On a vite fait de coller une étiquette sur le dos d’un groupe. Etiquette dont il est quasiment toujours impossible de se débarrasser définitivement.
Korn s’est libéré des chaines du Néo métal avec The
Path Of Totality.
In Flames s’est plus ou moins affranchi de ses racines Death mélodique avec Sounds Of A Playground Fading.
Opeth nous gratifie régulièrement d’albums calmes, sans distorsions, ni hurlements, citons par exemple
Heritage. Ces choix artistiques sont plus ou moins bien accueillis par la critique, les albums "bâtards" sont souvent brûlés, frappés d’anathème, et que la honte soit sur vous, artistes, créateurs, à toujours vouloir évoluer, expérimenter, essayer des sons et des genres nouveaux.
Pour sa part,
Bring Me The Horizon tente de se "libérer" du
Deathcore, qui caractérisait à merveille son premier album,
Count Your Blessings. Album qui à mon avis fait désormais référence, aux côtés des autres monstres du genre que sont, selon moi,
Suicide Silence et
Sleepwalking. Ainsi, depuis 2006, et le percutant
Suicide Season, le quartet du Yorkshire a entamé un long processus, qu’on pourrait qualifier, soyons fous, de quête identitaire musicale. Ca ne signifie rien, mais ça veut pourtant tout dire. Oli Sykes a abandonné depuis longtemps les beuglements deathcore de
Count Your Blessings, et les compositions de
Bring Me The Horizon ont régulièrement essayé d’introduire en leur sein des genres nouveaux : « No
Need For Introduction… », sur
Suicide Season, expérimentait, prudemment, des atmosphères Jazzy. Le Cuts Up de ce même opus nous a d’ailleurs démontré une nouvelle fois la place que tiennent le Dubstep, et l’Electronica aux côtés du
Metal. Ajoutez à cela une collaboration avec Lights, chanteuse canadienne d'Electropop sur quelques titres de « There Is A
Hell, Believe Me I’ve Seen It, There Is A
Heaven, Let’s Keep A Secret », sorti en 2011, et voilà, grosso modo les grandes lignes de l’expérience de
Bring Me The Horizon hors des sentiers battus du
Deathcore et du Metalcore.
Du moins jusqu’à ce que
Sempiternal sorte dans les bacs, et c’est le cas dans l’hexagone depuis le 13 avril 2013. On l’attendait avec impatience ce nouveau Bring me The
Horizon. On trépignait, de voir nos amis britanniques prendre leur pied avec cet album, le plaçant d’entrée n°3 des charts Rock/
Metal, devant Mr. David Bowie, s’il vous plait.
Sempiternal dispose selon moi de 2 principaux arguments de vente. Tout d’abord, en tant que successeur de "There Is A
Hell…", il constitue un défi artistique majeur pour le groupe. Comment maintenir la barre aussi haut après un album qui se voulait déjà si abouti dans ses compositions, intégrant des rythmiques syncopées à couper le souffle? Ensuite, après une campagne publicitaire maîtrisée de bout en bout par le groupe, la sortie de
Sempiternal était attendue au tournant par une armée de fans galvanisés.
Des premiers trailers à la mise en écoute intégrale pendant une toute petite semaine, en passant par la diffusion en grande pompe de
Shadow Moses sur la BBC et l’appel aux tweets pour dévoiler Antivist,
Bring Me The Horizon n’a pas fait les choses à moitié.
Moi qui me suis précipité pour acheter
Sempiternal le jour de sa sortie, voilà plusieurs mois que je l’écoute en boucle, ne pouvant que me rendre à l’évidence :
Black Sabbath et
Avenged Sevenfold auront du mal à gagner le titre d’album de l’année 2013, face à ce somptueux
Sempiternal.
Musicalement,
Bring Me The Horizon a trouvé sa voie : l’influence de Jordan
Fish, claviériste officiel du groupe depuis le début de l’année, se fait puissamment sentir, et ce dès le premier titre,
Can You Feel My Heart. Grosse surprise que cette chanson. Un entêtant thème martelé au clavier, reléguant judicieusement des éléments fondamentaux tels que les cordes ou les percus au second plan. Oli Sykes nous montre quant à lui, l’étendue de son talent : une voix à mi-chemin entre le scream Metalcore et un chant clair, mélodique et fluide. Il est même très surprenant, et les compositions du groupe ne sont désormais plus cantonnées par ce chant qu’on a pu trouver peu varié à la longue sur les opus précédents, appartenance
Deathcore oblige. Les vociférations caractéristiques de
Suicide Season sont désormais loin derrière, et le chant clair fait son apparition, apportant une touche d’émotion globale à
Sempiternal, citons le titre
And The Snakes Start To Sing. De gros progrès donc, de la part d’
Oliver Sykes.
Penchons-nous désormais sur le véritable rôle de Jordan
Fish sur cet album, sur lequel le claviériste occupe une place prédominante, notamment dans le processus de composition, apportant une dimension progressive à
Sempiternal. Lui et ses synthés rythment ces chansons comme le climat les moissons : autant les parties lead sont mélodiques et envoûtantes (
Can You Feel My Heart) ; autant la position ambiante, presque atmosphérique qu’adoptent les claviers sont belles, planantes. Citons
Empire (Let
Them Sing), ou encore Hospital For Souls, titre tranchant d’une façon manichéenne avec les guitares et le chant d’Oli, qui malgré une évolution significative sait rester agressif.
