Figure désormais incontournable de la scène gothique,
Tristania a toujours su se montrer imprévisible, bien souvent indépendamment de sa volonté d'ailleurs. Les bases solides construites sur
Widow's Weeds et
Beyond the Veil avaient volé en éclats sur
World of Glass, disque souffrant du départ de Morten Veland, principal compositeur jusque là. Le jugement des fans de la première heure fut sans appel pour ce cd : NON!
Plus symphonique, plus grandiloquent dans son approche,
World of Glass n'a pas satisfait le peuple, et ce malgré de nombreuses qualités. La palette d'émotions n'était plus la même, il était grand temps de revenir aux sources afin de rassurer les aficionados.
Ashes, ou comment revigorer un passé tombé en cendres...
Par son homogénéité,
World of Glass pouvait empêcher l’auditeur d’être transporté. Ici au contraire, l’ambiance change d’un titre à l’autre et on ne se lasse pas de suivre le cheminement des chansons pour être à nouveau surpris. Les enchaînements sont fort bien sentis, Libre par exemple débute de manière assez brutale (pour du
Tristania), nous plaçant d’entrée de jeu face à un morceau oscillant entre death mid-tempo et black (pour la voix), rehaussé de claviers psychédéliques et de passages atmosphériques sur lesquels la belle Vibeke se cantonne à un chant planant et ambiant du plus bel effet, le tout suivi d’
Equilibrium, chanson plus classique et cette fois complètement atmosphérique dont la principale attraction est un duo de voix claires masculine et féminine. Bref, deux morceaux très différents qui ne pouvaient se côtoyer que sur
Ashes, grâce à un effort de composition qui semble plus qu’évident.
Un fait qui marque également à l’écoute de The Wretched et Endogenisis, deux morceaux à tiroirs, l’un atteignant les sept minutes, l’autre les dépassant de moitié. Claviers, violons, guitares sèche/acoustique, passages death, planants, épiques, envoûtants, ... Une telle diversité fait plaisir à entendre, surtout quand rien ne sent la démonstration facile. Cohérents dans leur construction, ils passent tous deux comme une lettre à la poste.
Cure et
Circus sont l’exemple parfait de cette alternance de calme et de tempête (gentille, la tempête). L’une est une ballade profonde et absolument berçante (une écoute nocturne peut facilement faire piquer du nez), ce qui n’enlève rien à sa beauté, loin de là, l’autre est plus sombre et une attention toute particulière semble avoir été portée à l’ambiance développée par les claviers. Nous retiendrons également quelques belles lignes de basse sur cette dernière.
Si l’on cherche à tout prix un bémol sur ce disque, c’est sans doute
Shadowman qui emportera le titre. Reposant sur un refrain une nouvelle fois atmosphérique et envoûtant, le morceau s’étend peut-être quelque peu en longueur. Il reste sans conteste agréable à l’oreille (en partant tout de même du principe que l’on apprécie le style, bien sûr), mais il ne représente pas du tout une expérience inoubliable.
Bird en revanche conclura le brûlot de manière idéale, alternant un couplet atmosphérique et un autre plus agressif, suivis d’un refrain mélodieux dont Vibeke a le secret. À nouveau, les claviers ajouteront une touche emplie de feeling à un morceau qui déjà n'en manquait pas.
Tristania signe donc une œuvre inspirée, munie d’un artwork sobre mais bien pensé, sans parler des illustrations du livret, très agréables. Il est attristant de constater qu’après ce retour en force, les chemins de la facilité et du formatage aient été explorés avec le décidément fade «
Illumination »...
15/20
Ca me réchauffe le coeur, je suis en dépression depuis que Theatre of Tragedy a annoncé son split :'(
Merci pour ta lecture.
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