Le mélange Rap-
Metal ne laisse pas indifférente notre planète musicale. Entre ceux qui s'insurgent et ceux qui admirent, ceux qui y sont indifférents et ceux qui trouvent que cela a de la gueule. Mais malgré tout, nul ne peut passer à côté des succès mondiaux que
Rage Against The Machine a engendrés, démocratisant ce style, repris ensuite par
Limp Bizkit,
Clawfinger ou dans notre hexagone par
Lofofora ou
Mass Hysteria (à un degré très différent). Hollywod
Undead fait aussi partie de cette mouvance Rap-
Metal, à la différence que le groupe insiste beaucoup plus sur le côté rap de leur musique.
Hollywood
Undead ne fait pas dans la dentelle et s'ils sont adulés par la mouvance « jeune » du Néo-
Metal à succès, leurs attitudes exubérantes en font de bonnes têtes de Turcs, à commencer par leurs dégaines masquées probablement inspirées par Slipknot. En 2008, le groupe sort son premier album, joliment intitulé «
Swan Songs » qui, s'il ne brillait pas par une originalité hors du commun, avait le mérite d'être suffisamment remuant et musicalement bien entraînant et sympathique pour accrocher l'oreille. Mais avant tout, pour aimer Hollywood
Undead premier jet, il faut accepter de baigner dans une ambiance « djeun'z » rythmés à coups de « fuck you, bitch ». Mais mis à part cela, nous pouvons essentiellement retenir le groove entrainant du groupe, qui parvenait à accrocher l'oreille de l'auditeur.
«
American Tragedy » sort donc trois ans après cette première offrande. Changement de chanteur clair à la clé et c'est parti ! Autant le dire tout de suite, ce disque est un véritable bordel, de très bons titres côtoyant des étrons, et aucune cohérence ne ressort d'une tracklist semblant avoir été décidée par tirage au sort. Et comme dit plus tôt, les titres étant soit très bons, soit très mauvais, on décroche beaucoup trop souvent. En soit, il y a un côté Rock qui sort plus qu'un côté
Metal, les vocaux hurlés de «
Swan Song » ont totalement disparu, la verve textuelle de
Deuce complètement évaporée au profit de textes prônant les filles, le sexe et l'alcool. Dans cet album se mélangent trois catégories de titres : les rocks, les rap et les autres.
Par quoi on commence ? Par un défaut qui gâche la plupart des refrains. Que ce soient les meilleurs titres comme les plus mauvais, le chant putassier et clairement trop facile et déjà entendu cinquante fois. Véritablement lassantes, ces envolées pops horriblement ratées gâcheront nombre de moment. Danny est l’exemple même de la voix basique qui ridiculise les refrains de beaucoup trop de groupes de Metalcore (simple exemple).
Pour poursuivre, le groupe enchaîne davantage avec côté rap vexant et énervant de par une attitude se voulant provocante, mais finissant tout simplement par devenir ridicule, le tout rehaussé par un électro bien souvent de mauvais goût. « Apologize » en est le parfait exemple avec cet électro basique semblant tout droit sortir d'un vieux délire 80's, agrémenté d'un rap purement agaçant et d'un chant plat. « Gangsta Sexy » veut se payer une petite ressemblance avec Snoop Dog, mais sans même le frôler, Hollywod
Undead parvient à créer LE stéréotype pur et dur du rappeur ridicule voulant se la jouer méchant. Tellement risible que c'est presque une libération d'entendre le niais chant clair sur le refrain. « Lights
Out » est digne de passer sur Fun Radio de par une musique purement ridicule et d'un chant rap totalement plat, mené par une partie électro qu'on n'oserait même pas passer en boîtes. « Pour Me » poursuit dans la vague des titres ridicules, mais que le groupe s'est imposé pour respecter son quota de chansons commerciales. Peut-être plus délicate que les autres, mais gâché par toutes ses voix et ses montages purement superficiels.