Mais rassurez-vous,
Bring Me The Horizon c’est toujours du
Metal, et le collectif de Sheffield nous le démontre, sur des titres puissants tels que House Of Wolves ou Antivist. Les riffs sont simples, la production parfaite, et les breakdowns ne sont pas trop alambiqués. Notez que la rythmique des compositions est beaucoup moins syncopée que sur
Suicide Season ou There Is A
Hell…, démontrant ainsi le principal progrès accompli par Oli Sykes, Matt Nichols, Lee Malia, Matt Kean et Jordan
Fish au cours de ces 4 ans : mettre son talent au service d’un génie collectif, et non l’inverse. Faire dans la mesure d’abord, pour que naisse le chef d’œuvre démesuré ensuite. Citons Hospital For Souls par exemple : un final en apothéose, où la rythmique écrasante, portée par des accords planants, nous emporte inexorablement vers les sommets. Ce titre à lui seul se veut être la quintessence de la musique de BMTH en 2013 : une alchimie parfaitement équilibrée entre les différentes composantes musicales: les claviers d’un côté, guitare, basse, batterie, chant de l’autre.
Et cet équilibre se traduit dans l’ambiguïté sur laquelle repose l’intégralité de
Sempiternal : d’un côté l’agressivité du
Deathcore, du Mathcore, de l’autre la maturité apportée par des influences nouvelles : la Pop sur
Can You Feel My Heart, le Rock sur Seen It All Before. Est-il indécent de nier l’influence du Punk sur des titres tels qu’Antivist ou Go To
Hell For
Heaven’s Sake, qui malgré son riff simpliste dégage une impressionnante sensation de mélodie et de fluidité. Un futur grand moment live, je vous le garantis.
Car c’est bien ce qui fait la force de
Bring Me The Horizon sur
Sempiternal. La mélodie, inlassable, incassable, imparable. En effet là où les précédentes productions du groupe pêchaient par trop de rigidité,
Sempiternal se veut d’une infinie souplesse, alternant tout d’abord agressivité et mélancolie (Citons sans hésiter
Sleepwalking, l’une des meilleures chansons de d’album), puis dans une analyse plus poussée, atmosphères planantes au clavier et riffs implacables et répétitifs, mais en aucun cas lassants. Le contraste est saisissant sur
Shadow Moses, par exemple. Comme je vous le disais plus haut,
Sempiternal est basé sur la plus parfaite des ambiguïtés, et c’est le maigre filin qui maintient ces composantes musicale entre elles qui fait de cet album une petite merveille.
Petit aparté sur le titre
Crooked Youngs : Ne vous rappelle-t-il pas d’une façon cruelle
It Never Ends, tête de proue de l’opus précédent, avec ses violons dantesques et son rythme effréné ?
Artistiquement cet album est donc une petite merveille. Et, à mon sens, on ne trouvera pas mieux dans les charts cette année, tant ce
Sempiternal est une œuvre aboutie, où
Bring Me The Horizon se démarque de ses originelles influences
Deathcore, pour explorer, avec succès pour le moment, de nouveaux horizons musicaux et artistiques.
18/20.
Je suis plutot de ton avis, j'ai toujours aimé BMTH quoi qu'on en dise. Je pense pas que ça changera grand chose vis a vis des fans et des détracteurs (ah fichtre les jugements trop faciles), mais bon au pire on s'en tape c'est pas important.
Y'a un peu de tout dans cet album, le nouveau virage pris par le groupe me plait, certain titres m'ont déja marqué (les meme que tu mentionnes un peu plus haut). La chanson Sleepwalking me colle un peu trop au cerveau ^^.
On sentait que le petit pere oli voulait chanter (non sans mal a ce que je sais), le petit oli voulait pu' du guitariste autant beau gosse que lui, le petit oli s'est fait casser la gueule a salt lake city, mais le petit oli est toujours la.
Quelque bon titres et du remplissage moyen. Un petit 12
Moi aussi j'ai bien aimé ce changement musical mais j'ai essayé de paraître le plus neutre sur la chronique. J'ai pas réussi à noter l'album car BMTH est un groupe que j'aime et que séparer l'aspect purement objectif et le plaisir ressenti pendant l'écoute c'est quasi-impossible pour moi.
L'album le plus surestimé de l'histoire du metalcore. Voilà un album qui propose quelque chose de légèrement différent par rapport à la scène de l'époque, à l'exécution approximatif, et ça crie au génie de partout. Je n'ai rien compris. La prestation vacole d'Oliver Sykes est affreuse. Il nous prouve clairement avec cet album, qu'il n'est ni plus ni moins qu'un chanteur raté. Les parties chantées sonnnent tellement fausses qu'on dirait qu'il les a enregistrés dans sa douche, heureusement que la majorité de l'album est hurlé, mais même comme ça ce n'est pas si mieux, ses hurlements sonnent faibles, fatigués et mal maîtrisés. En faites ce sont les musiciens qui arrivent à rendre l'album intéressant et écoutable, malheureusement avec une production mal équilibré qui met trop en avant l'aspect atmosphérique et mélodique, au point de ne pas faire ressentir les parties bourrins, qui du coup ne servent plus à rien.
Je ne vais pas cacher que j'ai vraiment pris plaisir avec certaines chansons (Empire Let Them Sing en tête) qui proposent des idées intéressantes, mais l'ensemble est trop mou, avec trop de remplissage sans intérêt, mais surtout avec trop de terribles vocaux pour en faire quelque chose d'intéressant. En faites, je ne cesse de me dire que cet album enregistré avec un véritable vocaliste metalcore, et une production mieux équilibré aurait pu donner un truc de fou. Ce n'est guère le cas, et le grand succès de cet album restera pour moi un grand mystère inexplicacle. En faites c'est le succès d'un groupe pareil qui ne cessera de me questionner encore aujourd'hui, sans jamais trouver de réponse. L'industrie musicale est étrange.
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