir un pincement d'appréhension à la vue d'un artwork très "cliché", ou à l'écoute de musiques bondées d'arrangements en tout genre saturant une mélodie déjà archi-entendue ?
Pourtant, dans cet océan de refrains mièvres et de parties instrumentales power étouffantes, certaines formations parviennent à surgir leur tête de la surface. On pourra citer
Dragonland et son sublime « Under The
Grey Banner »,
Derdian avec son mature «
Human Reset »,
Orden Ogan avec sa musique puissante et virile issue de l'école allemande,
Fairyland et son somptueux « Score To A New Begining »,
Dark Moor et ses mélodies romantiques,
Adagio avec son malsain «
Archangel In Black » bien qu'on soit ici proche d'un côté plus progressif, Holy Knight dont les albums sont moins personnels mais tout de même de très bonne facture, ou encore
Pathfinder.
Pour les fans, c'est toujours un immense plaisir de découvrir une formation de
Power Symphonique en grande forme, et
Pathfinder parvient, dès le premier album, à s'imposer comme un des groupes à suivre, ce qui constitue une prouesse. Pourtant, l'appréhension s'insinue en nous dès la vue de l'artwork très convenu, du nom du groupe des plus clichés, ou même des premières notes de guitare de « The
Whisper Of
Ancient Rocks ». En effet, après une introduction travaillée et dépaysante, le titre d'ouverture déboule par ce déluge de notes aiguës que le connaisseur aura appris à craindre...Toutefois, au fil des écoutes, cette première chanson se révèle travaillée, raffinée avec ses quelques moments d'anthologies...comme ce pré-refrain à tomber par terre, ou ce refrain qui vous trotte dans la tête un bon bout de temps.
Chœurs féminins, guitare bavarde et mielleuse, lignes de batteries effrénées, tout pour un plagiat raté de
Rhapsody. Pourtant, malgré une recette aussi impersonnelle,
Pathfinder s'impose grâce à un travail d'orfèvre dans la composition de ses atmosphères. L'écoute de l'album offre en effet un voyage magique et mouvementé dans ces contrées musicales pourtant maintes et maintes fois explorées. Emotions intenses (« All The Mornings Of The World », « Undiscovered Dreams »), manifestations orchestrales dévastatrices (ces montées de cuivres sur « Pathway To The
Moon »...), et chant impressionnant de personnalité (sans parler du fait que Simon œuvre parfois dans des aigus improbables), seront les principaux atouts de ce «
Beyond the Space, Beyond the Time ».
En plus de ces remarquables atouts, on ne pourra que saluer le fait que chaque chanson propose une variété dans ses structures et qu'elles sont rigoureusement égales au niveau de l'effort fournit pour leur composition. Toutes possèdent leurs idées propres, leur paysage spécifique, leur moment d'anthologie. On pourra citer ces notes électroniques sur « All The
Morning Of The World », discrètes mais maintenant un fond sonore essentiel à l'émotion, ce chant qui vous emmène parfois très loin sur « To The
Island Of
Immortal Fire », cette voix rocailleuse et ces chœurs grandiloquents sur « The
Demon Awakens », ou encore cette symbiose parfaite entre orchestrations et guitares sur « The
Lord Of Wolves ».
Pour clore ce tour d'horizon, on sera plus que satisfait de remarquer que l'album se compose 14 bonnes pistes d'environs 5-6 minutes chacune, sans parler du titre éponyme de 10 minutes qui enchaîne les bonnes surprises un seul temps mort, ou de Stardust et de ses 8 minutes, ce qui constitue une belle preuve d'inspiration. Les structures sont imprévisibles, les passages orchestraux légions, les montées épiques nombreuses, les moments de douceur dosés avec justesse et maturité, bref
Pathfinder sait ce qu'il fait, et il le fait bien.
On pourra reprocher une production manquant de puissance, ou un espace sonore parfois étouffé par trop d'arrangements, mais le groupe n'en était qu'à son premier essai. Un premier essai qui va au delà de toutes nos espérances.
«
Beyond the Space, Beyond the Time » n'est pas une révolution, ni même la découverte essentielle de 2010, il s'agit d'un coup de maître accomplit par un groupe talentueux. Les amateurs de
Power Symphonique seront aux anges, heureux de constater que le genre n'est pas mort, que certains fils de
Rhapsody of
Fire continuent à accomplir le glorieux objectif de cette musique : nous faire quitter le monde réel pour passer une heure dans un autre univers, le leur, le nôtre.
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