Outre les chansons purement et simplement mauvaises se trouvent des chansons instrumentalement sympathiques mais vocalement insupportables. « I Don't Wanna
Die » en fait les frais, le piano (clavier) pose les bases d'une musique plus atmosphérique, mais le chant vient tout gâcher de par son caractère trop électronisé et son rap vaguement ressemblant à un Eminem enrhumé ou encore à un Jay-Z constipé. «
Coming Back Down » accueille un rythme de batterie entraînant et une guitare acoustique agréable, mais devinez ce qui rend le titre lourdingue ? Le faux réveil de la guitare et le très mauvais chant joueront contre un morceau aux apparences agréables. « Levitate » et « Tendencies » sont du même acabit. Electro sympathiquement remuant pour la première, guitare massive pour la deuxième, mais chant purement stéréotypé bon pour passer à la dernière radio à la mode. Tout comme « My Town » finalement...
Finalement, il reste le pentagone du disque. Cinq titres tout simplement réussis. Comme le titre d'introduction «
Been to Hell », massif à souhait, guitare écrasante bien qu'un peu trop synthétique et surtout, les trois chants rap s'accordent à merveille et le chant clair dégage les sinus (!), «
Glory » apporte un côté un peu épique avec ses longs riffs et son chant furieux et rapide, ou encore «
Hear Me Now » est ses vocaux rapides et énervés qui apportent une grosse envie de se bouger, sans compter sur un chant clair totalement dans le ton (c'est suffisamment rare), sans compter ses riffs étendus et son électro entraînant. Ajoutez à cela la batterie puissante et efficace et vous obtenez le titre parfait de cette galette.
Enfin, il reste deux chansons particulières. La première, « Comin' in Hot » possède un gros côté lourd, rap stéréotypé, on prend un clip, on met des filles en décolleté et mini-short et on obtient sans contestation le titre rap par excellence. Et pourtant, ses vocaux énervés et son électro intense en fond un titre qui fera sans conteste bouger les foules en live. «
Bullet » est une vraie perle ! Aucun véritable rap, les quatre vocalistes se partagent des plages de chants très agréables et la guitare acoustique donne véritablement envie de claquer des doigts, surtout au rythme de cette batterie entraînante. Un coup de cœur.
Au final, «
American Tragedy » est un disque purement inégal. Un gros bordel dans la tracklist empêchera une écoute attentive de ce disque. Un côté très lourd, une imagerie et une dégaine trop stéréotypés, trop copiés et finalement de très mauvais goût. Peu de titres vraiment efficaces, trop de chansons gâchées et des morceaux carrément nuls, Hollywod
Undead était un groupe très (voire trop) prometteur. Mais trop d’attentes tue l’attente et «
American Tragedy » est un disque tout simplement raté et trop long. Surement appréciable pour un auditeur débutant ou archi-fan du genre et de musique typé radio. Mais n’est pas
Rage Against The Machine qui veut.
Bon sinon, je ne suis pas certain qu'ils soient dans la même mouvance que RATM, le Rap Metal, c'est aussi Reveille, voir E.Town Concrete et des tas d'autres groupes, donc, différentes façons de l'aborder. Si tu veux un groupe récent qui se rapproche de RATM, tape dans Hyro Da Hero, ça pourrait te plaire. Un mélange entre RATM et HU (pour le côté un peu moins sérieux) en gros, quelque chose de frais, mais qui rappelle les années 90.
Sinon, pour la chronique, je suis tout à fait d'accord. Autant je réécoute le premier avec plaisir (même si quelques titres sortent aussi du lot), autant celui-ci, rien n'y fait, je garde quelques chansons et c'est tout. Le nouveau chanteur colle moins bien, les morceaux sont moins entrainants, etc... J'espère qu'ils s'en rendront compte et qu'ils ne continueront pas sur la même voie.
D'ailleurs pour "Bullet", j'avais une appréhension au départ, puis j'ai aussi fini par beaucoup l'aimer.
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