Evergrey fait partie de ces groupes au talent indéniable, qui persévèrent d’album en album sans compter les années, mais à qui le succès se refuse toujours. Les suédois ont pourtant à leur actif quelques chefs d’œuvre, dont In Surch of Truth, Recreation Day ou encore l’excellentissime Hymns for the Broken, qui leur a offert un petit regain de popularité. S’est ensuivi depuis 2013 une intensification des tournées, notamment en soutien de Delain, et des festivals. Mais il a fallu attendre quelques temps après la sortie du dixième album The Storm Within pour qu’Evergrey se paye à nouveau le luxe d’une tournée en tête d’affiche dans toute l’Europe. Leurs derniers passages à Lyon en haut de l’affiche datent respectivement de 2006 puis 2010. On note d’ailleurs tristement que la jauge n’a pas augmenté, voire légèrement baissé, puisqu’en 2005-2006 le groupe jouait sur la petite scène du Transbordeur, et depuis 2010 se produit au Marché Gare. Le Marché Gare n’affiche même pas complet ce soir, mais la mauvaise communication autour de cet événement en est peut-être aussi la cause … Quoiqu’il en soit, nous devons être bien 200, dans une salle qui peut accueillir 300 personnes.
Need
Un seul groupe accompagne Evergrey ce soir, et il s’agit des grecs de Need. J’avoue ne jamais avoir entendu parler d’eux avant leur prestation, et un rapide sondage auprès de mes voisins m’a confirmé que je n’étais pas le seul. Après recherches, Need est peut-être dans la même situation qu’Evergrey, avec déjà cinq albums à leur effectif, mais aucune reconnaissance outre-mesure. Et cette tournée peut bien être l’opportunité de leur carrière ! On y découvre un groupe expérimenté, doté de musiciens doués et professionnels, opérant dans un metal progressif et mélodique assez classique, mais pas dénué d’intérêt. On peut les rapprocher de la scène grecque, qui inclus des formations certes peu connues, mais tout aussi intéressantes, à l’instar des Until Rain, False Coda, Psycrence ou encore Imaginery. Le chanteur est énergique, et se démarque des autres musiciens qui se font plutôt discrets. Il faut dire que la faible luminosité combinée à l’épaisse fumée n’aide pas à les mettre en valeur (ce qui explique aussi pourquoi je ne publie pas de photos d’eux).
Nos grecs n’hésitent pas à jouer des morceaux plus longs que la moyenne, titillant les 7-8 minutes, et le public ne semble pas s’ennuyer. Sans être une révélation, Need reste suffisamment intéressant pour passer un agréable moment en attendant la tête d’affiche.
Evergrey
Notre enthousiasme s’accroît, à mesure que la fumée se dissipe, pendant un changement de plateau relativement rapide. Et c’est là-dessus que débarquent les suédois, et sans un mot nous balancent un Solitude Within, complètement inattendu ! Il faut dire que le titre en question est tiré du deuxième album, sorti il y a 18 ans, puis suivi d’un Mark of the Triangle à peine moins vieux. L’efficacité est là, mais visiblement tout le monde ne connaît pas ces morceaux : The Fire, puis le récent tube Distance rencontreront bien plus d’écho.
Evergrey semble en grande forme ce soir, avec un Tom Englund et un Henrik Danhage qui n’ont pas arrêté une seconde de se tirer la bourre, et à chacun de chercher l’approbation du public pour mieux se moquer de l’autre. Grands princes que nous sommes, nous déclarons match nul. Jonas se distingue lui par un jeu de batterie en grande classe, précis, accompagnant ses coups de baguette de grands mouvements avec ses cheveux. Il n’est pas loin de postuler pour une pub L’Oréal. On regrettera seulement que Rikard Zander soit condamné derrière son clavier au fond de la scène ; il est peut-être très timide. Et vers le milieu du set, les musiciens remarquent la présence de deux petites filles au premier rang : les fiers métalleux se transforment quasi-instantanément en adorables papa poule. Jonas propose à l’une d’elle d’observer une chanson entière depuis sa batterie, tandis que Henrik tente d’apprendre la guitare à la seconde. La situation est au moins aussi touchante que drôle.
Comme dit précédemment, la carrière d’Evergrey est longue, et aucun album n’est véritablement mauvais : un choix drastique a dû être effectué. La setlist est globalement bien répartie, entre des classiques qui font chavirer les émotions de tout le public (When the Walls Go Down), et les nouveaux titres parmi les plus pêchus (Distance, My Allied Ocean et son riff destructeur). La surprise du chef arrive avec un intéressant medley Words Mean Nothing couplé au plus récent Missing You. La satisfaction est aussi très grande de retrouver de nombreux morceaux de Hymns, signe que le groupe lui-même le considère déjà comme un classique. Sur Black Undertow en particulier, la voix de Tom a laissé tout le monde sur le cul. Mais le plus gros morceau est bien sûr l’incroyable King of Errors, réclamé par le public, et chanté en chœur avec une intensité palpable. Le duel de solo entre Tom en Henrik est un grand moment, prouvant, si c’était encore nécessaire, l’immense talent de la bande. Et c’est sur ce King of Errors que les suédois nous quittent, après plus de 100 minutes d’un show de très grande facture. Nous partons de la salle avec le sentiment que nous avons vécu un moment intimiste, auquel seuls les initiés et les connaisseurs ont accès. Evergrey n’est de toute manière pas un groupe à succès, et c’est peut-être finalement ce qui leur permet de rester toujours eux-mêmes, humbles, persévérants, et toujours aussi talentueux.
Rhaa la chance ! Vu une seule fois à Toulouse en compagnie de Delain que je n'apprécie guère, j'étais venu pour Evergrey et n'ai pas été déçu. Comme tu le précise ce groupe talentueux n'a pas le succès qu'il mérite.
Idem que King Triton, pour ma part vu à Lyon lors de la tournée avec Delain que je ne connaissait guère et Kobra and the Lotus que j'ai découvert et que j'écoute depuis. Je les écoute depuis In Search of Truth et aucunement déçu de leur prestation, dommage qu'il n'est pas la reconnaissance à la hauteur de leur musique toujours excellente.
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