C'est toujours compliqué de chroniquer un grand groupe comme
Sepultura , et il est encore plus difficile de disséquer un album polémique d'un tel groupe. C'est d'ailleurs pour cette raison que je me suis intéressé à ce bébé des Brésiliens, sorti en l'an de grâce 1998.
Alors d'abord un bref rappel du contexte est nécessaire:
Sepultura, groupe originaire de Belo Horizonte et dirigé par les frères Max et Igor Cavalera, connait depuis l'année 1989 et la sortie du remarqué "
Beneath the Remains" un succès inter
National. Le metal que nos amis proposent est apprécié à juste titre car il mélange
Death Metal et Thrash
Metal avec talent. Le succès du groupe est confirmé avec la sortie des 3 albums suivants considérés aujourd’hui comme des classiques du metal : "
Arise" avec ses textes provocateurs et accrocheurs, "Chaos Ad' et ses paroles à caractère socio politique et ce que certains appellent le meilleur disque de la carrière du groupe: l'album "
Roots", devenu aujourd'hui légendaire. Les ventes exploseront avec ce dernier, avoisinant le million de ventes.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que
Sepultura a réussi une ascension amplement méritée et les fans de l'époque hurlent dans les concerts les paroles de chansons désormais mythiques telles que "
Roots", "Rathamahatta" ou bien encore "Chaos Ad" avec une ferveur impressionnante.
C'est dans ce contexte d'apogée que Max Cavalera , après un sombre différent avec notamment le guitariste
Andreas Kisser et le bassiste Paulo Jr, décida de quitter brusquement le groupe. Cette décision brutale du charismatique leader du groupe inquiéta évidemment énormément les fans, qui commencèrent à penser qu'une séparation du groupe devenait de plus en plus probable. Cependant la volonté de survie du groupe semble féroce et c'est après de longs mois de recherche que le groupe décide d'engager le méconnu Derreck Green, un Américain issu de la scène punk hardcore. Les fans attendaient donc la sortie de ce premier album avec méfiance, et après sa sortie, le résultat commercial fut pour le moins très décevant et l'avis des fans souvent négatif. La même année, le 1er album de
Soulfly , nouveau groupe de Max Cavalera, se vendra bien mieux qu’ «
Against ».
Dans cette chronique, on va essayer de s'attacher à l'aspect purement musical du groupe, en mettant à la corbeille des remarques de groupies pro Max Cavalera qui sont nées après la sortie de cet album et qui perdurent même aujourd’hui….
Alors commençons par regarder de plus près l'artwork. On peut voir sur cette pochettes deux masques japonais se faisant face, séparés par un symbole, peut-être un shuriken, tout ça sur un fond de couleur orange .
Tiens étrange… Je ne sais pas pourquoi, mais le concept de placer un masque représentatif d'une culture m'est relativement familier... Ah, maintenant ça me revient, la pochette de
Roots... Une volonté de coller à l'image du précédent album? Hum... Des éléments folkloriques ou du moins inattendus sont présents dans cet album. Blup Blup Blup, ne retrouvait-on pas déjà dans "
Roots" des éléments folkloriques brésiliens, à travers notamment des percussions avec monsieur Carlinhos Brown, un grand nom de la scène musicale brésilienne?
Le premier morceau comprenant un élément "surprenant " arrive assez tardivement sur l'album, en effet la 11me piste du Cd, « Unconscious » comporte un passage joué au sitar par Andreas. La piste suivante, «
Kamaitachi », est divisée en trois partie: une intro rythmique très réussie, suivie d'une partie "metallique" classique et tout une autre partie du morceau assez étrange, où l'instrument jouant la mélodie est une flûte japonaise... l'alchimie entre ces éléments fonctionne et donne un morceau étrange mais réussi et intéressant.
Enfin, "l'outro" du Cd, T3rcermillennium, est la seule piste entièrement acoustique de l'album, avec notamment la présence d'un violoncelle qui renforce l'esprit "asiatique" en utilisant des techniques musicales spécifiques de cette région.
Les autres chansons sont pour moi en tout cas, d'une qualité tout à fait correcte et sur certains points, dans la lignée de ce que faisait le groupe avant le départ de Max Cavalera. Des riffs efficaces, incisifs et violents, très peu de solos de guitare, et une batterie "tribale "assurée par un Igor Cavalera en forme.
Mentions spéciales pour «
Old Earth », «
Choke » et «
Hatred Aside » avec dans cette dernière l'intervention de
Jason Newsted, vétéran du thrash métal qui a officié dans de (très) grands groupes tels que Flostsam and Jetsam, Voïvod, ou bien encore
Metallica.
Alors, L'argument principal que donnèrent les fans pour justifier le fait de bouder l'album fut... La voix du nouveau-venu: Derrick Green. Certes cette voix peut surprendre, et je peux comprendre qu'on puisse être un fan de la période Cavalera au chant, mais avec un brin de bonne foi, on peut dire que la voix de Green se marie assez bien avec l'ensemble musical.
Pour conclure, on peut dire que la période après la sortie de cet album fut une période difficile pour
Sepultura. Une sorte de traversée du désert suivie d'une lente reconquête de ses fans, souvent dans la douleur. Le groupe aura donc toujours à l'esprit de propager sa musique, même dans des endroits où le metal n'est pas très développé, comme la Nouvelle Zélande, la Réunion ou bien encore l'Indonésie. Aujourd'hui , 15 ans et 5 albums plus tard, après le départ du second Cavalera du groupe,
Sepultura est toujours présent sur la scène et Derreck Green a su conforter sa place de successeur de Max Cavalera auprès de nouveau fans et auprès de certains fans de la première heure.
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