Pour ceux qui s'en souviennent, j'avais posté il y a quelques temps un appel à la lecture, le résultat est ici, merci encore à tous ceux qui ont pris un peu de temps pour lire le pénible monsieur que je suis.
Il était assis sur un fauteuil de cuir sombre constellé d'opale, d'alexandrite et de
Fragments d'obsidienne noire et polie. Le flux et le reflux de l'eau lui arrivait malgré l'épaisseur de la coque et le blindage de sa cabine située dix sept mètres au dessus du niveau de flottaison de son bâtiment. Sur un bureau d'ébène était étendue une vieille carte tachée de sang, son papier était jaune et craquelé, ses bords étaient abîmées, craquant entre ses doigts. Elle représentait en enchaînement de côtes et plusieurs points avaient été dessinés à la surface, sans doute pour y figurer une flotte. Il replia la carte dans un froissement de vieux papier et se leva de son fauteuil pour se diriger vers la sortie, à quelques mètres sur sa gauche, au son de l'eau qui battait la coque.
Le couloir était éclairé par quelques lampes électriques, le verre était taillé de façon à représenter une flamme vacillante, Sur les murs étaient tirées des tapisseries présentant une
Macabre parodie de chasse où lui et deux autres hommes, à la peau d'albâtre et au port fier, montés sur trois chevaux noir, poursuivaient un troupeau de gibier humain, chaque bête était sale et nue, comme avilie par le talent du peintre. Il était content du travail de l'artiste, maître Sciebiti l'avait vraiment bien représenté, bien qu'un peu trop petit et lourdaud à son goût. Il fit un pas de plus, le sol était de chêne et craquait légèrement, malgré l'épais velours rouge qui parcourait le sol. Plusieurs officiers le saluèrent alors qu'il passait dans le corridor pour se diriger vers le niveau inférieur. Prenant un petit escalier de bois et d'acier, il s'enfonça dans les profondeurs de son vaisseau.
Il marcha longtemps pour finalement arriver devant une porte d'acier noir et sale. Une lumière blafarde filtrait par une petite ouverture pratiquée sur le haut de la porte, au niveau de son visage. Toquant trois fois à la porte, il sortit une dague de sous son long manteau. Elle était parfaitement aiguisée, renvoyant un léger reflet rouge. On vint lui ouvrir, il s'avança dans la petite pièce faiblement éclairée par une petite lampe pendue au plafond. Un grand homme portant un uniforme gris le salua de la main droite.
- Kriegmeister, le prisonnier est en vie et en bon état, comme vous l'avez demandé. Il n'a pas dit un mot depuis qu'il se trouve entre nos griffes, dit-il.
- Bien, vous avez fait du bon travail, laissez le moi, quand j'en aurais fini vous nettoierez les restes. En attendant, prenez vos quartiers je vous ferais mander.
Le soldat le salua puis partit, fermant derrière lui la porte qui laissa entendre un long grincement métallique. Le son fit sourire le Kriegmeister.
Il se retrouvait seul avec son prisonnier; il aimait ces moments là, où il n'y avait que lui, son jouet et son imagination. La créature était vêtue de loques, ses cheveux étaient courts, bruns tirant sur le noir. Son regard suintait littéralement de terreur animale. Un rire dément sortit de la bouche du Kriegmeister. L'animal était à sa merci. Il avait été capturé le matin même sur un bateau qu'avait abordé une petite frégate de sa gigantesque flotte. Ses soldats avaient fait prisonnier la totalité de l'équipage, non pas qu'ils eussent besoin d'information mais lui et ses lieutenants aimaient bien s'amuser avec les prisonnier avant de les tuer et d'arborer leurs cadavres mutilées sur la coque de leurs bateaux. Ainsi, dès qu'un navire de reconnaissance trouvait un bâtiment à aborder, il faisait tout son possible pour en sauvegarder l'équipage afin de le mener au haut commandement de la flotte de guerre.
Il s'agenouilla près de l'homme, et lui susurra à l'oreille:
- Je lis de la terreur dans tes yeux, j'en conclus donc que tu sais entre quelles mains tu te trouves, n'est ce pas ? Il lisait dans les yeux de l'homme une peur indicible, une terreur sans nom, millénaire, enfouie sous la conscience humaine, mais qui pourtant ressurgissait cependant en cet instant, dans les yeux de la créature qu'il s'apprêtait à torturer. Vous les hommes, vous n'êtes guère plus que du bétail. Vous refusez de voir ce que vous êtes réellement, cela n'est pas grave car l'ère du sang et des larmes est proche, et, pathétiques créatures que vous êtes, vous ne pourrez m'arrêter.
