1. DECLIN

J’ai parcouru les mondes solitaires
A la lueur d‘astres opalins séculaires
Cherchant la paix dans l’intime noirceur
Lors de mes errances de voyageur

Traversant de vastes plaines mystérieuses
Dérivant sur des étendues nébuleuses
Rien pour rassasier ce désir insupportable
De délétère solitude indomptable

J’accoste pour une dernière fois
Sur un continent au vastes bois
Quittant définitivement le rivage
J’amorce mon dernier voyage

J’ai trouvé des terres à l’agonie
Peuplées d’âmes toutes aussi démunies
Enfermées dans une spirale asthénique
Égarées dans des contrées faméliques

Toutes animées par une flamme commune
Alimentée par une irascible rancune
Vers elle je me tourne désormais
Qui fut ma guide et compagne à jamais

Je t’ai confondu avec l’infini univers
Plongé dans l’abîme absolu de ton calvaire
Je me suis approprié tes peurs et ta haine
Toi Misanthropie, de mon royaume la Souveraine

Maintenant que ton emprise s’affaiblit
Que je persiste à tes côtés tu me supplies
Tu te montres maintenant sous ton réel apparat
Car bientôt tout ce qui t’a créé disparaîtra


2. EFFONDREMENT

Perché sur mon délabré promontoire
J’aperçois des terres habitées de charognards
Misérables aliénés errants sans but
Dans les débris d’un monde qu’ils ont corrompus

Une fumée noire sort de leurs termitières
Érigées sur leurs profonds ossuaires
Laissant stagner un brouillard de suie
Étouffant ce qu’il pouvait rester de vie

Toute beauté par eux annihilée
Tout paysage à jamais mutilé
Par cette espèce en putréfaction
Allant vers sa fatale extinction

Guidé vers d’insondables abysses
Par ces êtres qui ne sont qu’immondice
La cohorte des esprits décadents
M’emmène amorcer l’effondrement

Descendant dans les ruines souterraines
Aux antiques parois qui s’égrènent
Chantent un psaume pestilentiel
Qui va bousculer l’équilibre naturel

La terre tremble de toutes ses pierres
Les éclairs frappent d’une rage incendiaire
Depuis la mer s’élèvent des lames colossales
Venant s’abattre sur les hauts sommets glacials

Alors que rampent encore ces cafards
Que tout espoir n’est plus qu’illusoire
Ils disparaîtront avec la dernière lumière
Afin que tout revienne à l’état de poussière


3. DESTRUCTION

Je les entends encore
Ces voix qui murmurent dans ma tête
Des mélodies âpres qui me dévorent
Qui ont fait de moi leur marionnette

Je pensais les avoir bannies
Chassées de mon esprit malade
Alors que résonnent leurs acrimonies
Et que ma santé mentale se dégrade

Je les entends encore
Railler mes actions passées
Souhaiter qu’à jamais s’enferme mon corps
Dans ce carcan empoisonné

Les philtres ne les rendant plus silencieux
Me plongent dans un coma brumeux
Où viennent dans mon sommeil
Croasser des milliers de corneilles

Je m’éveille lentement de ma prostration
Pour m’engager sur l’ultime chemin
Par-delà l’horizon aux reflets carmin
Menant à une inéluctable autodestruction

Terminé les psalmodies harceleuses
Et les chimères empoisonneuses
Je rentre dans mon cocon cathartique
Qui me libèrera des pensées apathiques

Ayant atteint ma destination
J’érige mes fortifications
D’où je pourrais contempler
Les nuées d’oiseaux argentés

Et lorsque brilleront mille soleils
Décolorant le coucher vermeil
Et que pleuvront les cendres éternelles
J’errerai jusqu’à l’horizon perpétuel