- Vous êtes un monstre, une créature des enfers, et vous serez stoppé un jour ou l'autre, balbutia l'homme.
- Je me permets d'en douter vois-tu, ayant rassemblé la plus grande armada de tout les temps, je frapperais prochainement à la porte de ta nation, que comme tant d’autres j’anéantirai. Certains de tes semblables ont compris qu'ils ne pouvaient nous vaincre, alors ils nous ont rejoint, grossissant nos rangs, et maintenant ils nous vénèrent, moi et mes semblables comme des dieux vivants.
Le Kriegmeister pris alors un sac de sel par terre, il ouvrit le sac de sa dague et pris une poignée de sel à pleine main.
- Ah ! Le sel, n'est ce pas là un outil merveilleux, à mil et un usage, dont tu découvriras bien assez tôt le plus jouissif. Il plaça alors sa main au dessus de l'œil de son jouet et ouvrit très légèrement son poing. Sa victime ferma ses yeux mais il lui découpa les paupières, exerçant une très légère pression, pour ne pas malencontreusement endommager la cornée, mais suffisante pour couper proprement la fine membrane. Le prisonnier hurla alors qu'un peu de sang commençait à couler de la coupure nette et précise qui entourait l'oeil gauche, le sel commençant à l'attaquer et faisant sécher le sang à sa surface. Les hurlements était de plus en plus sonore, produisant par là même l'effet recherché par le Kriegmeister, il sourit tout en se rendant compte qu'il avait épuisé tout le sel qu'il avait en main, la créature avait maintenant arrêtée de pousser ses pathétiques hurlement et gémissait à présent alors qu'elle était parcourue de convulsion. Il joua ensuite un peu avec elle, en lui tailladant le visage à l'aide son couteau, mais cela l'ennuya vite.
Il resserra les sangles qui attachait l'aveugle au sol, lui donnant un violent coup de pied de sa bote d'acier dans l'abdomen, pulvérisant probablement un quelconque organe vital, il se releva pour aller fouiller dans une petite sacoche se trouvant près de l'entré. Après quelques temps il en ressortit une bouteille d'un liquide noir et huileux ainsi qu'une boite d'allumette. Il marcha lentement vers l'aveugle, lui laissant le temps de réfléchir a son sort, faisant entendre le son lourd et pesant de ses bottes sur le sol d'acier. Le Kriegmeister se pencha enfin sur l'homme qui gémissait en demandant grâce. Avec sa dague il entreprit d'ouvrir doucement l'abdomen de l'homme qui recommença à hurler, mais ce fut vite fini, il était déjà mort. Alors il desserra l'emprise des sangles sur la chair de l'aveugle, puis le souleva de terre avec une force prodigieuse, d'une seule main. Il le pendit ensuite à un crochet rouillé, entraînant un immonde bruit de succion alors que le fer entrait doucement dans la chair, s'enfonçant progressivement sous le poids du cadavre, il se dit à lui même, en souriant:
- C'est dommage, je n'ai même pas pu essayer le pétrole sur celui la. Il sortit de la pièce en faisant grincer la porte et remonta les escaliers.
Sur le pont, l'air était frais, venant caresser le visage blafard du Kriegmeister dans une douce matinée au reflet rouge. D'où il était, il pouvait voir l'immensité de sa flotte, une armada telle que le monde n'en avait jamais connue, elle s'étendait à perte de vue, malgré sa vision supérieure. Plus de quatre mille bâtiments de débarquements des types les plus variés, soixante sept cuirassés, quatre-vingts croiseurs, deux cent quarante-deux destoyers, cinquante deux porte-avions, une centaine de dragueurs et chasseurs de mines, quatre-vingt dix sous-marins, plus de sept cent navires d'escortes et de ravitaillement. Une force telle que jamais un homme n'en avait eu sous son commandement. Cette flotte était mené par le plus puissant navire jamais sortit d'un chantier maritime, l'Annihilator, quatre cent quatre-vingt dix neuf mètres de long, un maître-bau de soixante dix sept mètres, une puissance de feu inimaginable, une bordé de canons du plus gros calibre, un monstre d'acier et de feu, le maître des mers. C'était Son navire, il était sortit des chantiers quelques années auparavant et avait semé la terreur sur toutes les mers du globe, affirmant la suprématie de la marine du Kriegmeister.
L' Europe puis les autres terres mises à genoux par ses immenses armées fournirent les matériaux et la main d'œuvre afin de réhabiliter et de construire de nouveaux bâtiments de guerre, on avait remit en service nombres d'anciens navires et d'autres sortaient des chantiers au rythme du martèlement de l'acier et du pas des armées qui asservissaient toujours plus de terre et de peuple en son nom, ceux qui refusaient de le servir périssaient dans de gigantesques purges, leurs os broyés sous les chenilles de ses chars ou succombant dans d'immenses brasiers qui consumaient des nations entières.
Ses armées avaient traversées les mers du globe, ne laissant plus que cette nation hors de son giron, il avait refusé tout compromit, avait exécutés des millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Il se souvint avec un frisson d'extase de l'odeur de chair carbonisée et de putréfaction qui exhalait des charniers à la suite du siège de Londres. Les habitants avaient tenus tête à ses armées pendant plus de quatre mois, jusqu'a ce que le manque de vivre et de soins eut raison de leurs défenses. La moitié de la population s'était rangée de son côté, ce qui facilita grandement la prise de la cité. Finalement, le neuf avril il donna l'assaut final, répandant ses troupes comme un brasier dans la ville, s'en suivit un chaos sans nom, la ville s'embrasa alors que ses divisons blindées atteignaient le palais de Westminster, réduisant au silence les derniers vestiges de démocratie en Europe. Sur les près de neuf millions d'habitants qu'abritait la ville avant le siège, il n'en restait plus que six, en comptant les hommes qui s'étaient rangés sous son étendard. Le massacre avait continué pendant trois jours. Ies survivants qui avaient refusés d'embrassés sa cause avaient été exécutés puis entassés sur d’immenses brasiers allumés en dehors de la ville. Ce scénario c'était répété maintes fois depuis des années, augmentant sa puissance et le nombre de ses esclaves. Londres, Pekin, Tokio, Pretoria, Moscou... Toutes ces villes étaient tombées presque sans combattre.
Jamais le monde n'avait connu un conquérant comme lui, il contrôlait un territoire s'étendant du Groenland à la nouvelle-Zélande. Alexandre le grand, Cesar, Napoleon, Hitler, il les avait tous dépassé en prestige comme en puissance. Le destin de milliards d'âmes reposait entre ses mains, seul une nation lui résistait encore, et ce depuis le début de cette guerre, mais bientôt elle allait être balayée. Les armées du Kriegmeister allaient se répandre à sa surface comme une traînée de poudre et n'en laisser que ruine et désolation, cette nation qui avait accueillit tout les résistants à son hégémonie sur cette terre depuis le début du conflit ne serait bientôt plus rien. Ses hommes armaient les canons pour le combat, la flotte avançait maintenant, terre en vue, il savoura ce moment, son triomphe, toute ça vie, il avait attendu cet instant, et maintenant que la victoire était à portée de mains il pris conscience du chemin qu'il avait parcouru depuis mil ans.
Il s'avança sur son estrade pour prendre la parole devant sa flotte, il n'en voyait ni toute l'immensité, ni ne pouvait de sa voix atteindre tout les soldats massés dans les entrailles de leurs navires. A sa droite ce tenait trois hommes vêtus de pourpre, au corps élancé et au teint blafard, c'était là une partie de son état major, des immortels, comme lui. Il leur décocha un sourire carnassier avant d'enfin prendre la parole, sa voix tonitruante relayée dans les vaisseaux par toute une série de haut parleurs:
- Mes frères, voici venir par devant vous le jour que nous attendons tous, notre ennemi est là, sur cette terre que vous pouvez apercevoir, dit il en désignant de sa main le rivage qui s'approchait doucement. L'heure de la curé arrive, nous arrivons au bout de notre quête, cette nation sera rasée, son peuple sera exterminé, nous répandrons leurs cendres sur ce monde,leur sang purifiera cette terre, ainsi notre triomphe sera total ! A la guerre !
Une série d'acclamation se fit entendre sur le pont des navires environnants, il sourit en se retournant vers ses généraux:
- L'heure du sang et des larmes arrive, mes amis, et rien ne pourra plus l'arrêter.
- Le sang des esclaves sera répandu sur la terre. Répondirent en coeur les trois immortels.
Un vacarme assourdissant remplissait les rues de New York, la venue de la flotte du Kriegmeister avait soufflée comme un vent de panique sur la ville. Depuis toujours cette cité, pôle économique du bloc amérique, avait résistée aux ambitions de l'ennemi. Cela serait bientôt terminé, il avait rassemblé une immense armada près à tout détruire sur son passage. Les soldats et la milice s'affairait aux alentours du port et sur les côtes, des défenses avaient été placées en vue du combat à venir les canons étaient armées, les hommes prêts a vendre chèrement leurs vies, mais rien ne les arrêterait, ils allaient être soufflé comme un fétu de paille, tant d'années de résistance, tant de souffrance, de larmes, de sang et de morts... Pour rien. Cette nation avait soutenue la résistance en Europe et dans le monde, et pour un temps ils avaient cru pouvoir endiguer les véhelités du Kriegmeister, mais cela n'avait pas duré, il avait réduit à néant l'opposition, fait le siège d'innombrable cité et massacré des millions d'hommes, de femmes et d'enfant. Comment en était on arrivé là ? On voyait déjà approcher les premiers bâtiments de guerre, dans un apocalyptique bourdonnement d'acier et de souffre. La terreur venait se nicher dans le coeur même des plus courageux guerriers que l'Amérique avait pu envoyer ici, dans cette ville de New York qui serait leur tombeau. Il n'y avait pas eu de négociations, ils n'en espéraient pas, comme ils n'attendaient pas de pitié de la part de cette armée, c'était la fin et ils le savaient.
Les navires étaient en positions, toutes armées pointées vers la terre, un seul mot, et la destruction de cette terre commencerait, le Kriegmeister savoura un instant ce moment avant de prendre la parole et de donner ses ordres:
- A tout les bâtiments, déchaînez les enfers !
Et bientôt tout ne fut plus que feu et mort. les premiers obus atteignirent les bâtiments, faisant naître la destruction dans ce pays qui avait longtemps connu la paix, maintenant ruine et désolation s'abattait sur cette ville comme tant de maux longtemps réprimés, le feu naissait là ou la paix avait longtemps semée ses bienfaits. Après deux heures d'intense bombardement, il donna l'ordre de cesser le feu et de préparer les navires de débarquement, la flotte s'étant approché du rivage. Le bombardement n'avait été qu une étape préliminaire, maintenant venait véritablement l'heure de la curé, du massacre de millions d'âmes. Il dégaina l'épée qu'un de ses immortels lui tendit et la porta au dessus de sa tête, le soleil reflétant les flammes du brasier sur sa lame d'acier polie. Puis, savourant sa victoire, il ouvrit grand la bouche, cela même sans haut-parleurs, par une antique magie, sa voix, sa véritable voix, qui n'avait plus résonnée sur la terre depuis mil ans, puissante et terrifiante couvrit sans peine les râles des blessées et le crépitement des flammes, jusqu'au coeur de la cité en ruine:
- Voici venue l'heure du sang et des larmes, mortels, vous ne vous vous êtes pas prosternez devant moi dans la vie, vous le ferez dans la mort !
Et sur ces mots, il précipita sa tête en arrière et éclata d'un rire dément, enfin, il se souvint de pourquoi il avait fait tout ce chemin, pour en arriver au jour du sang, mil ans qu'il attendait cela, mil ans qu'il avait promit à ses paires de couvrir le monde de feu et de sang, il avait connu la ruine de mil cités, le brasier de millions d'âmes, toujours dans l'ombre. Il savait que la gloire lui était destinée, à lui. Des centaines d'images vinrent exploser dans sa tête, des corps empalés sur des milliers de pieux aux portes de Targovistes aux brasiers de Magdebourg, toujours il avait répondu présent, attendant son heure, et enfin elle lui tendait les bras. La gloire, le triomphe, le sang, la douleur, il s'en ferait une armure et dirigerait l'humanité d'une main d'acier.
C'est déjà un plaisir assez grand que celui de faire la guerre ; on est dans le bruit, dans la fumée, dans le mouvement ; et puis quand on s'est fait un nom […], quand on a fait Fortune, on est sûr que sa femme et ses enfants ne manqueront de rien ; tout cela est assez. Moi je puis mourir demain .